HomeA la uneREFUS DE JAMMEH DE CEDER LE POUVOIR : La CEDEAO a trop parlé pour reculer

REFUS DE JAMMEH DE CEDER LE POUVOIR : La CEDEAO a trop parlé pour reculer


Les Gambiens et avec eux, les habitants de l’Afrique de l’Ouest, retiennent leur souffle en ce début d’année 2017. Car, ce mois de janvier est capital pour la démocratie en Gambie et par ricochet, pour la paix et la sécurité en Afrique de l’Ouest. Comme on le sait déjà, le président Yahya Jammeh, après avoir reconnu sa défaite, s’est ravisé et conteste désormais les résultats de la présidentielle. Pour ce faire, son parti a introduit en Justice un recours en annulation des résultats qui donnaient l’opposant Adama Barrow vainqueur du scrutin. On sait également que la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ne l’entend pas de cette oreille et somme Jammeh de débarrasser le plancher. Elle a dit être déterminée à faire respecter le verdict des urnes par tous les moyens, y compris par l’usage de la force. Bien entendu, une intervention militaire, pour autant qu’elle puisse permettre de déloger le maître de Banjul, n’est pas sans danger pour la paix et la sécurité dans la région. Surtout si le président gambien est vraiment soutenu par ses troupes.

La situation est difficile en Gambie

En effet, le chef d’état-major général de l’armée gambienne, le général Ousman Badjie, a, une fois de plus, réaffirmé sa loyauté à Yahya Jammeh. Une situation illustrative du mauvais comportement des chefs militaires, voire de bien des armées africaines qui n’ont rien compris à leurs missions. Pour ces armées-là, la protection des populations est loin d’être leur préoccupation. Il s’agit plutôt de protéger le pouvoir en place. Si fait que les unités les mieux formées, les plus aguerries, sont affectées à la sécurité du chef de l’Etat et de ses proches. En un mot comme en mille, ces armées sont au service quasi exclusif du pouvoir en place. Elles ne sont pas républicaines. Il arrive même que le chef d’état-major général de l’armée soit juste un simple faire-valoir qui ne détient pas la réalité du pouvoir de commandement au sein de la Grande muette, ou au sein de ses unités les plus opérationnelles. Il doit juste s’estimer heureux d’avoir été nommé, surtout qu’il n’est pas toujours évident que lui-même mériterait d’accéder à ce poste si les choses se faisaient dans les règles de l’art. En tout cas, le patron de l’armée gambienne ne se voit pas une autre vie hors du pouvoir de Jammeh. Certes, il est peut être aussi l’objet de menaces et d’intimidations de tous ordres. Mais, avancer d’éventuelles craintes pour sa propre sécurité pour le dédouaner de sa responsabilité vis-à-vis du peuple et de la nation, serait l’absoudre à bons comptes. Un soldat, un vrai, doit avoir suffisamment de courage et de dignité. Il ne doit pas se mettre au service d’un individu et de son clan, au mépris des intérêts de son peuple qu’il est censé défendre. La situation est, en tous les cas, difficile en Gambie. Le salut viendra-t-il de la Cour suprême ? Rien n’est moins sûr. Certes, Jammeh a le plein droit d’user de cette voie de recours légale. Mais la crainte des uns et des autres est que les juges ne disent pas le droit. Des craintes pour le moins justifiées d’autant qu’on est en Gambie.

La CEDEAO joue sa crédibilité

La décision de cette Cour qui a la particularité d’être animée par des juges non gambiens, est attendue. Il est vrai que la CEDEAO a déjà son opinion sur le sujet. Il faut juste espérer que les juges disent le droit et rien que le droit. Si la Cour suprême venait à rejeter la requête de Jammeh, ce dernier devrait avoir l’obligation de s’incliner devant le verdict sans broncher.                               Mais il se peut aussi que la Cour suprême fasse droit à la requête du président sortant. Dans ce cas, les choses vont davantage se compliquer pour la CEDEAO. Car, Jammeh aura alors beau jeu de dire qu’il a le droit avec lui, ce d’autant plus que les juges viennent d’autres pays. Même si on sait que ceux-ci peuvent être influencés d’une manière ou d’une autre. Le président Jammeh pourrait ainsi prendre la communauté internationale au piège et gagner ce bras de fer si d’aventure le verdict lui était favorable. Que la Cour suprême valide les résultats ou les rejette, la CEDEAO a prévu de tout faire pour que Barrow prenne le pouvoir le 19 janvier 2017. Si les négociations menées pour le renoncement de Yahya Jammeh n’aboutissent pas, l’investiture annoncée de Barrow sera une vraie gageure. Il faudra probablement passer par une intervention militaire pour chasser le président actuel du pouvoir. En tout cas, la CEDEAO a trop parlé pour reculer. Gageons qu’elle a sa stratégie, qu’elle a les moyens de ce qu’elle a proclamé haut et fort et qu’elle ne va pas se dégonfler comme un ballon de baudruche. C’est une lapalissade de dire qu’elle joue, dans cette crise postélectorale gambienne, toute sa crédibilité.

« Le Pays »


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