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PÂQUES 2020


Un mois après la déclaration des deux premiers cas de Covid-19 au Burkina Faso, le bilan affiche, au 10 avril, 484 cas confirmés d’infections dont 155 guérisons, 27 décès et 302 cas en traitement. Entre-temps, pour freiner la propagation de la maladie, le gouvernement a pris une batterie de mesures allant de la suspension des événements d’envergure à la mise en quarantaine de toutes les villes ayant enregistré au moins un cas de Covid-19, en passant, entre autres, par l’instauration d’un couvre-feu, la fermeture des établissements scolaires et universitaires, des frontières terrestres, aériennes et ferroviaires, des marchés, restaurants, débits de boissons, salles de cinémas, de jeux et de spectacles, la suspension des transports en commun, etc. C’est dans ce contexte d’alerte maximale face à la maladie et de confinement sur fond de lieux de culte fermés, que les fidèles chrétiens ont célébré la fête de Pâques, le 12 avril 2020. Pour une expérience inédite, c’en est une.

A l’épreuve du Covid-19, Pâques 2020 a été des plus moroses, d’autant que les célébrations se sont faites sans les fidèles

Car, en temps normal, dans la ferveur de leur foi, les fidèles chrétiens auraient pris d’assaut les églises et les temples. L’ambiance constatée au niveau des débits de boissons, pour une fête qui se veut aussi celle du partage avec les frères d’autres religions, aurait été autre. Mais à l’épreuve du Covid-19, Pâques 2020 a été des plus moroses, d’autant que les célébrations se sont faites sans les fidèles, contraints qu’ils étaient de rester à domicile non seulement en raison du couvre-feu, mais aussi des mesures d’interdiction de rassemblements prises par les autorités. Une expérience inédite que l’Eglise du Burkina, sauf erreur ou omission, n’a jamais connue. Qu’à cela ne tienne. Sans être physiquement présents dans la maison de Dieu, les fidèles chrétiens ont été invités à vivre de chez eux, les célébrations pascales par le biais de la radio et de la télévision voire des réseaux sociaux. Une initiative qui a permis certes de rester en communion dans la prière, mais qui semble avoir eu un petit goût d’inachevé pour ceux qui ont du mal à trouver leurs repères dans une messe sans eucharistie. C’est dire si en cette Pâques sur fond de Covid-19, c’est la foi même des fidèles qui a été quelque part éprouvée. D’autant que contrairement aux années précédentes, on n’a pas senti cette préparation collective qui va généralement du mercredi des cendres au dimanche pascal en passant par les différents chemins de croix, le dimanche des rameaux et le triduum pascal. Autant dire que ça été une préparation individuelle pour accueillir la résurrection du Christ, qui aura ébranlé bien des chrétiens dans leur préparation spirituelle en les amenant à baisser de régime parce que ne ressentant pas la même ferveur habituelle. Au-delà, c’est une situation qui n’a pas manqué non plus d’impact sur le goût de la fête en raison du report des sacrements que s’apprêtaient à recevoir certains fidèles obligés de prendre leur mal en patience, en attendant la fin de l’épidémie.

Pour nous, Africains, habitués à passer nos fêtes dans la convivialité, qu’est-ce que Pâques si on ne peut pas aller à l’église, rendre visite à des proches, recevoir des invités et partager un repas dans la gaieté ?

C’est dire si au-delà de la crise sanitaire, cette Pâques qui s’est présentée comme une véritable épreuve pour le peuple de Dieu, a été aussi un appel à l’introspection pour les fidèles chrétiens. D’un certain point de vue, ce n’est pas non plus mal car, dans la vie, il faut parfois savoir marquer une halte. Mais pour nous, Africains, habitués à passer nos fêtes dans la convivialité, qu’est-ce que Pâques si on ne peut pas aller à l’église, rendre visite à des proches, recevoir des invités et partager un repas dans la gaieté ? C’est peu dire que l’ambiance dans les églises et les temples, a manqué aux fidèles chrétiens tout comme ces derniers ont manqué aux serviteurs de Dieu, c’est-à-dire les pasteurs et les prêtres célébrants. Vivement donc que ce satané virus qui n’est pas loin de remettre en cause notre vivre-ensemble, soit vaincu le plus rapidement possible pour que la vie reprenne son cours normal. Car, rien ne saurait remplacer la chaleur des relations humaines, surtout en Afrique où la célébration d’une fête religieuse est une occasion de réjouissances qui vont largement au-delà du cercle restreint des fidèles de cette religion. Cela dit, après les chrétiens, ce sont les fidèles musulmans dont le jeûne du Ramadan se profile déjà à l’horizon, qui risquent d’être soumis à la même épreuve, pour cause de Covid-19. On espère que d’ici là, à défaut d’être totalement vaincue, la maladie sera fortement en recul dans notre pays et partout ailleurs dans le monde.

« Le Pays »

  


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