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PRESIDENTIELLE SUR FOND DE VIOLENCES EN RCA  


A la faveur de la présidentielle du 27 décembre dernier, la République centrafricaine a renoué avec les violences. En effet, fortement voulu par la communauté internationale qui a mis les moyens humains et financiers pour sa tenue, le scrutin du 27 décembre dernier a été troublé, par endroits, par des violences consécutives aux menaces qu’ont fait planer sur lui, une coalition de groupes armés, au moment où certaines voix militaient pour son report. Selon les premières estimations de l’institution en charge des élections, près de 800 bureaux de vote sur les 5400 que comptait le pays, n’ont pu ouvrir, empêchant de nombreux citoyens d’accomplir leur devoir civique. A l’origine de ces troubles, on peut désormais citer sans grand risque de se tromper, l’ex-président François Bozizé dont la candidature a été invalidée avec une douzaine d’autres, par la Cour constitutionnelle. En effet, après avoir fait mine d’accepter le verdict de l’instance électorale suprême, l’ex-chef d’Etat dont le passé de putschiste lui colle à la peau, après avoir appelé au boycott du scrutin, a fini par tomber le masque en apportant clairement son soutien aux groupes armés réunis au sein du CPC, décidés à entraver le processus électoral.

 

En s’affichant aux côtés de groupes armés en délicatesse avec la République, François Bozizé se pose en ennemi de la paix en RCA

 

Dès lors, il est difficile de ne pas voir sa main derrière ces violences, comme s’il cherchait à obtenir par les armes, le pouvoir perdu que l’invalidation de sa candidature l’empêchait de reconquérir par les urnes. Comment pouvait-il en être autrement quand l’intéressé qui a été chassé du pouvoir en 2013, n’a de cesse de montrer une volonté inébranlable de revenir aux affaires par tous les moyens ? D’ailleurs, on se demande encore par quels moyens cet ex-éxilé politique sur la tête de qui pèse un mandat d’arrêt international,  a pu signer son retour au pays afin de faire acte de candidature à cette présidentielle qui lui a finalement fermé les bras. Quoi qu’il en soit, en s’affichant clairement aux côtés de groupes armés en délicatesse avec la République, François Bozizé se pose en ennemi de la paix en RCA. Et ce serait une bonne raison de le voir se mettre à dos la communauté internationale dont les efforts de paix sont en train d’être sapés peu à peu dans le pays. Car, il y a des raisons de croire que l’ex-mentor des Anti Balaka est dans la logique du « moi ou le chaos », comme sa dernière prise de position et son alignement derrière les groupes armés à l’occasion de ce scrutin présidentiel, tendent à le montrer.  Cela dit, Bozizé a certes échoué à remettre en cause la tenue des élections, mais il reste toujours une épine dans le pied du pouvoir de Bangui. Et tout porte à croire que tant qu’il sera dans la nature et animé de la volonté irrépressible de revenir au pouvoir, les autorités de Bangui ne dormiront que d’un œil. Et ce, quel que soit celui qui sera couronné au terme de ce processus électoral tronqué, qui risque de poser un problème de légitimité au président élu. C’est pourquoi la seule option pour une paix durable dans l’ex-Oubangui Chari, est d’annihiler la capacité de nuisance de l’ex-putschiste, à défaut de le remettre à la Justice internationale.

 

La situation délétère en  RCA reste un abcès à crever à tout prix

 

Car, avec ce qu’il a donné de voir, tout porte à croire que tant que l’équation Bozizé ne sera pas résolue, la RCA ne connaîtra jamais la paix. Car, à 74 ans révolus et après 10 ans de pouvoir, son comportement continue d’autant plus d’intriguer que son tombeur et alter ego de rival, Michel Djotodia, fait, lui plutôt  profil bas depuis sa perte du pouvoir dans les conditions que l’on sait. La question est donc de savoir d’où François Bozizé tient cette addiction au pouvoir. Quoi qu’il en soit, il est devenu une menace permanente pour le pouvoir de Bangui. Et on attend de voir quelle sera l’attitude des groupes armés auxquels il a apporté son soutien, après la tenue de ces élections qui constitue une victoire d’étape pour les autorités de Bangui. Vont-ils rentrer dans les rangs, ou continuer à tailler des croupières au nouveau pouvoir? On attend de voir.  En tout état de cause, pour autant que la tenue de ce scrutin puisse permettre de sauver les apparences de la démocratie durement malmenée depuis des années, la situation délétère en  RCA reste un abcès à crever à tout prix. C’est dire si la situation actuelle interpelle au plus haut point le chef de l’Etat qui sera élu, et qui aura la lourde tâche de travailler à stabiliser le pays dans un  combat qui est loin d’être gagné d’avance. En tous les cas, la RCA ne peut pas continuer à subir des coups d’Etat à n’en pas finir. Elle doit pouvoir grandir de l’action de ses hommes politiques pour rompre définitivement avec le langage des armes.  Il y va de la survie de sa démocratie. 

 

« Le Pays »

 


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