HomeA la unePROJET DE REVISION CONSTITUTIONNELLE EN RCI : Les Ivoiriens doivent ouvrir l’œil et le bon !  

PROJET DE REVISION CONSTITUTIONNELLE EN RCI : Les Ivoiriens doivent ouvrir l’œil et le bon !  


 

C’est devant un hémicycle bariolé aux couleurs du Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), que le président de la Côte d’Ivoire, Alassane Dramane Ouattara (ADO), en personne, s’est présenté pour défendre son projet de nouvelle Constitution qui devrait par la suite être avalisé par vote par les représentants du peuple. L’exercice en lui-même comportait peu de risques, les oppositions au texte ayant été manifestées en amont et même contenues. En témoigne la manifestation interdite de l’opposition ou la brève interpellation de Mamadou Koulibaly, président du parti Liberté et démocratie pour la République (LIDER), qui entendait se rendre au parlement pour suivre les débats. Mais «  à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ». Pire, «  la raison du plus fort, n’est pas toujours la meilleure ».  Car, même si les récriminations de l’opposition ont été étouffées dans l’œuf, il n’en demeure pas moins qu’il y a du sens et du bon dans ses revendications. En effet, même si l’article 35 de la Constitution sur lequel s’étaient basés les concepteurs de l’ivoirité pour dynamiter la Côte d’Ivoire, disparaît, la nouvelle mouture contenue dans l’article 55 n’est pas moins sujette à caution. Dans la mue opérée, le  nouveau texte dispose, en effet, que le candidat à l’élection présidentielle doit être «exclusivement de nationalité ivoirienne, né de père ou de mère ivoirien d’origine ». Une telle formulation est confessionnelle et peut réveiller les vieux démons à peine endormis dans la lagune Ebrié.  Plus insidieuse est la levée du verrou de la limitation d’âge à la candidature à l’élection présidentielle. D’aucuns y voient la volonté à peine dissimulée du président ADO, de profiter de la remise à zéro du compteur par la mise en œuvre de la nouvelle Constitution, pour briguer un 3ème voire un 4e mandat, alors qu’aux termes de l’actuelle Constitution, il était forclos de par son âge.

L’opposition doit se donner les moyens pour obtenir le rejet par les Ivoiriens, du texte insidieux

Mais le pire reste cette institution du Sénat, dont le 1/3 des membres sera nommé par le président lui-même, et l’institution d’une vice-présidence dont la mise en œuvre dans ces dispositions transitoires, donne les pleins pouvoirs au président. Non seulement ces nouvelles dispositions alourdissent le fonctionnement des institutions de la République, mais elles dépouillent aussi de façon déguisée le parlement de ses pouvoirs pour renforcer ceux du président. Dans un contexte africain où la phrase de Barack Obama, « l’Afrique a besoin d’institutions fortes et non d’hommes forts », est en phase de devenir un label de réussite démocratique, une telle inclinaison de la Constitution ivoirienne peut paraître comme un grand recul. Les parlementaires ivoiriens qui doivent décider du texte en premier ressort avant qu’il ne soit soumis au referendum populaire le 30 octobre, au-delà de leur appartenance à la majorité et devant l’absence de toute opposition au sein de l’Assemblée nationale, devraient s’élever au-dessus de ces arrangements politico-personnels pour voir l’intérêt supérieur de la Nation. Car, la nouvelle Constitution, il faut le dire, comporte plus de zones d’ombre que la précédente. Et bien souvent, c’est dans les pénombres des textes fondamentaux que se trouve le diable. Du reste, une Constitution qui ne fait pas consensus, porte en elle-même les germes de l’instabilité, lesquels sont accrus dans un pays dont les meurtrissures et les cicatrices demeurent encore profondes.  Plutôt que d’adouber le texte, ils devraient,  dans un examen minutieux,  le scruter à la loupe et  l’expurger de tous les aspects confligènes.

Quant à l’opposition, au-delà des effets d’annonce, elle doit se donner les moyens, au cours de la campagne référendaire que va ouvrir l’adoption du projet à l’hémicycle, pour obtenir le rejet par les Ivoiriens, de ce texte insidieux. Les Ivoiriens doivent donc ouvrir l’œil et le bon, surtout pour ne pas suivre ADO dans le saut dans l’inconnu, où il semble vouloir  les entraîner.

 

 SAHO


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