HomeOmbre et lumièrePROBLEMATIQUE DES INFRASTRUCTURES ROUTIERES AU BURKINA : Il faut changer nos habitudes

PROBLEMATIQUE DES INFRASTRUCTURES ROUTIERES AU BURKINA : Il faut changer nos habitudes


De tous les côtés du Burkina, fusent des cris de détresse et de révolte des populations à propos de l’état calamiteux dans lequel se trouvent les routes qui desservent leurs localités. Dans certaines régions, l’on peut même dire que c’est par abus de langage que l’on parle de routes. Car, par définition, une route est une voie carrossable aménagée hors agglomération. Or, au Burkina et au regard de cette définition, l’on peut faire le constat que bien de nos routes ne méritent pas cette appellation, puisqu’à aucun moment de la saison, elles ne sont carrossables. En saison sèche, les usagers doivent passer par des détours et des buissons pour rallier leur destination. En saison de pluies, c’est la « totale ». En effet, pour braver nos routes à cette période, il faut faire preuve de talents de cascadeur. Les exemples de voies qui sont dans un état piteux prononcé et qui, de ce fait, soumettent les populations à cette épreuve, sont tellement légion qu’il serait fastidieux de les citer tous. Nous nous contentons d’en citer quelques-uns. Les plus emblématiques, peut-on se risquer à dire, sont les axes Nouna-Solenzo, Koupéla-Frontière du Niger, Kantchari-Diapaga-frontière du Bénin, Kaya-Boulsa, Kongoussi-Djibo, Koloko-Sifarasso-Sindou. Pour les usagers de ces voies, c’est le calvaire au quotidien. Et la situation ne date pas d’hier. Elle date depuis toujours. Et l’on peut aisément situer les responsabilités. Bien sûr, l’on ne peut pas occulter la responsabilité de certains usagers, notamment ceux qui font dans la surcharge, foulant ainsi au pied les mesures de l’UEMOA (Union économique et monétaire Ouest africaine) sur les charges à l’essieu. Mais il faut reconnaître que la plus grande responsabilité incombe à l’Etat burkinabè. En effet, sous Blaise Compaoré, l’Etat a réalisé bien des infrastructures routières. Mais quelle est la qualité de ces routes , peut-on se demander ? Sans être un spécialiste du domaine, l’on peut faire le constat que ce sont des voies dont la plupart se dégradent à la vitesse grand V. Pour certaines d’entre elles, le processus de dégradation précède leur date de réception. En cause, il y a d’abord le fait  qu’elles ne respectent pas les normes techniques en matière de couches bitumineuses. A ce que l’on dit, c’est la bicouche qui est appliquée systématiquement au Burkina. Alors qu’ailleurs, c’est la tricouche. Et là aussi, le matériau laisserait à désirer. L’argument avancé pour justifier cet état de fait, dit-on, est lié à l’insuffisance de l’enveloppe financière. Si tel est le cas, il faut dire que jamais, l’on n’atteindra dans ce pays l’émergence, encore moins le développement. Or, l’on sait que la route du développement passe par le développement de la route. Au Burkina, ce prérequis est loin d’être une réalité.

 

Le pouvoir de Roch Marc Christian Kaboré est attendu

 

La situation est telle que les usagers de nos routes en sont tout simplement aujourd’hui à exiger des voies carrossables, juste pour assurer leur survie. Et puis, toujours dans l’hypothèse où l’insuffisance de l’enveloppe financière serait à l’origine du fait que le revêtement de nos routes en couches bitumineuses, est léger, l’on peut dire ceci : autant renoncer simplement à bitumer nos voies dans ces conditions. Car, c’est inutile. S’il faut par exemple injecter 20 milliards de F CFA pour construire une route avec la certitude qu’elle ne va pas traverser 2 saisons avant de sombrer dans la désuétude, la raison veut que l’on y renonce tout simplement. L’autre raison qui explique le piteux état dans lequel se trouvent nos voies, qu’elles soient bitumées ou non, est liée aux accointances entre le monde politique et le monde des entreprises de travaux publics. Ces connivences font que le premier accorde des marchés publics à des copains qui ne peuvent parfois justifier d’aucune qualification en matière de construction de routes. Et le second, se sachant à l’abri de toute sanction au cas où il se rendrait responsable de la réalisation chaotique d’une route, ne s’encombrerait pas de scrupules pour le faire. Pour toutes ces raisons, il se pose aujourd’hui au Burkina, plus que jamais, la nécessité d’en finir avec les mauvaises habitudes en matière de construction de nos routes. En tout cas, le pouvoir de Roch Marc Christian Kaboré est attendu, entre autres, à ce niveau. De sa volonté de doter le Burkina d’infrastructures routières dignes de ce nom dépendra,  en partie, la confiance que lui renouvèlera le peuple burkinabè. L’enfant de Tuiré dans le Ganzourgou, en est-il conscient ? Attendons de voir.

 

Sidzabda

 

 


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