HomeLignes de mireProlongation du mandat de Sangaris en RCA

Prolongation du mandat de Sangaris en RCA


Il n’y aura pas de second Rwanda

Pas de surprise, le Parlement français a prolongé ce 25 février le mandat de l’opération Sangaris en République centrafricaine (RCA). Grand pays des droits de l’Homme, la France ne pouvait pas se permettre d’abandonner la RCA dans cette situation chaotique. Elle aurait commis une grosse erreur car ce serait bafouer les valeurs humaines, démocratiques et politiques qu’elle défend. Les parlementaires français ont compris que le travail de Sangaris était loin d’être terminé dans la mesure où les Centrafricains continuent de s’entretuer.

La situation est loin de se normaliser en RCA et la France le sait plus que quiconque

Politiquement et moralement, la France ne pouvait se retirer de la RCA. Elle ne pouvait pas non plus le faire au risque de commettre la même erreur qu’au Rwanda en 1994. En prolongeant le mandat de l’opération Sangaris, la France veut éviter un génocide à l’instar de ce que l’on a vécu au Rwanda. Il ne fait aucun doute que la RCA abrite aujourd’hui les germes d’un génocide. Et si les forces françaises venaient à se retirer de ce pays, il deviendrait probablement un charnier à ciel ouvert, une nécropole pour ainsi dire, tant la guerre qui s’y déroule est multidimensionnelle. Elle est à la fois politique, ethnique, sociale et religieuse. Elle réunit donc tous les ingrédients d’un génocide. C’est dire que la situation est loin de se normaliser en RCA et la France le sait plus que quiconque. La mort de deux soldats tchadiens de la MISCA, les récents tirs que Sangaris a essuyés et les barricades dressées sur son chemin aux alentours de l’aéroport de Bangui, prouvent suffisamment que la RCA est encore sous l’emprise des forces du mal. Comment la France pourrait-elle d’ailleurs se retirer de son ancienne colonie au moment où l’Europe se prépare à y déployer des forces complémentaires ? Ce serait enterrer le cadavre et laisser ses pieds dehors.

En dépit des critiques qui lui sont faites à tort ou à raison, l’opération Sangaris joue un rôle majeur en RCA. Cela dit, avec ce nouveau mandat, cette opération doit tout faire pour réduire très vite au silence les anti-Balaka et autres milices qui continuent d’endeuiller les Centrafricains. Cela est d’autant plus nécessaire que des djihadistes menacent d’intervenir en RCA pour venger la mort des musulmans tués par les anti-Balaka. Et pour éviter que ces fous d’Allah ne mènent des actions terroristes et répandent leur idéologie sur le sol centrafricain, il faut nécessairement arrêter la barbarie des anti-Balaka contre les musulmans. La France a décidé de terminer le boulot et elle doit hâter le pas car une éventuelle intervention des djihadistes en RCA rendrait plus complexe le retour à la paix. Un adage dit que l’on sait quand commence une guerre mais l’on ne sait pas quand elle se termine.

Les dirigeants africains ne devraient pas assister en simples spectateurs à cette tragédie de la RCA

La réalité du terrain aujourd’hui recommande un maillage total du pays par les forces militaires pour minimiser au maximum les exactions. Certes, il est difficile pour les forces françaises de pouvoir sécuriser toutes les zones car la Centrafrique est quatre fois plus grande que la France ; mais si l’Hexagone tient à réussir sa mission, elle doit pouvoir mobiliser davantage la communauté internationale à ses côtés. Les dirigeants africains ne devraient pas assister en simples spectateurs à cette tragédie de la RCA. On ne peut pas comprendre que 50 ans après les indépendances, l’Afrique ne puisse pas résoudre elle-même ses problèmes. Peut-on éternellement compter sur la France pour résoudre des conflits créés par des Africains ? Les têtes couronnées du continent noir doivent avoir le courage et la volonté politiques de s’attaquer sérieusement aux racines des maux qui entravent son essor économique, politique et social.

Dabadi ZOUMBARA


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