HomeA la uneRETRAIT DE L’EGLISE CATHOLIQUE DES ASSISES TCHADIENNES ET MANIFS ANNONCEES DE WAKIT TAMA : Le pronostic vital du dialogue engagé ?  

RETRAIT DE L’EGLISE CATHOLIQUE DES ASSISES TCHADIENNES ET MANIFS ANNONCEES DE WAKIT TAMA : Le pronostic vital du dialogue engagé ?  


Entamé le 20 août dernier, en grande pompe, le Dialogue national inclusif et souverain (DNIS) au Tchad, traverse, de nouveau, une zone de turbulences. En effet, suite à l’échec de la médiation conduite par l’Eglise catholique et les aînés, la conférence des Evêques du Tchad a décidé de se retirer définitivement des assises du DNIS. Elle justifie sa décision, entre autres, par le fait qu’elle s’est rendu compte d’une « volonté de mainmise d’un groupe sur ce processus alors qu’il devait être un exercice d’écoute réciproque dans le respect mutuel ». Et comme si cela ne suffisait pas, le mouvement Wakit Tama a annoncé dans la foulée, sa décision de reprendre sa liberté d’action et invite le peuple tchadien à des manifestations le mercredi et le vendredi prochains. C’est dire si le dialogue national est en sursis. Pour autant, son pronostic vital est-il engagé ? Difficile pour l’instant de répondre par l’affirmative. Mais une chose est certaine, tous les ingrédients sont en train d’être réunis pour que la montagne accouche d’une souris. On est d’autant plus porté à le croire que lorsque l’on fait un pas en avant, on en fait deux en arrière. A quand donc la fin de la danse du tango ?  Ce serait un véritable gâchis que ce dialogue qui est considéré comme celui de la dernière chance, n’aboutisse pas. Le président du Conseil militaire de transition du Tchad, le général Mahamat Idriss Deby, doit savoir une chose : on ne fait pas la paix avec ses amis mais avec ses ennemis. Il ne sert à rien donc de persister à poursuivre un dialogue qui n’en est pas un. Si des organisations comme les Transformateurs, Wakit Tama, les groupes politico-militaires, boycottent ces assises, c’est sans nul doute parce que les conditions d’écoute mutuelle ne sont pas remplies.

 

On a comme l’impression que le nouveau maître de Ndjamena veut faire de ce dialogue national une entourloupe

 

En vérité, les dés étaient pipés dès le départ et tant que le général Deby ne changera pas son fusil d’épaule, les chances d’avoir l’adhésion de ceux qui boycottent ce dialogue, resteront minces. C’est vrai qu’il est difficile d’obtenir l’unanimité au regard des intérêts divergents, des vieilles rancœurs et de la haine viscérale que nourrissent certains fils du Tchad à l’égard d’autres, mais Deby fils aurait donné suffisamment de gages qu’on n’en serait pas là. Le simple fait de parler de participants ayant le droit de vote, est suffisamment révélateur de la volonté des dirigeants d’opérer des manœuvres à des desseins inavoués et inavouables, puisqu’ils sont majoritaires. Il aurait fallu adopter le principe du consensus, quitte à remettre à plus tard, les points non consensuels. On a comme l’impression que le nouveau maître de Ndjamena veut faire de ce dialogue national une entourloupe afin d’obtenir une caution populaire pour installer dans la durée, ses pénates au palais présidentiel de Ndjamena. Si le dialogue a pris une fois de plus du plomb dans l’aile, c’est parce qu’il manque de sincérité. Le président de la Transition doit se convaincre d’une chose : le Tchad n’est pas un patrimoine des Deby. C’est dire s’il aurait tort de croire que le destin de la Nation tchadienne est lié au sien. Les temps ont changé et Deby fils doit comprendre la soif de démocratie des Tchadiens. C’est déjà à son honneur de chercher à résoudre les problèmes des Tchadiens par le dialogue et non pas par les armes, mais cela ne l’autorise pas à contraindre par la force ou par la ruse, ses compatriotes à adhérer à son projet dynastique. Si malgré la richesse de son sous-sol, le Tchad peine à nourrir et à soigner convenablement son peuple, c’est parce que son défunt père qui a régné sur le pays pendant trois décennies, n’a été ni un démocrate ni un visionnaire. Vouloir confisquer le pouvoir pour perpétuer l’œuvre d’un tel dictateur, serait prolonger la souffrance du peuple tchadien. En tout état de cause, il serait bon que chacun mette de l’eau dans son vin afin de trouver un modus vivendi pour donner plus de chances de succès à ce dialogue. Cela est d’autant plus nécessaire qu’il y va de l’avenir de la Nation tchadienne.

 

Dabadi ZOUMBARA    


No Comments

Leave A Comment