RDC


Tous les ingrédients sont réunis pour une déflagration

En République démocratique du Congo, (RDC), l’heure est à l’attente des résultats, après la tenue des élections du 30 décembre dernier, dans les conditions que l’on sait : annulation du vote dans certaines circonscriptions pour des raisons jugées à tort ou à raison subjectives, ouverture tardive de bureaux de vote, confusion dans les listes électorales, manque de matériel de vote, exactions signalées de groupes armés sur des électeurs, etc. Bref, un capharnaüm digne d’une république bananière qui veut pourtant se donner les apparats d’une démocratie. C’est dans ce contexte de hautes tensions et de fortes suspicions que les Congolais sont dans l’attente des résultats de la présidentielle dont le candidat du parti au pouvoir, Emmanuel Ramazani Shadary, et son principal challenger de l’opposition, Martin Fayulu, se réclament déjà tous vainqueurs. Une atmosphère rendue encore plus lourde par la coupure des réseaux sociaux et les tentatives de musèlement de la presse ; ce qui fonde de nombreux Congolais à penser qu’il se prépare un hold-up électoral en faveur du candidat du parti au pouvoir. C’est donc un peuple angoissé qui attend la proclamation des résultats. D’autant plus que si l’opposition gagne, la pilule risque d’être difficile à avaler pour le parti au pouvoir dont le candidat ne jure que par sa victoire. Si, par contre, c’est ce dernier qui est déclaré vainqueur, il serait étonnant que l’opposition qui n’a eu de cesse de ruer dans les brancards depuis le début du processus électoral, se laisse « voler sa victoire » dans un scrutin dont elle a toutes les raisons de croire qu’il a été tout sauf transparent, la compilation des résultats ayant été par endroits, frappée d’opacité, pour concocter la victoire du dauphin désigné de Joseph Kabila. Dans l’un ou l’autre de ces cas, les signaux sont au rouge vif et le pays risque de s’embraser, quel que soit le camp du vainqueur.

Plus l’attente sera longue, plus le grabuge redouté sera grand

Tous les ingrédients d’une déflagration sont réunis pour que le pays n’échappe pas à une crise postélectorale. Cela, principalement en raison de l’attitude du pouvoir qui, malgré les nombreuses insuffisances relevées dans le déroulement du scrutin, ne semble toujours pas dans la logique de la transparence pour une acceptation des résultats par toutes les parties. De mémoire de Congolais, jamais l’organisation d’une élection n’aura fait couler autant d’encre et de salive, pour des résultats aussi chaotiques. Sur toute la ligne, les autorités congolaises auront failli dans l’organisation de ce scrutin qui aura plutôt montré l’étendue de leur chauvinisme négatif pas rapport à la décision de se passer de l’aide internationale tout en promettant d’organiser des élections propres, avec une innovation majeure comme l’utilisation de machine à voter. Au bout du compte, la RDC présente plutôt l’image d’une République merdique aux mains d’une minorité au pouvoir qui cherche par tous les moyens  à s’accrocher à ses privilèges. Comment peut-il en être autrement, quand les dirigeants donnent le sentiment d’être des assoiffés du pouvoir, sans respect aucun pour leurs concitoyens qu’ils prennent pour un peuple ignorant, sans capacité de discernement, et auquel l’on peut servir toutes sortes de mensonges pour justifier l’indéfendable ? Quoi qu’il en soit, au regard de l’évolution de la situation, l’on est porté à croire que le calme apparent qui caractérise cette période d’attente des résultats, annonce une grosse tempête sur la RDC. Et la proclamation des résultats risque d’en être l’élément déclencheur. En tout cas, plus l’attente sera longue, plus le grabuge redouté sera grand. Et le black out des autorités sur la compilation des résultats, n’est pas pour arranger les choses. C’est pourquoi il y a lieu de nourrir de sérieuses inquiétudes  pour la RDC. D’autant plus  que le délai du 6 janvier prochain risque d’être difficile à tenir. Un scénario qui, loin d’arranger la situation, risque d’en rajouter à la tension déjà vive que traverse le pays. En attendant, la Commission électorale a une lourde responsabilité devant l’Histoire et on croise les doigts pour que le pire soit évité. Il y va de l’avenir du Congé, de ses voisins et de la sous-région.

Outélé KEITA


No Comments

Leave A Comment