HomeA la uneRENCONTRE ANNONCÉE ENTRE BURHAN ET HEMETI  : On attend de voir avant de croire

RENCONTRE ANNONCÉE ENTRE BURHAN ET HEMETI  : On attend de voir avant de croire


Au terme de son sommet extraordinaire tenu à Djibouti, l’Organisation régionale de la Corne de l’Afrique (IGAD) a annoncé, le 10 décembre dernier, une nouvelle qui réjouit plus d’un Soudanais. En effet, le communiqué final de cette organisation informe que les généraux Abdel Fattah Al-Burhan et Mohamed Hamdan Daglo dit Hemeti ont accepté de se rencontrer sous quinzaine. Mieux, les deux généraux acceptent également de signer un accord de cessez-le feu. En arrachant le principe d’une rencontre entre les deux frères ennemis, il ne fait aucun doute que la l’IGAD a  franchi un pas important dans la résolution de la crise soudanaise. Pour autant, réussira-t-elle là où les Etats-unis, l’Arabie Saoudite, le Soudan du Sud pour ne citer que ceux-là, ont échoué ? On attend de voir.  En effet, les deux généraux qui se disputent le pouvoir par les armes, nous ont tellement habitués à des volte-face qu’on aurait tort de croire en leur bonne foi. Si fait que l’on en vient à se poser les questions suivantes : accepteront-ils de s’asseoir autour d’une même table ?  Tiendront-ils parole en respectant le cessez-le feu ? Accepteront-ils de fumer le calumet de la paix ? Rien n’est moins sûr. Tant que les deux seigneurs de guerre ne se rencontreront pas en présentiel, il ne faut pas crier victoire. On est d’autant plus fondé à le penser que les conditions que posent les deux hommes sont difficilement acceptables de part et d’autre. En effet, le camp de Burhan demande le retrait des combattants des Forces de soutien rapide (FSR) des sites de cantonnement tandis que Hemeti exige l’arrestation d’anciens caciques du régime précédent. C’est dire si ce n’est pas gagné d’avance. Du reste, qui dit que tout cela ne participe pas d’une stratégie de guerre qui consisterait à obtenir un répit afin de se réarmer? Car, comme on le dit, la guerre use et il se pourrait qu’après sept mois d’intenses combats, les deux camps soient gagnés par l’épuisement. En tout cas, le nombre incalculable d’accords de cessez-le feu, violés par les deux hommes, nous oblige à faire comme Saint Thomas : attendre de voir avant de croire.  

 

En faisant la promesse de se rencontrer, les deux généraux jouent leur crédibilité

 

Cela dit, il est temps que les belligérants se convainquent d’une chose : la guerre a fait trop de dégâts humains et matériels. Et comme il n’est jamais trop tard pour bien faire, ils gagneraient à se ressaisir. D’autant plus que les clés de la paix sont entre leurs mains. Et plus vite, ils se décideront à faire taire les armes, plus vite, ils sortiront de cette crise aux  conséquences affreuses. Quid des pays voisins tels que le Tchad et l’Egypte qui accueillent sur leurs sols respectifs, de nombreux Soudanais contraints à l’exil à cause des combats? Il est donc temps de soulager les peines de ces nombreux réfugiés et leurs hôtes. En tout état de cause, en faisant la promesse de se rencontrer, les deux généraux jouent leur crédibilité. Ils ont tout intérêt à tenir  parole en tant qu’officiers supérieurs. Et cela commence d’abord par le respect du cessez-le feu, ensuite par l’ouverture de couloirs humanitaires afin de permettre aux organisations humanitaires de se rendre au chevet des Soudanais meurtris.

 

Dabadi ZOUMBARA      


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