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PRESIDENTIELLE EN EGYPTE : Que fera Al-Sissi de sa victoire?


Le président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, vient d’être réélu avec plus de 90% des voix selon les résultats partiels de la présidentielle du 26 mars dernier. Une victoire qui ne surprend personne, car le résultat du scrutin était connu d’avance. En effet, le maréchal Al-Sissi aura travaillé à écarter tous les candidats d’envergure. Conséquence, il s’est retrouvé face à un seul candidat qui, qui plus est, est son admirateur. Autant dire qu’il s’est fait accompagner par un candidat « motard ». Le seul adversaire qu’il aura eu, n’est autre que le taux de participation qui se situe autour de 40%. Si ce taux est aussi maigre que les attributs d’un rat, le coupable est loin d’être le peuple égyptien. Le seul et l’unique responsable est sans nul doute le président Al-Sissi lui-même. Obnubilé pour sa réélection, il a usé de tous les moyens y compris les plus abjects tels que des menaces à l’endroit d’adversaires de taille, pour les dissuader à prendre part au scrutin.  Or, comme le dit l’adage, « à vaincre sans péril , on triomphe sans gloire ». Al-Sissi aurait voulu se faire élire avec un score à la soviétique sans prendre le moindre risque qu’il ne s’y prendrait pas autrement. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’appel au boycott des Frères musulmans aura été d’une certaine manière entendu. C’est vrai que le spectre d’attentats qui a plané sur le scrutin du fait que certains groupes terroristes avaient promis de perturber les opérations de vote, a dû dissuader certains électeurs. Mais ce facteur ne saurait, à lui seul, justifier le faible taux de participation. En vérité, il est l’expression d’un ressentiment, car, on le sait, le panier de la ménagère égyptienne ne s’est pas amélioré, depuis l’arrivée au pouvoir du maréchal Al-Sissi. A cela, il faut ajouter la violation permanente des droits élémentaires de certains citoyens par le régime Al-Sissi.

Les Egyptiens ont besoin d’un nouveau contrat social

L’on pourrait d’ailleurs affirmer que les Frères musulmans ont surfé sur ces éléments pour démobiliser certains électeurs. Maintenant qu’il a empoigné son ‘’naam’’ (pouvoir) avec peu d’élégance, que fera Al-Sissi de sa victoire? Va-t-il changer son fusil d’épaule ou va-t-il continuer à diriger son pays d’une main de fer ? On attend de voir.  En tout état de cause, la légitimité de Al-Sissi vient de prendre un sérieux coup avec cette élection et il serait dangereux voire suicidaire de ne pas en tenir compte. Autrement dit, le Maréchal ne saurait duper plus longtemps son peuple. Comme on le dit, on ne peut pas « cacher le soleil avec ses doigts ». La majorité des Egyptiens commencent à douter, s’ils ne sont pas déjà convaincus, que le navire Al-Sissi ne peut pas les conduire à une vraie démocratie et à un quelconque bonheur espéré. Des aspirations pour lesquelles beaucoup d’Egyptiens ont pourtant accepté le sacrifice suprême en se révoltant contre le président Hosni Moubarak et dans une moindre mesure contre son successeur, Mohamed Morsi. Le désormais ancien nouveau président doit se rendre à l’évidence que les Egyptiens ont besoin d’un nouveau contrat social basé sur la démocratie, le respect des droits humains et la sécurité aussi bien alimentaire que physique. Et ignorer cela, pourrait lui être fatal. Sous d’autres cieux, le taux de participation enregistré à cette présidentielle interpellerait à coup sûr le président réélu à opérer des réformes courageuses. Mais sous nos tropiques, les dictateurs n’en ont cure. Tout ce qui leur importe, c’est comment étrenner le pouvoir et le garder le plus longtemps possible. Et Al-Sissi qui bénéficie de la complicité passive des Occidentaux, risque de jouer à l’autruche comme il l’a toujours fait. En tout cas, il y a fort à parier que sa préoccupation première risque de porter plus sur la traque des Frères musulmans que sur l’amélioration des conditions de vie des Egyptiens.

D.Z


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