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OUVERTURE DES FRONTIERES TERRESTRES ET FERROVIERES AU BURKINA


Les frontières terrestres et ferroviaires du Burkina Faso sont ouvertes, officiellement, depuis le  1er décembre 2021, à zéro heure. Le décret interministériel portant ouverture des frontières a fixé les conditions d’accès et de sortie du territoire national burkinabè. L’article 2 dudit décret stipule que « l’accès ou la sortie du territoire burkinabè par voie terrestre ou ferroviaire, est subordonné au respect de l’une des conditions suivantes pour toute personne d’au moins onze (11) ans : la présentation d’une carte de vaccination (passe-vaccinal) contre la Covid-19 datant d’au moins quatorze (14) jours et attestant de l’achèvement du schéma vaccinal complet d’un vaccin ; la présentation d’un document attestant d’un test PCR ou d’un test TDR négatif datant d’au plus cinq (5) jours à compter de la date du prélèvement ». Et ce n’est pas tout. Car, selon l’article 3 du même décret, « le test Covid-19 doit avoir été réalisé par une structure sanitaire agréée du pays de départ. Les voyageurs doivent, en outre, se soumettre aux conditions d’entrée édictées par le pays d’accueil ». « La liste des tests rapides ainsi que les conditions de paiement des frais desdits tests seront arrêtés par voie réglementaire », précise l’article 4. Cette réouverture officielle des frontières terrestres et ferroviaires du Burkina Faso constitue un ouf de soulagement pour une population qui la réclamait à cor et à cri. Faut-il le rappeler, cette fermeture des frontières pour endiguer la propagation de la Covid-19, avait suscité la crainte-qui s’est révélée fondée- d’une flambée des prix des denrées alimentaires et de possibles pénuries de produits de grande consommation que notre pays est contraint d’importer massivement pour subvenir aux besoins de sa population.

 

 

L’UEMOA  doit se sentir interpellée

 

 

 

A cela, il faut ajouter l’impossible mobilité des populations des différents pays de la sous-région. Par ailleurs, cette interdiction de mobilité des personnes entre deux pays, en l’occurrence entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire, a favorisé le développement de réseaux criminels qui imposent leur diktat et leurs prédations à des citoyens parfois déterminés, même au péril de leur vie, à braver toutes les souffrances pour aller d’un pays à un autre. A titre d’exemple, entre la ville ivoirienne de Bouaké et la frontière burkinabè, l’on compte au moins  24 barrages de contrôles. Contrôles au cours desquels, selon les témoignages, les passagers sont rançonnés selon leur identité. Ce sont là, les pratiques d’une période que l’on pensait révolue, en totale violation de la libre circulation des personnes et des biens.  Les conséquences désastreuses de cette fermeture des frontières et la pression populaire réclamant leur réouverture, avaient amené les autorités burkinabè et ivoiriennes, lors de la 9e Conférence au Sommet du Traité d’amitié et de coopération (TAC), le 27 juillet 2021 à Abidjan, à décider de la réouverture de leurs frontières terrestres, en vue de faciliter la libre circulation des personnes et des biens dans le strict respect des mesures sécuritaires et sanitaires. A l’époque, les autorités avaient même estimé que la réouverture des frontières, allait intervenir pour des raisons humanitaires. Alors, que se passe-t-il ? Comment expliquer que la Côte d’Ivoire traîne jusque-là toujours le pas ? Les chefs d’Etat ivoirien et burkinabè se sont-ils parlé au téléphone, à ce propos ? Au-delà de la Côte d’Ivoire et du Burkina Faso, c’est l’ensemble des pays de l’UEMOA et de la sous-région, qui réclamaient et réclament encore cette ouverture des frontières. Malheureusement, les politiques au niveau des Etats de la sous-région, malgré leurs déclarations d’intention, n’arrivent manifestement pas à s’accorder sur la démarche à suivre quant à cette gestion de leurs frontières, faisant ainsi la part belle aux trafiquants en tous genres. Alors, certains Etats, au regard du contexte auquel ils sont confrontés à l’interne, sont contraints d’avancer solitaires. La question est de savoir si les autorités ivoiriennes traduiront en actes, bientôt, leurs promesses d’ouvrir les « barrières » du côté de la Lagune Ebrié quand on sait l’importance des relations entre les deux pays, en termes d’intégration socio-économique. Et en parlant de l’UEMOA, celle-ci doit se sentir concernée et interpellée face à la fermeture de ces frontières qui viole littéralement le principe de la libre circulation des personnes et des biens. Certes, les choses sont aujourd’hui rendues plus difficiles par le contexte actuel de crise sanitaire mondiale. Mais si des dispositions sont prises en amont à l’image des conditions  d’accès et de sortie du territoire national burkinabè, il ne devrait pas y avoir de raisons pour que la souffrance des populations avides de mobilité transfrontalière, perdure au grand bonheur de rançonneurs de tout poil.

 

Michel NANA


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