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RENCONTRE DE BRAZZA SUR LA RDC


 Le sommet du cynisme, de l’hypocrisie et de l’égoïsme 

Hier, mercredi 26 décembre 2018, s’est tenu à Brazzaville un sommet exceptionnel sur la République démocratique du Congo (RDC). Plusieurs chefs d’Etat de la Conférence de coordination pour le développement de l’Afrique australe (SADC) et de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), y étaient présents. Il s’agit du Sud-africain Cyril Ramaphosa, du Namibien Hage Geingob, du Zambien Edgar Lungu, de l’Angolais João Lourenço et bien sûr du président du pays hôte, Denis Sassou N’Guesso. Quant au Rwandais Paul Kagamé et à l’Ougandais Yoweri Musseveni, eux, se sont fait représenter par leurs ministres des Affaires étrangères. Mais le grand absent est incontestablement l’énigmatique Joseph Kabila dont le pays est pourtant le problème auquel les voisins veulent d’urgence trouver solution. En l’absence donc du malade, l’on peut se demander quel diagnostic sérieux ces médecins de circonstance ont pu bien poser en vue de lui prescrire le traitement qui sied. La thérapie est rendue d’autant plus aléatoire que l’on peut avoir l’impression que Joseph Kabila n’a pas conscience de sa maladie. L’on peut également émettre des doutes quant à la volonté réelle des chefs d’Etat de ces deux institutions de travailler à sauver la paix et la démocratie en RDC dont tout indique qu’elles y sont sérieusement en danger. En effet, en dehors du Sud-africain Cyril Ramaphosa et dans une certaine mesure   l’Angolais João Lourenço, tous les autres chefs d’Etat dont les pays sont aux antipodes de la démocratie, pourraient être gênés de toiser Joseph Kabila pour l’ensemble de ses basses œuvres contre la démocratie.

Un sommet sur la RDC mais pas pour la RDC

C’est probablement pour cette raison, peut-on dire, que l’homme mince de Kigali, Paul Kagamé, et celui qui prend l’Ouganda pour « sa bananeraie », Yoweri Musseveni,  pour ne pas les nommer, ont préféré vaquer à leurs occupations domestiques que de faire le déplacement de Brazzaville, illustrant ainsi l’adage africain selon lequel « la mangeuse d’âme ne se sent pas concernée par les rencontres où l’on dit tout le mal des personnes qui sont à l’origine de la mort par sorcellerie, des enfants des autres ». Et comme pour ne pas arranger le sort du peuple congolais, le président du pays hôte de ce sommet,  a tous les attributs pour briguer la chefferie de la confrérie des antidémocrates de la région. L’un dans l’autre, l’on peut affirmer sans grand risque de se tromper que la fameuse rencontre de Brazza  est un sommet sur la RDC mais pas pour la RDC. En effet, depuis longtemps, l’on  n’avait pas besoin d’être un démiurge pour savoir que Joseph Kabila projetait le pire pour son pays dans le seul intérêt de lui-même et de son clan. Pour autant, aucun chef d’Etat de la région n’avait eu le courage de sonner fortement le tocsin pour l’en dissuader. Aujourd’hui, l’on peut dire que le satrape a pratiquement réussi son plan machiavélique pour la RDC. Que les pays voisins se dépêchent maintenant à   pas d’un diarrhéique au chevet de la RDC, s’apparente beaucoup plus à du cynisme, à de l’hypocrisie et à l’égoïsme qu’à une opération sincère de sauvetage du peuple congolais. En effet, cyniques, ils le sont pour avoir fermé ostensiblement les yeux pendant que Joseph Kabila bravait tous les principes et règles démocratiques qui permettent un vivre- ensemble harmonieux et républicain. Hypocrites, ils le sont également. Car, les habits de sauveurs du Congo qu’ils enfilent aujourd’hui, cachent mal leur manque d’empathie pour le peuple martyr de la RDC. En réalité, le sommet de Brazza sur le Congo a été organisé pour se donner bonne conscience. Car, il risque fort de pleuvoir sur Kinshasa. Et à l’heure du bilan macabre, ils se présenteront, toute honte bue, pour dire ceci : « C’était pour conjurer cela que le sommet avait été convoqué ». L’on peut enfin affirmer que le sommet de Brazza est celui des égoïstes. En effet, les participants ne se sont pas démenés comme de beaux diables pour les beaux yeux du Congo. Leur véritable motivation est de tout faire pour mettre à l’abri leurs pays respectifs en cas de déflagration en  RDC. Et ce scénario-catastrophe est plus que probable si l’on analyse avec lucidité les choses telles qu’elles se présentent en RDC. La plus grave crise postélectorale du continent noir, peut-on dire, est en train de se dessiner. Et les pays voisins, surtout le Congo Brazzaville, qui est à un jet de pierres de Kinshasa et de l’Angola avec ses 2500 kilomètres de frontière avec la RDC, redoutent ce scénario-catastrophe.

Stratégie maléfique de faire gagner son dauphin par tous les moyens

D’ailleurs le ministre angolais des Affaires étrangères l’a dit de manière explicite en ces termes : « Tout semble indiquer que la situation en RDC pourrait déboucher sur une crise grave ». Cela dit, Joseph Kabila est conscient que ce genre de sommets ne l’effraient point dans sa volonté d’arrimer son pays au chaos. Par contre, il sait qu’il court de gros risques en bravant la mise en garde ferme que vient de formuler Fatou Bensouda, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), à l’endroit de « quiconque incite à commettre des violences massives ou y participe, notamment en ordonnant, sollicitant ou encourageant des crimes relevant de la compétence de la CPI ». Cette sortie peut amener le dictateur à mettre de l’eau dans son vin de peur d’occuper la cellule que vient de quitter son compatriote et ennemi juré, Jean-Pierre Bamba. Et c’est tout le mal qu’on lui souhaite. Mais Joseph Kabila peut-il avoir un tel supplément d’âme ? L’on peut en douter.  Car au moment même où se tenait le sommet de Brazza sur son pays, il déclarait, via son homme de main, Corneille Naanga, trois localités zones d’Ebola, reportant ainsi les élections au mois de mars 2019. Et cela participe, de toute évidence, de sa stratégie maléfique de faire gagner son dauphin par tous les moyens quand on sait que les zones concernées par ce nouveau report, sont réputées être des fiefs électoraux de l’opposition. Ainsi va la RDC !

Pousdem PICKOU 


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