HomeA la unePRESIDENTIELLE BENINOISE : Yayi Boni saura-t-il éviter le syndrome burkinabè?

PRESIDENTIELLE BENINOISE : Yayi Boni saura-t-il éviter le syndrome burkinabè?


Les Béninois se préparent à élire en 2016 un nouveau président à la tête de leur pays. Déjà, la liste des candidats potentiels à cette fonction suprême s’allonge au fil des jours, car tous espèrent que cette élection se tiendra à bonne date, et surtout, qu’elle confirmera le statut de modèle de démocratie dont jouit ce petit pays de l’Afrique de l’Ouest. Seulement, voilà; cet optimisme est loin d’être partagé par tous les Béninois, notamment la classe politique qui soupçonne le président sortant, le Docteur Boni Yayi, de vouloir tordre le cou à la loi fondamentale du pays, afin de solliciter un troisième mandat à la tête du pays. Il est bien vrai que Yayi Boni a, à maintes reprises, réaffirmé sa volonté de quitter le pouvoir à la fin de son deuxième mandat constitutionnel, mais cela n’a jamais convaincu ses compatriotes pour qui ce ne sont là que des propos de politiciens. Ce qui, en langage local, est synonyme de ruse et de mensonges.

En effet, quelle foi ces derniers peuvent-ils accorder aux propos de leur président, quand ils savent que dans le même temps, celui-ci traîne les pieds pour organiser de simples élections municipales? Et surtout que, comme au Burkina, il se trouve des citoyens béninois qui, soit disant “pour le bien du Benin”, l’appellent ouvertement à travers la presse, à modifier la Constitution afin de se présenter pour un troisième mandat?

Ces Béninois ont donc besoin d’actes et non de paroles pour se convaincre de la sincérité de cet homme qui, après tout, est un homme politique, donc capable de retourner sa veste à tout moment. Alors que la chute de Blaise Compaoré au Burkina fait encore des vagues jusque dans son entourage, on se demande si Yayi Boni aura assez de lucidité pour éviter le syndrome burkinabè.

S’il respecte sa parole, Yayi Boni maintiendra son pays dans le cercle restreint des nations démocratiques

Toutefois, on peut dire que cette fois-ci, le peuple béninois a de bonnes raisons de se rassurer, car au-delà des déclarations de bonne foi de leur président, la Cour constitutionnelle du pays vient de monter au créneau pour mettre en garde officiellement et de manière solennelle, le président sortant, contre toute velléité de modifier la Constitution en vue de s’offrir un troisième mandat. Les 7 sages de la Cour constitutionnelle béninoise lui ont rappelé que “la loi fondamentale du pays fixe le nombre de mandats présidentiels consécutifs à deux”, et qu’aucune modification pour obtenir un troisième mandat ne peut être acceptée. Cette prise de position que beaucoup de Béninois qualifiaient de courageuse est sans doute encouragée par le contexte politico-social du moment, pour ne pas parler des derniers événements du Burkina. Et Yayi Boni qui a offert l’hospitalité à certains caciques du régime déchu de Blaise Compaoré, est bien placé pour savoir que le peuple béninois, à l’instar de celui du Burkina, aspire à plus de liberté démocratique. Une liberté démocratique qui ne peut se construire sans une alternance à la tête du pays.

Dans la même lancée, le Président Yayi Boni a rappelé à ses compatriotes sa volonté de céder son fauteuil à un autre fils du Bénin, pour qu’il apporte lui aussi sa pierre à la construction du pays. S’il respecte sa parole, et tout porte à croire qu’il le fera, Yayi Boni maintiendra son pays dans le cercle restreint et respecté des nations démocratiques.

Cela dit, il faut souhaiter que cette sagesse, même si elle est inspirée par la peur de ce qui vient de se passer chez son voisin, touche d’autres chefs d’Etat africains, notamment le président Sassou du Congo qui lui, ne semble pas encore avoir compris que ce qui est arrivé à Ouaga peut aussi se produire à Brazza; les mêmes causes produisant toujours les mêmes effets, quel que soit le lieu.

Dieudonné MAKIENI


Comments
  • Gageons qu’il ne la touchera pas! sa constitution bien entendu.

    4 décembre 2014

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