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PROGRAMMATION DU PROCES DU DIRECTEUR DE CABINET DE LA PRESIDENCE CONGOLAISE


On en sait un peu plus sur les accusations qui pèsent contre Vital Kamerhe, Directeur de cabinet de la présidence congolaise, qui a été   écroué à la prison de Makala depuis plus de trois semaines. En effet, il est désormais accusé d’avoir détourné 50 des 60 millions de dollars destinés au financement de deux projets du programme dit « des 100 jours », lancé en mars 2019 par le président Félix Tshisékédi. Et sauf changement de calendrier, son procès aura lieu le 11 mai prochain. C’est dire si l’homme dont les partisans crient à la cabale politique, a du souci à se faire. Les choses semblent d’autant plus mal parties que le parquet général est convaincu que la responsabilité de Vital Kamerhe est engagée car « non seulement il était l’ordonnateur des dépenses de la présidence mais aussi, c’est lui qui contrôlait d’une main de fer les finances de ce programme ». Tout se passe, en effet, comme si sous le magistère de Félix Tshisékédi, nul n’est désormais au-dessus de la loi en République démocratique du Congo (RDC) où depuis des années, l’honnêteté passait pour un délit tandis que la corruption était érigée en mode de gouvernance. En tout cas, l’arrestation et la programmation du procès du Directeur de cabinet de la présidence et de ses co-accusés dont Jeannot Muhima, chargé de l’import-export à la présidence, constituent, pour ceux qui en doutaient encore, un signe des temps, qui traduit, pour ainsi dire la volonté du chef de l’Etat d’aller vers une gouvernance vertueuse qui tranche avec le clientélisme et la prévarication qui caractérisaient le règne de son prédécesseur Joseph Kabila. C’est tout à son honneur. Seulement, il doit comprendre qu’un Vital Kamerhe pouvant en cacher bien d’autres, il y a lieu d’aller jusqu’au bout en démasquant tous ceux-là qui, de près ou de loin, ont trempé la main dans le cambouis. Et pour cela, il lui suffit, au nom de la séparation des pouvoirs, de donner carte blanche à la Justice pour qu’elle ratisse large. C’est à ce prix qu’il peut espérer mettre fin aux détournements de deniers publics devenus le sport favori de bien des dignitaires sur le continent.

S’il y a des gens dont il faut se méfier, ce sont les hommes politiques pour qui, seule la fin justifie les moyens

En tout cas, Dieu seul sait s’ils sont nombreux les très proches collaborateurs de chefs d’Etat africains qui ont fait autant sinon pire que le sieur Kamerhe, mais qui continuent de se la couler douce comme si de rien n’était et cela, avec la complicité de leurs mentors respectifs. Rappelons mutatis mutandi que peu avant le cas de Kamerhe, le Directeur de cabinet du président Ali Bongo, en la personne de Brice Laccruche Alihanga, a été jeté en prison depuis le 13 décembre en compagnie d’anciens ministres du Pétrole et de l’Economie. Ils sont tous poursuivis pour « malversations financières, détournements de fonds publics, blanchiment de capitaux en bande organisée, concussion et faux et usage de faux ». Mais comme on le sait, au Gabon tout comme en RDC, d’aucuns, avant même que la Justice ne se prononce, ont vite fait de crier à la cabale politique visant à écarter un adversaire politique gênant. On veut bien y croire mais quand on regarde de très près, tout se passe comme si les hommes politiques étaient des anges si fait que tout ce dont on les accuse, tourne à la machination et à l’acharnement. Or, s’il y a bien des gens dont il faut se méfier à cause de leur duplicité, ce sont les hommes politiques pour qui, seule la fin justifie les moyens. Du reste, tout en reconnaissant le droit aux sympathisants de Kamerhe de manifester leur colère face à ce qu’ils considèrent comme une humiliation de leur mentor, ceux-ci devraient, tout de même, se poser la question suivante : pourquoi le nom de Kamehre est-il régulièrement cité dans cette affaire d’exécution du programme dit « des 100 jours » ? Une tentative de réponse à cette question achèvera de les convaincre que tout n’est pas forcément  « acharnement », même si jusque-là, l’incriminé bénéficie de la présomption d’innocence.

Boundi OUOBA


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