HomeA la uneRAPPORT DE L’ONU SUR LES VIOLENCES MEURTRIERES EN RDC : Kinshasa dans la logique du déni, comme toujours

RAPPORT DE L’ONU SUR LES VIOLENCES MEURTRIERES EN RDC : Kinshasa dans la logique du déni, comme toujours


 

Encore elle ! Hier, 1er mars 2017, la République démocratique du Congo (RDC) était épinglée par un rapport des Nations unies sur les violations des droits humains. Ce rapport fait cas des répressions meurtrières perpétrées par des forces de l’ordre dans le mois de décembre 2016, alors que les leaders politiques tentaient de contenir les velléités d’une présidence à vie de Joseph Kabila par un accord politique qui peine toujours à se frayer un chemin. Ledit rapport laisse entrevoir un bilan macabre d’une quarantaine de personnes tuées entre mi et fin décembre, c’est-à-dire en l’espace de deux semaines. Faisons fi du rapport 2016 d’Amnesty International qui, publié le 22 février de cette année, classe la RDC parmi les pays africains les plus répressifs des manifestations politiques, pour dire qu’avant la publication du document du 1er mars, un autre rapport onusien rendu public en octobre 2016, présentait un bilan encore plus effroyable de la répression des manifestations des 19 et 21 septembre derniers. On fait mention de 53 morts, 143 blessés et près de 300 interpellations. Ce qui laisse dire que ce n’est pas une dizaine mais des dizaines de victimes civiles que firent les forces de police et militaire dans les répressions des mouvements politiques. Pour sûr, cet énième rapport d’hier vient en rajouter à la mauvaise réputation de la RDC en matière de violations des droits humains. D’ailleurs, l’image de ce pays-continent n’est guère reluisante. Mais elle a commencé à aller de mal en pis ces derniers temps, depuis que le président Joseph Kabila a clairement affiché son intention de rester encore dans le Palais de la Nation c’est-à-dire de prolonger son bail constitutionnel, envers et contre tous. Soit dit en passant, on ne saurait faire la fine bouche sur les récentes exactions contre les civils dans la province du Kasaï-Oriental et les affrontements intercommunautaires entre Hutu et Nandé à  l’Est du pays et dont l’ampleur pourrait faire penser à une instrumentalisation politique.

Tant que les violences meurtrières resteront impunies, la justice restera à la porte de Kinshasa

Dans tout cela, ce qui choque, c’est ce ton empreint d’un mépris sarcastique des autorités congolaises à toujours entonner cette vieille rengaine contre les différents rapports qui accablent le pays sur les violences meurtrières. A chaque fois que la RDC est accusée de répressions aveugles perpétrées par les forces de l’ordre, les dirigeants trouvent toujours à redire. Ou du moins, ils se laissent aller à des justificatifs dignes de tout régime dictatorial du genre avoir ‘’mâté’’ une tentative de déstabilisation du pays. Toujours dans la logique du déni. Et on ne peut s’empêcher de dire que tout cela est la conséquence de la boulimie du pouvoir. En tout état de cause, il est plus que temps que le pouvoir congolais, comme le recommande l’ONU, accepte le jeu démocratique en étant respectueux des libertés de manifester et de l’intégrité physique de tous les acteurs qui animent la vie politique. Autrement, tant que persistera ce goût morbide de casser de l’opposant à tout prix, tant que les violences meurtrières resteront impunies, la justice restera à la porte de Kinshasa. Et la démocratie avec.

Drissa Traoré


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