PRESIDENTIELLE ET LEGISLATIVES 2015 : Le CDP demande le dégel de ses avoirs
Le Bureau politique national du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) a tenu le 24 octobre dernier à Ouagadougou, sa 56e session ordinaire. Session à laquelle la presse a été conviée à la cérémonie d’ouverture présidée par Moïse Nignan-Traoré, troisième vice-président du parti. Au terme de ces assises, le CDP a réaffirmé sa non-implication dans le récent coup d’Etat manqué et demandé la levée du gel de ses avoirs.
La salle de conférences du Conseil burkinabè des chargeurs (CBC) était pleine à craquer. Responsables locaux et nationaux du CDP avaient occupé presque toutes les places assisses, laissant quelques-unes mobilisées pour la circonstance. Dans la salle, l’ambiance était plutôt sereine : accolades pour les uns, rires aux éclats pour les autres. Annoncée pour 9h, la rencontre a pris un retard de 40 mn. Puis, Moïse Nignan-Traoré, 3e vice-président du parti, prend place au présidium et demande aux militants d’entonner l’hymne du parti.
C’est après que Moïse N. Traoré a commencé son discours qu’Achille Marie Tapsoba, 1er vice-président chargé de l’orientation politique et porte-parole du parti, fit son entrée dans la salle. Le discours est suspendu pour faire place à des ovations bien nourries, pour acclamer le premier vice-président du parti. « Ceci est une mise en scène », a murmuré un confrère. Moïse Traoré, reprenant son mot, a vivement condamné le coup d’Etat de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle. Concernant les évènements spécifiques de la journée du 16 septembre, le CDP, par la voix de son 3e vice-président, les a qualifiés de “tragédie”. Avec beaucoup d’émotions, Moïse Traoré a présenté ses condoléances, au nom du Bureau politique national (BPN), aux familles endeuillées et à l’ensemble du peuple burkinabè, avant de souhaiter prompt rétablissement aux blessés.
Pour ce qui est des Burkinabè qui ont subi des préjudices au cours de ce putsch, le CDP leur a souhaité du “courage”. En outre, le parti a eu une vive compassion à l’endroit des familles des gendarmes “tombés les armes à la main à Samorogouan”. L’ex-parti au pouvoir a par ailleurs invité le gouvernement à user de ses prérogatives républicaines pour mettre la main sur les coupables « afin qu’ils répondent de leur forfaiture et, de ce fait, rassurer les populations qui aspirent à une vie sereine ». Se prononçant sur l’implication du CDP dans le coup d’Etat de Gilbert Diendéré, Moise Traoré a été formel : « C’est une opportunité de réaffirmer au peuple burkinabè et à la communauté internationale que le CDP n’est ni de près ni de loin, mêlé à ce putsch. Nous sommes un parti socio-démocrate et républicain. Nous n’entreprendrons rien qui va à l’encontre de l’intérêt du peuple burkinabè ou qui remettra en cause la paix sociale et la quiétude dont jouit notre pays». Moïse N. Traoré n’a pas fait de révélations quand il a déclaré :« Notre parti va participer aux élections législatives. Du reste, nous avions entrepris de remplacer nos candidats pour les élections législatives, conformément aux dispositions du Code électoral le 16 septembre 2015 quand est survenu le coup d’Etat ». Le CDP a-t-il déjà son choix sur un candidat à soutenir à la présidentielle ?
Pour la levée du gel des avoirs du parti
A en croire Moïse N. Traoré, le parti a déjà engagé des concertations avec d’autres partis, tant au sujet de la présidentielle que des législatives pour aboutir à une “participation gagnante“. Par rapport à l’absence d’Eddie Komboïgo, le CDP prend acte et considère qu’ il « est actuellement indisponible ». Idem pour Léonce Koné. Quant au maire de Kindi, Thomas Bagemzanré, présent dans la salle, il a eu droit à des applaudissements. De lui, le 3e vice-président du CDP a déclaré : « Il a goûté aux douceurs et à la tendresse de la MACO ». « Malgré les multiples accusations et les différentes discriminations, le CDP est toujours présent, vit et prospère dans les cœurs des hommes et des femmes de ce pays », a estimé le speaker du jour avant d’ajouter que « le terme invalidation, ça nous connaît maintenant ».
Cette session dont les travaux se sont achevés dans la soirée, s’est prononcée sur le gel des avoirs du parti. Le CDP dit avoir engagé des procédures pour obtenir la levée de cette mesure d’autant plus que la subvention de l’Etat accordée aux partis politiques sera inévitablement virée dans leurs comptes respectifs.
« Nous avons eu l’opportunité d’une audience que nous avons demandée et obtenue de la part du Premier ministre afin d’aborder la question avec lui, pour voir éventuellement la possibilité de pouvoirs élargis par rapport à cette question, pour nous permettre de participer à ces élections parce qu’on ne peut pas aller aux élections sans moyens », a indiqué Achille Tapsoba. Ce dernier a, par ailleurs, expliqué que si la mesure des gels est maintenue, le CDP s’adaptera au contexte. « Un parti n’a pas que les moyens financiers comme bagage électoral et notre parti, s’il est obligé d’aller aux élections sans avoir une solution vraiment claire et favorable à cette question, déploiera d’autres moyens », a-t-il conclu.
Dans tous les cas, le parti s’engage à travailler pour un Burkina de paix et de cohésion sociale. En ce qui concerne la question spécifique des alliances, un comité se chargera de la question.
Hamed NABALMA