PDP/PS : Une assemblée générale qui a failli virer au drame

Le parti de feu Pr Joseph Ki-Zerbo, le Parti pour la démocratie et le progrès/ Parti socialiste (PDP/PS) s’enfonce davantage dans les guerres intestines. En effet, si la plupart des partis politiques burkinabè se sont déjà lancés dans la course à Kosyam, c’est tout le contraire au sein de ce parti, car l’Assemblée générale que le camp de Théophile Dentiogué a voulu tenir dans la matinée du 7 février 2015, aux Lauriers de la Cathédrale de Ouagadougou, a été contestée par le camp de Salfo Benboadi Lompo. Les deux camps qui réclament chacun la paternité de la direction du parti, ont failli en venir aux mains. Retour sur le déroulement du film.

Le parti des illustres disparus, Pr Joseph Ki Zerbo et Pr Ali Lankoandé, le Parti pour la démocratie et le progrès/Parti socialiste (PDP/PS) va mal. En effet, deux camps, qui réclament chacun la présidence du parti, ont du mal à fumer le calumet de la paix. Il s’agit du camp de Théophile Dentiogué, président dudit parti depuis la disparition du Pr Ali Lankondé et celui de Salfo Benboadi Lompo, investi comme président du parti par une fraction de militants depuis le 29 novembre 2014. Une fois de plus, l’Assemblée générale à laquelle Théophile Dentiogué avait convoqué la presse et quelques militants, dans une des salles de Lauriers de   la Cathédrale de Ouagadougou, le 7 février dernier, a été perturbée par le camp adverse. Les membres des deux camps ont failli en venir aux mains. Alors que l’AG venait de débuter à 11h15mn sans incident, Salfo Benboadi Lompo demanda la parole dans la foulée. Lorsque celle-ci lui fut accordée, il se présenta comme le « désormais président du parti », investi depuis le 29 novembre 2014, tout en mettant en cause l’autorité de Théophile Dentiogué dans le parti. « Théophile Dentiogué ici présent n’est plus président du parti. Je le suis depuis le congrès de notre parti tenu le 29 novembre 2014 », a-t-il lancé à l’assistance. Un comportement que Théophile Dentiogué et les siens n’ont pas, digéré. Voulant rétorquer, ils ont sommé Salfo Benboadi Lompo et les siens de quitter immédiatement la salle. Chose à laquelle ces derniers n’ont pas obtempéré.

« Le PDP/PS ne mérite pas cette situation »

Il s’en est suivi des piques. « Personne ne tiendra de rencontre ici. Nous ne voulons pas de président exclu ! Nous ne voulons pas de président corrompu, ni de militants cupides ! Vous êtes des corrompus ! », a lancé un sieur du camp de M. Lompo. Et une dame du camp adverse (camp de M. Dentiogué) de rétorquer : « Avez-vous des preuves de ce dont vous nous accusez ! Si tu m’accuses encore de voleur, je te donnerai une bonne raclée ! « Le PDP/PS ne mérite pas cette situation », a reconnu Salfo Benboadi Lompo. « J’ai voulu qu’il y ait une réunion qui puisse unir tous les militants, pour résoudre la crise. J’ai fait le tour pour contacter les militants, mais la fraction de Théophile Dentiogué n’entend pas cela. Nous avons posé plainte contre la présence de l’ex-président Théophile Dentiogué au Conseil national de la transition, car ce dernier a été exclu depuis le 29 novembre 2014. Il est suspendu conformément à l’article 69 des textes de notre parti qui stipulent que lorsqu’on suspend un militant, ce dernier ne doit plus exercer d’activités au nom du parti », a-t-il fait savoir. A la question de savoir ce qui a prévalu à la suspension de Théophile Dentiogué du parti, il dira ceci : « Nous ne sommes pas contre les camarades. Mais, le fait que les membres du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) se sont ingérés dans les affaires du parti en donnant de l’argent à des militants pour que le PDP/PS fusionne avec le MPP est, de notre point de vue, une corruption. Nous sommes contre cela. Cette méthode n’est pas socialiste et nous décrions cela ». A propos du récépissé dont ils se prévalent, a-t-il poursuivi, sur les 26 membres, ils n’ont que six. « Alors, ils ne peuvent pas tenir une réunion statutaire. Voilà pourquoi ils ont voulu se cacher encore une fois derrière une AG pour alerter la presse et nous sommes contre cela, car ce genre de comportement ne fait pas honneur au PDP/PS. Ce que nous proposons, c’est de créer un cadre de rencontre avec tous les militants, pour voir comment encore rassembler les morceaux qui restent. Sinon, je ne suis pas contre l’alliance mais je reste contre la fusion avec le MPP, parce qu’ils ont reçu de l’argent pour le faire. Les membres du MPP, doivent utiliser les méthodes socialistes dignes d’eux, au lieu de vouloir utiliser celles des « CDpistes » pour pouvoir avancer », a-t-il martelé. A l’en croire, le camp de Théophile Dentiogué a reconnu avoir  « bel et bien » pris de l’argent avec les membres du MPP, pour une alliance et non pour une fusion. « Mais pour nous, on ne doit pas aller prendre de l’argent avec un parti dont les éléments viennent du CDP et qui, d’ailleurs, ne sont pas très différents des membres du CDP, et vouloir nous amener dans ce lot», a-t-il indiqué. Répliquant aux accusations portées contre sa personne, Théophile Dentiogué fera savoir qu’il n’a jamais été question de la fusion du PDP/PS avec le MPP. « On n’a jamais souhaité faire fusion avec le MPP. Par contre, nous avons accepté d’aller en alliance avec ce parti et ce, avec des conditions bien définies », a-t-il dit. Selon ses propos, c’est le président du camp adverse qui a rédigé le Procès-verbal (PV) pour signifier aux autres militants du parti que le PDP/PS refuse d’aller en fusion avec le MPP. Lui qui est détenteur du récépissé du parti, a dit ne pas reconnaître le camp adverse. « Nous ne reconnaissons pas ce bureau fantôme car il n’a pas le récépissé. C’est nous qui l’avons », a-t-il dit. De tractations en tractations, d’injures à injures, M. Dentiogué, qui avait convoqué les militants pour mettre en place des stratégies pour les élections présidentielles et législatives à venir, a été obligé de reporter l’Assemblée générale à une date ultérieure.

Mamouda TANKOANO