HomeA la unePAIX ET PROSPERITE DES PAYS AFRICAINS : Le sommet de Dakar prône l’altruisme

PAIX ET PROSPERITE DES PAYS AFRICAINS : Le sommet de Dakar prône l’altruisme


La Fédération pour la paix universelle (FPU) a organisé un sommet africain les 18 et 19 janvier 2018 à Dakar au Sénégal, sur le thème : « Nouvelle Afrique : interdépendance, prospérité mutuelle et valeurs universelles ».  Ce sommet auquel  1 400 participants de plus de 70 pays du monde ont pris part, a réuni presque toutes les sensibilités actives du monde, à savoir des anciens chefs d’Etat, des membres de gouvernements et de parlements, des chercheurs et universitaires, des responsables d’OSC, des leaders religieux (musulmans et chrétiens) et coutumiers, des femmes et jeunes de tous bords…, pour  tracer les jalons d’une paix durable dans une nouvelle Afrique et dans le monde. A l’occasion, ont été lancées l’Association internationale des parlementaires pour la paix en Afrique (AIPP), l’Association interreligieuse pour la paix et le développement (AIPD) et l’Association internationale des chefs coutumiers pour la paix et la prospérité (AICPP). La délégation burkinabè à ce sommet de Dakar était composée de parlementaires des différents groupes, du Révérend pasteur Dr Joseph Dayamba, du chef coutumier de Tenkodogo et deux de ses ministres, des membres de la FPU-Burkina.

« Rien n’est plus dommageable à la paix que le silence, la passivité, l’ignorance et la résignation », « l’idéal de paix exige plus que l’absence de guerre ». Telle est la conviction du président sénégalais Macky Sall, lors de son discours d’ouverture des travaux du Sommet africain 2018 de la FPU à Dakar le 18 janvier 2018, dans l’Auditorium du Centre international de conférence Abdou Diouf (CICAD) de Dakar. Son souhait, c’est que le Sommet de la FPU de Dakar contribue au message attribué au Pape Paul VI, selon lequel « le développement est le nouveau nom de l’Afrique ». Juifs, chrétiens, musulmans et adeptes d’autres religions, ce qui nous unit, c’est d’abord notre humanité,  au-delà de toute forme d’identification religieuse, philosophique, culturelle ou idéologique, a-t-il indiqué pour justifier la tenue du Sommet de Dakar. La symbiose qui a toujours existé entre populations de religions différentes dans bien des pays du monde, comme le Sénégal, est mise à mal aujourd’hui non seulement par la guerre, mais aussi par les turpitudes du fanatisme, de l’ignorance et de l’arrogance, a-t-il déploré  devant le millier de participants au Sommet alors que, a-t-il ajouté, « à la lumière de leur histoire, nous savons que  les peuples des religions révélées ont toujours pu cultiver la coexistence pacifique entre eux ». « Aux premières heures de l’islam, c’est auprès d’un roi chrétien d’Abyssinie (actuelle Ethiopie), qu’une partie de la petite communauté musulmane a trouvé refuge en fuyant les persécutions », alors qu’« à Médine, le prophète de l’islam a permis à une délégation de chrétiens de prier dans sa propre mosquée »,  a-t-il cité en exemples. Pour Macky Sall, toutes les cultures et toutes les civilisations sont d’égale dignité. C’est pourquoi  il s’est réjoui que le Sommet de la FPU mette en lumière l’émergence d’une nouvelle Afrique, à l’aune de l’interdépendance, de la prospérité inclusive et des valeurs universelles. « Une Afrique qui veut sa place dans un Conseil de sécurité des Nations unies réformé, dont la composition plus juste et plus équitable reflète les réalités du monde contemporain », à son avis, puisque, explique-t-il, « on ne peut pas gouverner le monde de 2018 à partir des règles de 1945 » . Citant les richesses du sous-sol africain, le président Macky Sall a estimé que le continent noir n’est pas pauvre, mais pénalisé par les règles inégales d’échanges, raison pour laquelle il réclame une gouvernance économique mondiale plus inclusive, une lutte plus soutenue contre les fléaux financiers illégaux et une juste rémunération de ses matières premières, notamment dans les domaines des mines et  du pétrole. Mais l’Afrique réussira le pari de l’émergence, à son avis, avec une jeunesse bien formée, avertie des réalités de son temps, des ressources humaines de qualité, une lutte sans merci contre la corruption…

Des thématiques  de développement débattues en séances concomitantes, avec des initiatives

La contribution des leaders religieux, celle des coutumiers ainsi que le rôle des parlementaires dans la promotion de la paix et du développement, ont fait l’objet de séances de réflexion entre différentes catégories de participants au CICAD, à Dakar. Il en a été de même pour la problématique de l’éducation des jeunes  et de l’édification de la Nation, du rôle des femmes  en matière de lutte pour la paix et le développement durable, du renforcement de la famille et du mariage. Pour créer une synergie efficace d’actions parlementaires, il est ressorti la nécessité, pour les parlementaires africains, de mettre en place une association à l’échelle du continent pour, entre autres, prévenir la paix. Une voix a appelé à la fin du « piège des députés de la majorité » qui soutiennent aveuglément, les gouvernements africains, même quand l’opposition politique a des options justes et claires. Une autre suggestion d’un parlementaire, c’est que les processus électoraux, la loi électorale, relèvent plus des consensus que de la volonté de la majorité. Le déclin du mariage est perçu comme un suicide culturel, selon Dr Robert Kittel de la FPU et bien d’autres participants pour qui cela traduit « l’échec à apprendre les responsabilités aux jeunes », alors que « la responsabilité s’apprend avant tout auprès des parents ». La famille est au cœur de l’éducation des jeunes, selon Awa Gueye, 2e vice-présidente de l’Assemblée nationale sénégalaise, qui a estimé que le système éducatif  vient en appui à l’éducation familiale donnée aux enfants. Le programme de formation de la personnalité de la FPU  propose une éducation morale structurée pour les jeunes de 6 à 18 ans. Pour Dr Oumar Ndongo de l’Université Cheick Anta Diop de Dakar, l’altruisme est la voie de la solidarité qui s’est dégagée entre deux insatisfactions, celle du capitalisme et du communisme. Un altruisme que chaque participant au Sommet devrait incarner après Dakar, selon Cheick Mansour Diop, chef religieux sénégalais de la confrérie mouride, président du comité d’organisation du Sommet de Dakar 2018 de la FPU. « L’engagement des leaders, à tous les niveaux de la vie, pour la solidarité, la paix, permet de transformer la pauvreté en prospérité. Une prospérité qui doit être mutuelle,  entre les pays d’Afrique », selon le Sommet de Dakar. « Une prospérité commune, les conflits naissant des inégalités », selon l’ancien président du Niger, Mahamane Ousmane, qui a fait le déplacement de Dakar. Et l’ancien président malien, Dioncounda Traoré, de renchérir, en confiant à l’Auditorium, devant les participants,  que « l’Occident avec ses biens, richesses, ne saurait vivre tranquille quand les autres pays sont accablés par les maux », d’où la solidarité entre les nations du monde, à son avis. La crise mondiale et l’explosion du terrorisme sont sources d’instabilité ; ce qui ne favorise pas la coprospérité des pays, selon le président de l’Assemblée nationale malgache,  Jean Max Rakotomamonjy.

De la déclaration de Dakar au terme des travaux du sommet

Le Sommet de la FPU de Dakar a accouché d’une déclaration dite « déclaration de paix de Dakar » à travers laquelle les participants ont pris l’engagement d’être, chacun, un vecteur de paix en tout temps et en tout lieu, de pratiquer le respect mutuel, d’œuvrer à l’harmonie et à la coopération dans la société et à travailler à l’unité de la famille, dans un esprit divin. Un protocole d’entente  signé des mêmes participants,  indique que « les systèmes de transport régionaux de haute qualité sont une composante nécessaire de la consolidation de la paix et du développement durable. Les autoroutes permettent de se déplacer facilement d’un endroit à l’autre, d’un pays à l’autre, d’une région à l’autre, et facilitent le flux des biens et des services ». A cet effet, la FPU, en partenariat avec la Fondation internationale pour la Route de la paix, se consacre à promouvoir le développement d’un réseau routier international qui vise non seulement à encourager les échanges et le commerce, mais aussi à favoriser la prospérité mutuelle, selon le mémorandum.  Ainsi, les participants au Sommet africain de Dakar ont proposé une coopération pour explorer des domaines d’intérêt et de préoccupation communs de collaboration. Une collaboration qui inclut, selon le mémorandum, la création d’un Conseil consultatif africain et un comité d’experts pour le projet de Route de la paix ; le développement, des partenariats entre gouvernements, entre société civile et secteur privé pour développer un réseau routier transafricain, la paix et le développement et la collaboration avec des organisations engagées dans le développement d’un réseau routier transafricain y compris le Nouveau partenariat pour le développement (NEPAD), la Commission économique pour l’Afrique des Nations unies (UNECA), la Banque africaine de développement et d’autres institutions.

Le Sommet, vu par la délégation burkinabè

Le Parlement burkinabè avait déjà mis en place une section AIPP (Afrique de l’Ouest) après la rencontre de Séoul en Corée en 2016, à entendre le député Léonce Sanon. Il sera donc question, après le rapport des parlementaires burkinabè au Sommet à l’Assemblée, de travailler dans le sens de l’initiative du sommet de la FPU de Dakar pour la création d’une section AIPP, à l’échelle du continent. Pour le député Salimata Konaté,  la particularité du sommet de Dakar réside dans les origines, les profils ou les professions diversifiés des participants aux compétences variées, venus de 70 pays. En leur parlant de l’interdépendance et des valeurs universelles, cela a permis à chacun d’eux de comprendre que pour arriver à la paix, chacun doit compter avec ces différentes personnes rencontrées et comprendre qu’il faut vivre en tenant compte des autres, de partager avec eux, et de savoir que nul ne peut réussir qu’en se ressourçant aux valeurs traditionnelles qui se recoupent, selon elle. Les parlementaires auront eu à un tel sommet, des éléments de plaidoyer, et agiront davantage pour conscientiser, sensibiliser les acteurs de la vie publique sur la gestion du bien commun, la meilleure répartition des richesses du pays au profit des populations. L’impact du Sommet s’annonce profitable pour les pays africains, à son avis, en ce sens que les initiatives  que celui-ci a prises, vont contribuer à l’esprit du partage et de la solidarité entre pays africains. Pour son collègue Goulla Odagou, dans la perspective d’une nouvelle Afrique, la prospérité doit être partagée avec une promotion des valeurs universelles, ce que le sommet de Dakar  a souligné, à son avis, et qui donne satisfaction, au regard des inégalités et des injustices que l’équité dans le partage des ressources mondiales pourrait corriger. Le message à porter partout, à son avis, c’est que chacun doit avoir à l’idée que la paix commence par soi-même. Quid de l’impact du Sommet ? Le Sommet n’aura pas pris de résolutions qui ciblent des conflits précis, mais a ouvert beaucoup d’horizons, sur la base des réflexions menées à l’occasion par un millier d’acteurs. « L’ignorance amène la haine qui conduit à la violence », a-t-il indiqué, et en cela, l’apport du sommet reste inestimable en termes de partage de connaissances et d’expériences, selon lui. Un avis partagé par le Révérend pasteur, Dr Joseph Dayamba, pour qui l’absence de paix est signe de guerre et partout, on doit lutter contre le mal pour établir un équilibre en soi-même, dans les familles, dans les pays. Le Secrétaire général de la FPU-Burkina, Danwèrè Sou, lui, a estimé que le Sommet aura amené la multitude de participants à réfléchir sur les causes et les solutions des maux entre individus, au sein des familles, entre familles ou communautés, bref, dans les pays ou entre les pays. Une Afrique qui brille, et comment semer les graines d’une telle ambition ?  Tel est, selon lui, ce que veut atteindre le Sommet. Pour y arriver, à son avis, il faut comprendre les racines de « l’Afrique sombre », interpeller les uns et les autres sur l’Homme, le développement humain.

Quel impact concret après Dakar ?

Pour bien des participants, l’originalité du Sommet africain de Dakar consacré à « l’interdépendance, la prospérité mutuelle et les valeurs universelles dans une nouvelle Afrique », réside dans son caractère « humain, apolitique,  la diversité de ses participants issus de toutes les couches socioprofessionnelles, la prise en compte des religieux et des coutumiers ». Il a eu le mérite « d’une approche globale  et continentale de la prévention de la paix, au-delà de ce qui était fait localement dans les pays », à les entendre. Pour le président de l’Assemblée nationale sénégalaise, Moustapha Niasse, le sommet 2018 de Dakar est un rendez-vous avec l’histoire pour relever ensemble les défis de la prospérité mutuelle des pays africains et du développement.

Lonsani SANOGO, de retour de Dakar


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