PSUT : Pourquoi subitement cette aphonie ?
C’est à travers les réseaux sociaux que j’ai découverts les grandes réalisations du Programme socio-économique d’urgence de la Transition (PSUT).
Le programme, faut-il le rappeler, a été imposé par les circonstances du moment : un climat post insurrectionnel à peine gouvernable, une jeunesse sans espoir. Tous ces ingrédients rendaient la marche vers les élections difficile. En effet, les autorités de la Transition se sont rendues compte qu’au-delà du rejet de la modification de l’article 37 de la Constitution du Burkina Faso, l’insurrection populaire résultait de la conséquence des aspirations sociales insatisfaites. Une forte sollicitation sociale teinte de besoin de justice et de transparence dans la gestion des biens publics, de l’emploi des jeunes, de l’exigence de la réduction de la pauvreté et de l’amélioration des conditions sanitaires et scolaires. Mis en place au lendemain de ce mouvement populaire, le Programme socio-économique d’urgence de la Transition (PSUT) s’est voulu une réponse expresse à ces profondes aspirations. Les images que véhiculent les réseaux sociaux montrent bien des résultats forts appréciables. Mais pourquoi subitement cette aphonie du PSUT ?
Adopté le 16 mars 2015 en conseil des Ministres, le PSUT découle de la volonté populaire. Il a été suscité et voulu par elle.
Il s’est imposé comme l’une des conditions, des offres à concéder pour un embarquement collectif dans le train conduisant aux élections de novembre 2015. Il a été perçu comme la seule alternative pour les autorités d’obtenir de la population et particulièrement de la jeunesse, une accalmie afin de conduire dans la paix le processus démocratique.
Et il faut féliciter la coordination d’avoir pris la mesure. Prise en sandwich en période de Transition, elle aurait pu perdre la confiance en elle placée par les populations.
Mais au cours de notre entretien avec la coordination, on nous a rassuré que le message des insurgés a guidé la mise en œuvre du programme. Le Secrétariat technique a impliqué les représentants des associations des bénéficiaires eux-mêmes dans les comités de sélection des dossiers à lui soumis par les jeunes et les femmes. Dans le doute que la transparence puisse en souffrir, le REN-LAC a été appelé en renfort pour prendre part aux travaux.
En ce qui concerne la réalisation des infrastructures, point de concentration des marchés publics dans les mains de puissants entrepreneurs en laissant en marge le plus grand nombre d’entreprises. Au total, ce sont 118 entreprises et bureaux d’études qui ont été sélectionnés pour la réalisation des infrastructures scolaires, universitaires et sanitaires. Ce qui aurait pu être exécuté par une poignée d’entreprises revient à un grand nombre.
C’est avec ce bout de pain dans la bouche, que le Président Kafando a négocié l’accompagnement des populations vers les élections 2015 qui ont abouti à l’arrivée de Son Excellence Rock Marc Kaboré,
En effet, en moins d’une année de mise en œuvre, les résultats que nous avons interceptés sur les réseaux sociaux et que nous avons pu vérifier au niveau de la coordination, donnent la situation suivante :
– 63 complexes scolaires (soit 186 classes) sont achevés ;
– 7 complexes scolaires sont en cours de finition ;
– 27 infrastructures sanitaires sont achevées ;
– 26 infrastructures sanitaires sont en bonne exécution ;
– 56 forages réalisés ;
– les deux amphithéâtres jumelés de 750 places chacun (soit 1 500 places) de l’Université de Koudougou sont achevés. Ceux de l’Université de Bobo-Dioulasso sont en phase de finition.
Chaque complexe scolaire est entièrement équipé et constitué d’un bloc scolaire (une école à trois classes, un bureau, un magasin), des latrines, d’un logement, d’une cuisine et des latrines pour le logement.
Les résultats ainsi obtenus ont permis de donner un abri décent à des enfants qui prenaient les cours sous des paillottes. Par ailleurs, ces complexes scolaires ont permis d’entamer la mise en œuvre du continuum éducatif qui avait été adopté mais qui manquait d’infrastructures.
S’agissant des infrastructures universitaires, elles viendront accroître la capacité d’accueil au niveau des universités de Bobo-Dioulasso et de Koudougou (1 500 places supplémentaires pour chacune de ces universités) et améliorer les conditions d’enseignement et d’études à l’université de Ouagadougou.
Les infrastructures sanitaires, également équipées, sont constituées de CSPS complets comprenant un dispensaire, une maternité, des services communs et trois logements. Outre ces bâtiments principaux, le CSPS comprend une cuisine composée d’un magasin, d’une autre cuisine de 4 foyers et de deux blocs de latrine ou de douche.
Dans la dynamique de rendre plus opérationnelles ces structures, le PSUT a, par ailleurs, procédé à la remise de 75 motos de type Yamaha 80 au ministère de la Santé au profit des formations sanitaires.
Ces infrastructures contribueront à réduire le rayon de couverture des structures sanitaires, accroître le nombre d’accouchements assistés par le personnel de santé, améliorer le taux de fréquentation des structures sanitaires et réduire ainsi la morbidité dans les localités bénéficiaires.
En vue de faciliter le repérage géographique des ouvrages disséminés dans le pays, les infrastructures scolaires et sanitaires ont été géolocalisées.
Et à voir les sites des infrastructures, on peut imaginer toute la joie que l’Etat apporte aux populations. Pour le CSPS de Dambam situé dans la commune de Markoye/Province de l’Oudalan, la population a dû ouvrir une route qu’elle a couverte d’épineux pour permettre à l’entreprise d’accéder au site. Le site de Béguélé situé dans la commune de Ouo/Province de la Comoé reste un souvenir inoubliable pour l’entreprise, le bureau de suivi et l’équipe de réception des travaux. Le village de Tantiagbouli situé à 30 km du Niger dans la commune de Botou attend également son CSPS en cours de réalisation. Ce site d’accès difficile s’approvisionne en eau à partir du Niger. Tout ceci pour dire que les résultats que nous observons à travers les réseaux sociaux ont été obtenus au prix de gros efforts.
C’est vrai, le PSUT semble démarrer le programme du Président du Faso avant sa prise de fonction. En effet, c’est près des deux tiers du budget du programme que le Président Rock Marc Kaboré doit réunir pour parachever cette œuvre concoctée sans trop grande préparation un peu à la méthode PPD (Programme populaire de développement) sous la Révolution burkinabè, comme dirait le coordonnateur national du PSUT.
Les intentions étaient bonnes et les résultats sont forts appréciables. Même si dans les faits, « le téléchargement » lancé par la Transition aura des incidences financières considérables sur les finances de l’Etat.
Mais une ombre pèse sur le programme, celle des écueils laissés par la Transition. En effet, au soir de sa mission, comme si elle-même avait perdu confiance à son PSUT, la Transition s’est livrée à l’attribution de nombreux marchés, en dehors de son programme, celui qui était censé servir de cadre à la mise en œuvre de ses activités en termes d’emplois, de réalisation d’infrastructures scolaires, universitaires et sanitaires. Cette aventure-là a porté un coup sérieux à tout ce qui avait été entrepris dans la bonne foi. Et depuis, le PSUT est devenu aphone. Il s’est dressé et a battu en brèche tout ce qui a été construit autour de lui pour nous livrer la qualité de sa gestion à travers le rapport de l’ASCE/LC et ses résultats que tous apprécient à travers les réseaux sociaux.
Et si cette ombre de la gestion de la Transition peut quelque temps dissimuler les résultats du PSUT, elle ne saurait les éteindre. Ces résultats ne disparaîtront jamais. Ils font la joie des populations pour qui nous luttons chaque jour. Ainsi, derrière cette guerre de marchés que se livrent les acteurs politiques par médias interposés, il y a lieu de se pencher un instant sur l’expérience PSUT et d’apprécier ses résultats.
Il y a lieu de féliciter la Coordination du PSUT pour l’anticipation qui a caractérisé sa démarche. En effet, prendre l’initiative d’inviter l’ASCE/LC pour un appui-conseil en termes de gestion, impliquer le REN-LAC et les bénéficiaires dans la sélection des dossiers, mettre à la disposition du public un recueil d’ouvrages réalisés et leur localisation, tout ceci participe de la volonté d’assurer la transparence dans la gestion du programme.
Il ne reste plus au Président du Faso qu’à finaliser ce qui a été entrepris et de poursuivre tranquillement son programme.
Régis Vianney BONI/ Digicomfaso.info