PROCES DE PISTORIUS EN AFRIQUE DU SUD :La déchéance d’une star

La Justice sud-africaine a rendu hier, son verdict dans le procès de l’athlète paralympique le plus célèbre de sa génération. C’est d’une peine de 5 ans, qu’écope Oscar Pistorius, pour le meurtre de sa copine, la non moins célèbre Reeva Steenkamp. Depuis l’ouverture du procès, il y a de cela 7 mois, l’affaire Pistorius a tenu en haleine toute la population sud-africaine.

5 ans de prison ferme, c’est un verdict qui, à peine tombé, divise déjà la population sud-africaine. En effet, une grande partie des Sud-africains ne cache pas sa déception devant ce verdict prononcé par la juge Masipa dont la réputation de fermeté et d’incorruptibilité ne souffre pourtant d’aucun débat au pays de Nelson Mandela.

Pour une autre opinion sud-africaine, ce verdict, loin d’être injuste, traduit plutôt l’indépendance de la Justice sud-africaine et surtout la hauteur de vue des jurés qui, à l’image de la juge Masipa, ne se sont point laissé influencer par les commentaires plus ou moins orientés de la presse sud-africaine.

Un verdict clément, c’en est sans doute un. Et c’est surtout à ses avocats que l’athlète le doit. Alors qu’Oscars Pistorius risquait la peine maximale, c’est-à-dire la perpétuité avec le chef d’inculpation d’homicide  volontaire, ses avocats ont réussi le tour magistral de faire requalifier le chef d’accusation en homicide involontaire. Cette première victoire de la défense de Oscars Pistorius a sans doute été déterminante dans ce verdict qui anime aujourd’hui les débats en Afrique du Sud.

 

Le verdict a pris en compte la notoriété de l’accusé

 

Cependant, la requalification des charges est loin d’être le seul élément qui a pesé dans la décision des juges. Le handicap   physique de Pistorius a aussi été habilement exploité par ses avocats, qui tenaient coûte que coûte à  éviter  à leur client un séjour en milieu carcéral. Et puis, personne en Afrique en Sud ne pourrait jurer la main sur le cœur que la juge Masipa, en tant que mère, n’a pas été sensible aux larmes de ce grand garçon, qui pleurait non pas à cause de la punition qui l’attendait, mais pour son amie qu’il a tuée « sans le vouloir ».

Cela dit, on peut considérer que Oscars Pistorius a tiré son épingle du jeu. Il s’en sort à bon compte dira-t-on. Beaucoup de Sud-africains n’hésitent d’ailleurs pas à dire que le verdict a pris en compte la notoriété de l’accusé. Même s’il s’en tire avec une telle peine, sa culpabilité reste néanmoins reconnue. Or, ce fait suffit à faire de lui un meurtrier aux yeux de ses compatriotes, en dépit du terme « involontaire » qui est associé à l’acte d’accusation d’homicide. C’est dire que ce procès change à jamais le regard des Sud-africains sur leur champion. C’est, pour eux, une étoile qui s’éteint à jamais. Mais le pire reste encore à venir. En effet, ce procès sonne, sans aucun doute, la fin de la carrière sportive d’Oscars Pistorius. Des lendemains difficiles s’annoncent pour Pistorius notamment sur le plan financier. Car, aucun annonceurs ne voudra encore associer son image à celle d’un meurtrier, un « tolard». En attendant, après cette peine de 5 ans ferme infligée au meurtrier, les parents pourront enfin faire le deuil de leur fille. Il faut tout de même garder à l’esprit que l’objectif de la Justice n’est pas de faire une autre victime, mais de pousser le meurtrier à regretter son acte.

 

Dieudonné MAKIENI