HomeA la unePROLONGATION DU MANDAT DE LA MONUSCO : A quand la fin de la mauvaise saison au Congo de Kabila ?

PROLONGATION DU MANDAT DE LA MONUSCO : A quand la fin de la mauvaise saison au Congo de Kabila ?


A une semaine du renouvellement du mandat de la mission de la paix en RDC, l’homme de Dieu, Mgr Utembi, président de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), a fait le déplacement de New-York, siège de l’ONU, à l’effet d’y sonner fortement le tocsin relativement à la situation politique de son pays. Devant le Conseil de sécurité, le prélat n’a pas eu besoin de circonlocutions dont sont friands les diplomates, pour alerter la communauté internationale quant aux risques liés à cette situation. Cela, il l’a martelé en ces termes : « la persistance de cette situation risque de rendre obsolète l’accord du 31 décembre 2016 et donner l’occasion de reporter la tenue des élections présidentielles prévues en décembre 2017 voire d’en appeler à un reférendum ou à une modification de la Constitution ». L’heure n’est donc pas aux pinaillages, elle commande que la communauté internationale prenne ici et maintenant toute la mesure de la situation et surtout qu’elle se donne les moyens d’empêcher le scénario- catastrophe d’un effondrement total de la RDC.

Le coton ne peut pas sauver son semblable du feu

Le premier de ces moyens est de placer au cœur du futur mandat de la MONUSCO, la mise en œuvre de l’accord du 31 décembre 2016. Cela est plus facile à dire qu’à faire, au regard des considérations suivantes. D’abord, Joseph Kabila à qui profite visiblement le pourrissement actuel de la situation politique en RDC, fera feu de tout bois pour maintenir le statu quo. Et en cela, il est conscient qu’il peut compter sur le soutien que ne manqueraient pas de lui apporter ses amis russes et chinois. Malheureusement, ces derniers dont la diplomatie est aux antipodes de la promotion de la démocratie, disposent de l’arme fatale au sein du Conseil de sécurité, c’est-à-dire le droit de veto. La probabilité est forte qu’ils y recourent pour renvoyer l’ascenseur à Kabila ; lui qui leur a toujours accordé des contrats léonins, dans l’exploitation des immenses ressources de la RDC. Ensuite, de manière générale, la quasi-totalité des actions politiques du Congo, toutes obédiences confondues, sont indignes du peuple congolais et des nobles ambitions que nourrissait feu Patrice Lumumba pour cette terre à laquelle la nature a tout donné pour être heureuse. Ces acteurs politiques sont tombés si bas qu’aujourd’hui, ils sont en train de se déchirer autour du partage des postes pendant que les cris de détresse du peuple congolais fusent de partout. Le troisième et dernier élément qui permet de désespérer du Congo, est qu’il a le malheur d’avoir pour voisins des pays qui, comme lui, semblent avoir signé depuis les premières heures de leur indépendance, un pacte avec le diable. De ce point de vue, et comme le coton ne peut pas sauver son semblable du feu, la maison Congo a de fortes chances de brûler et de se consumer entièrement sans que l’un de ses voisins accoure, ne serait-ce qu’avec une calebassée d’eau pour l’aider à maîtriser les flammes. Au contraire, l’on peut même avoir l’impression qu’ils aident la RDC à verser de l’huile sur le feu, de sorte à le transformer en pays dépotoir à l’effet d’y jeter leurs déchets et autres rebuts. C’est cela qui pourrait expliquer aujourd’hui que la RDC est le sanctuaire de toutes les rébellions des pays de l’Afrique centrale.

La RDC n’est pas un pays quelconque

De tout ce qui précède, même avec la prolongation du mandat de la mission de l’ONU et dans l’hypothèse où celui-ci serait renforcé, l’on peut se poser la question suivante :  à quand la fin de la mauvaise saison au Congo de Kabila ? L’on sait que l’ONU s’est déjà beaucoup investie dans ce pays en termes de logistique et d’effectifs, mais l’on peut faire le constat que cela s’apparente  à une goutte d’eau dans la mer. En effet, chaque jour que Dieu fait, la RDC n’en finit pas d’être inscrite à l’article de la mort, malgré la présence massive des Casques bleus. A leur nez et à leur barbe très souvent, miliciens et soldats de l’armée régulière pillent, violent et massacrent les populations. La dernière horreur en date a été enregistrée au Kasaï central où l’on a découvert des charniers. Mais si nous mettons ici en relief le peu d’efficacité de la MONUSCO, ce n’est certainement pas pour en appeler à son départ de la RDC. Car, sans elle, l’on peut imaginer ce que serait aujourd’hui ce pays-continent. L’on peut prendre le risque de dire qu’il serait pire que la Somalie, pour la simple raison que tous les vautours du monde entier s’y inviteraient pour se disputer sa dépouille et par ricochet, cela déteindrait sur l’ensemble des pays de l’Afrique centrale. Dès lors, l’on comprend pourquoi la France s’offusque face à l’idée soutenue par l’Amérique de Donald Trump, selon laquelle il faut réduire les effectifs des Casques bleus en RDC, parce que trop coûteux à son goût. En effet, sur la question, la France qui dirige les négociations pour le renouvellement de la mission en RDC, n’a pas craint de contrarier l’Oncle Sam. Et elle l’a fait savoir en ces termes : « on ne peut pas jouer avec le feu, s’agissant de cet immense pays au cœur de l’Afrique dont la stabilité est clé pour lui-même et pour l’ensemble de la région ». C’est clair, la RDC n’est pas un pays quelconque. L’ONU doit donc en tenir compte. Et tous ceux qui commencent à manifester des signes de lassitude, doivent en prendre conscience. Mais, l’engagement seul de la communauté internationale ne suffira pas pour sauver la RDC tant qu’il n’y aura pas un sursaut patriotique de l’ensemble de la classe politique. Malheureusement, l’on peut avoir l’impression que cette dernière en est congénitalement incapable. Et cela n’est pas étonnant. Car, certains sont des dignes fils de Mobutu et d’autres sont sortis des flancs de Kabila père. Tous ont un dénominateur commun : la perte du Congo. L’un d’eux est celui qui a été condamné hier à la Haye, pour subornation de témoins, en la personne de Jean-Pierre Bemba. Et ceux qui sont en liberté à Kinshasa, ne valent pas mieux que lui.

« Le Pays » 


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