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REPRESSIONS ET INTIMIDATIONS AU BURUNDI A L’APPROCHE DU REFERENDUM


N’Kurunziza franchit un palier sur l’échelle de la satrapie

Le référendum constitutionnel au Burundi, c’est pour très bientôt ; le 17 mai prochain, exactement. Un référendum bidon, censé entériner une révision de la Loi fondamentale burundaise, qui devrait permettre à l’autocrate Pierre N’Kurunziza de se fossiliser au pouvoir jusqu’en 2034 voire, à vie. Dans ce contexte, l’ONG Human Rights Watch (HRW) vient de dénoncer des tactiques d’intimidation et de répression mises en place par les autorités du Burundi envers les opposants, ou tous ceux considérés comme tels. Plus grave, foi de l’ONG, cette répression s’accroît au fur et à mesure qu’on approche de cette date fatidique. Parmi les « faits extrêmement graves », l’ONG cite l’exemple d’une personne « purement et simplement tuée » pour n’avoir pas pu « présenter un récépissé qui prouvait son inscription au référendum ». Et Dieu seul sait si ce n’est qu’une partie immergée de l’horrible iceberg ! Dans sa nauséeuse mauvaise foi et sa légendaire stratégie de fuite en avant perpétuelle, le pouvoir burundais a réagi par le déni. Il a rageusement agité les castagnettes du complot contre le Burundi. Un peu de sérieux, bonnes gens ! « On ne peut pas cacher le soleil avec son doigt », dit-on. Il apparait avec la clarté de l’évidence, que le pasteur-président a vendu son âme au diable ; si bien que des cadavres, ce Néron des temps modernes, serait prêt à enjamber encore et encore, quitte à régner sur le chaos. En tous les cas, sur l’échelle des contrevaleurs de la satrapie, l’homme fort de Bujumbura vient de franchir un palier. Qu’on soit pour ou foncièrement opposé à « son » référendum, le Burundais en âge de voter n’aura pas d’autre choix que de se rendre aux urnes. Gare aux abstentionnistes ! Qui pis est, qu’aucun Burundais ne s’avise de glisser le bulletin « Non » dans l’urne. Mal lui en prendra ! On sait de quoi est capable cette brute épaisse, arrivée par effraction au pouvoir et qui en est aujourd’hui maladivement prisonnière, jusque dans ses tripes… et dans toute son âme de brebis égarée !

N’Kurunziza ne fait que mettre du mercurochrome sur une jambe de bois

Et dire qu’avec ça, le dictateur s’étonne que l’image de son pays se soit sérieusement « dégradée » sur la scène internationale ! Courroucé, il s’est même trouvé un bouc émissaire : son ministre des Affaires étrangères, Alain-Aimé Nyamitwé (le frère de l’autre, Willy, lui aussi tombé en disgrâce), congédié pour n’avoir pas bien fait le job ; c’est-à-dire vendre une meilleure image de son pays à l’extérieur ! Une chose est sûre : ce n’est pas en donnant un autre visage à la diplomatie de son pays, en la personne de Ezéchiel Nibigira, « un dur », que le problème sera réglé. En fait, N’Kurunziza ne fait que mettre du mercurochrome sur une jambe de bois. La cause des malheurs du Burundi, est bien connue : N’Kurunziza.
Cela dit, une révision constitutionnelle signifierait la mise en bière de l’accord de paix d’Arusha qui a mis fin à une décennie de guerre civile au Burundi. Celle-ci s’annonce, hélas, comme une parodie de consultation du peuple, dans un pays aujourd’hui forcé de marcher sur la tête pour faire plaisir à un seul homme. Libertés guillotinées, assassinées sur fond de pouvoir absolu : Ainsi va le Burundi aujourd’hui ! Et voilà dans quelle galère sont désormais empêtrés tous les assoiffés de démocratie, de paix et de liberté. Appelons un chat, un chat : Pierre N’Kurunziza est dangereux. Et il le montre davantage en forçant l’Assemblée nationale burundaise sous sa botte – qui oserait lever le petit doigt contre ce mégalomane élevé aujourd’hui au rang de démiurge ! – à adopter une loi liberticide portant révision du Code de procédure pénale. Ce texte a été, à raison, dénoncé par des ONG locales et internationales. Que dit-il ? Il donne désormais le droit aux policiers, soldats ou agents de service national de renseignement burundais, de mener des perquisitions multiples, c’est-à-dire fouiller tout un quartier ou un secteur, ou s’emparer des données informatiques d’une personne, et tout cela, sans mandat. Un blanc-seing s’il en est, donné aux pratiques illégales et arbitraires auxquelles les forces de l’ordre avaient déjà recours depuis trois ans dans ce pays. Que laissera donc Pierre N’Kurunziza à la postérité ? Plutôt l’image d’un assoiffé de pouvoir qui ne reculait devant rien pour satisfaire ses lubies, et sous le magistère duquel la démocratie aura été sérieusement malmenée et… culbutée.
On dit de l’ex-président Laurent Gbagbo, aujourd’hui détenu à La Haye, instruit par les épreuves de la vie, qu’il a conseillé à ses jeunes frères de savoir faire le bon choix de la femme que l’on veut épouser. On sait le rôle nocif que son épouse, Simone Gbagbo, a joué, à ses côtés, dans sa détermination à aller jusqu’au bout de l’entêtement avec les conséquences que l’on sait pour lui et pour la Côte d’Ivoire. Quid de Mme N’Kurunziza ? A la lumière de l’épaisseur que prend de plus en plus la dictature au Burundi, on imagine difficilement qu’elle ait déjà pensé à tracer, pour son époux, la voie d’une sortie élégante du pouvoir et celle d’une vie d’après-règne paisible et tranquille. Mais le couple N’Kurunziza a-t-il seulement jamais eu la force morale de s’imaginer un jour, hors du pouvoir ? On en doute fort.

Cheick Beldh’or SIGUE


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