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PRISE DE FONCTION DU HAUT REPRESENTANT DE L’UA AU TCHAD  


Le Haut-représentant de l’Union africaine (UA) pour la transition politique du Tchad, le Congolais Basile Ikouébé, est arrivé à Ndjamena le dimanche 25 juillet pour sa prise de fonction. Le diplomate congolais, âgé de 74 ans, n’est pas un inconnu au pays de Tombalbaye puisqu’il occupait déjà le poste d’envoyé spécial de l’UA. Il faut aussi rappeler que sa nomination au poste de Haut représentant, a été faite au pied levé. Car, elle intervient après la récusation, par le Conseil militaire de transition, du Sénégalais Ibrahima Fall comme Haut représentant pour la transition politique au Tchad. Contrairement donc à ce dernier, la tête du Congolais semble plaire aux dirigeants du Conseil militaire de transition. En tout cas, sa nomination a été validée par ces derniers. Le moins que l’on puisse dire donc, est que le bras de fer entre Ndjamena et l’UA, engagé suite à la nomination du Sénégalais Ibrahima Fall au poste de Haut représentant pour la transition politique au Tchad, n’est plus d’actualité. Il reste à se demander quelles sont les chances du Congolais Basile Ikouébé de réussir sa mission.

 

La mission du Congolais a de fortes chances de se terminer par un échec

 

Il faut rappeler que ce dernier devra travailler à une révision, dans les meilleurs délais, de la Charte de la transition pour y inclure notamment le principe de l’inéligibilité des membres de la junte militaire et le respect d’une transition de 18 mois maximum. Le Congolais devra aussi s’assurer que le dialogue en cours d’organisation, sera « inclusif, sincère et transparent ». La dernière mission du diplomate congolais est d’aider le pays à engager une réforme du secteur de la sécurité. Sans vouloir jouer les Cassandres, l’on peut prendre le risque de dire que la mission du Congolais a de fortes chances de se terminer par un échec. Et pour cause. La junte militaire actuellement aux commandes de l’Etat tchadien, ne craint nullement l’UA. C’est cela qui explique, entre autres, la facilité voire l’outrecuidance avec laquelle elle a congédié le Sénégalais Ibrahima Fall. A ce propos, l’on peut dire que c’est bien fait pour l’UA. Car, c’est elle qui a donné les verges à la junte militaire pour se faire fouetter. En effet, c’est l’UA qui a pris la responsabilité historique de ne pas sanctionner le Tchad après la prise du pouvoir par les militaires. Mieux, on peut même dire qu’elle les a adoubés. L’UA est donc en train de payer cash son extrême bienveillance à l’égard des putschistes de Ndjamena. De ce point de vue, l’on peut s’attendre à ce que la mission du Congolais se réduise à acquiescer systématiquement les désidératas de la junte, à commencer par ceux de son premier responsable, c’est-à-dire Deby fils. D’ailleurs, la junte a pris acte de la nomination du Congolais et l’a acceptée tout en prévenant que c’est  le peuple tchadien qui, au final, doit décider sur tous les points inscrits dans sa feuille de route. Et en Afrique, ce disque est rayé à force d’avoir été joué par tous le dictateurs et autres apprentis dictateurs.  En tout cas, les anciens dictateurs et dictateurs en activité ou en devenir, ont toujours mis ou mettent le nom du peuple en avant pour justifier leur irruption sur la scène politique.

 

On est en droit de s’inquiéter pour l’avenir de la démocratie au Tchad

 

 

La suite, on la connaît. Après, ils se transforment en des prédateurs froids des libertés individuelles et collectives. Deby père avait invoqué le même peuple quand il chassait du pouvoir Hissène Habré. Et le fait même que la junte ait accepté sans trouver à redire, la nomination du vieux diplomate congolais est, peut-on dire, en soi, suspect. En effet, Basile Ikouébé a été, dans le passé, ministre de Denis Sassou Nguesso. Ce dernier, on le sait, n’a jamais porté dans ses prières la démocratie. Qu’un dictateur confisque donc le pouvoir au Tchad, est le cadet de ses soucis. De manière générale, l’on peut dire que la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) dont Denis Sassou Nguesso assure la présidence en exercice et à laquelle le Tchad appartient, ne rougirait pas de voir le fils de Deby aux commandes du pays en dehors de tout processus démocratique. De ce point de vue, l’on peut s’attendre logiquement à ce que la mission du Congolais s’apparente à une sorte de villégiature au cours de laquelle il va systématiquement caresser les putschistes dans le sens du poil. En tout cas, l’on est en droit de s’inquiéter pour l’avenir de la démocratie au Tchad. Car, à la question de savoir s’il excluait d’être lui- même  candidat à la présidentielle, Deby fils a répondu à Jeune Afrique, en ces termes : « … en tant que croyant, je pense qu’il faut laisser à Dieu la part qui lui revient. Dieu dispose de tout, du destin comme du pouvoir ». Ces propos ont été récemment tenus. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils font peur aux démocrates du Tchad et d’ailleurs.

 

« Le Pays »


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