HomeA la uneREVEILLON DU 31 DECEMBRE 2016 : Les maquis et bars n’ont pas chômé

REVEILLON DU 31 DECEMBRE 2016 : Les maquis et bars n’ont pas chômé


 

La transition entre deux années a toujours été un moment particulier dans le monde entier. Le Burkina Faso n’y fait pas exception. Dans la capitale, à Ouagadougou, la nuit de la Saint Sylvestre est vécue avec beaucoup de joie. Chacun y va de sa manière, selon ses convictions et ses moyens. En effet, si certains ont pris d’assaut les maquis, boîtes de nuit et autres lieux de divertissement pour vivre le réveillon, d’autres ont préféré faire un tour d’abord à l’église avant, soit de se joindre au «sShow », soit de regagner la maison et fêter en famille. C’est du moins le constat que nous avons fait dans la nuit du 31 décembre 2016 au 1er janvier 2017, en parcourant quelques artères et lieux de divertissements de la ville.

S’il y a une chose qui n’est pas passée inaperçue et que les Ouagalais ont pu apprécier lors de ce réveillon, c’est l’utilisation modérée des pétards. Les années antérieures, à cette période, c’est le bruit des pétards dans les différents quartiers qui caractérisait le début des festivités chez certains. Heureusement, avec la campagne de sensibilisation qui a précédé les fêtes, bon nombre de personnes se sont gardées de les utiliser. Le 31 décembre 2016, c’est donc dans un calme apparent que nous quittions notre quartier, les 1200 Logements, pour une randonnée, afin de prendre le « pouls de la ville », en cette période de fêtes. Il était 22h. Lentement, nous décidâmes de nous diriger vers la Patte d’Oie. Le trafic, contre toute attente, n’était pas assez dense et par conséquent, moins bruyant. « On dirait que cette année-là, les gens ne vont pas sortir hein !», lance mon confrère perché derrière moi sur la motocyclette. « On ne sent pas la fête », marmonne-t-il. « Tu as parlé un peu trop tôt », lui dis-je en indexant du doigt un attroupement au niveau du rond-point de la Patte d’Oie.  Un groupe de personnes y était, en effet, pour des séances de photos. Ils étaient nombreux, garçons comme filles à profiter de la pelouse et de l’éclairage qu’offrent les lieux pour poser et prendre de belles photos souvenir. Ce n’est pas si souvent que l’on voit un tel scénario. Preuve donc que l’esprit de la fête est bel et bien installé. Il était 22h 30. Nous décidons de mettre le cap sur Gounghin, quartier « aux milles maquis », en empruntant l’avenue Bassawarga.  Au niveau de la cathédrale, nous bifurquons à gauche en direction du stade Issouf Joseph Conombo. Sur la rue Mogho Naaba, nous tombons sur une scène peu ordinaire. Un homme juché sur une mobylette manque son virage, percute violemment un des piliers qui jonchent la voie et perd l’équilibre. La chute est inévitable et le choc alerte les passants qui se précipitent vers l’infortuné. Nous en faisons autant. Heureusement, l’homme que nous trouvons couché n’a aucune blessure apparente. Il ne demandait qu’une chose, qu’on le laisse dormir, preuve qu’avant même sa chute, il n’avait pas tous ses réflexes, l’alcool ayant fait son oeuvre. Après quelques hésitations, il se lève finalement. L’air plus confiant, il enfourche sa moto et rassure ceux qui sont venus le secourir avant de continuer son périple.  Il était 23h 05. Nous continuons notre chemin, en direction du Théâtre populaire. La circulation devient de plus en plus dense, mais nous ne remarquons pas de débordements majeurs. Les éléments des Forces de défense et de sécurité veillent au grain. Postés à tous les grands carrefours de la ville, souvent avec des armes ils ne laissent pas vraiment le choix à ceux qui veulent rouler à vive allure et brûler les feux tricolores.

Ph.E.K

“Il n’y a pas d’argent, mais ce n’est pas l’argent seulement qui est source de joie “

Sur l’avenue Ouezzin Coulibaly que nous abordons maintenant, comme sur les autres avenues d’ailleurs, difficile de ne pas remarquer les débordements au niveau des parkings de maquis et bars. Signe que les Ouagalais ont commencé à investir ces lieux. A 23h 20, nous voici sur l’avenue Kadiogo. A certains endroits de cette avenue où sont installés des maquis, la piste cyclable est bouchée par des attroupements. Chacun négociant avec le gérant de parking pour, soit garer, soit faire sortir sa motocyclette. Nous négocions le passage dans ce brouhaha et cherchons à vite rejoindre Tampouy en empruntant les nombreuses déviations ouvertes depuis le démarrage des travaux de construction de l’échangeur du Nord. Minuit approchait à grands pas. Au carrefour de la Jeunesse, à Tampouy, rien d’anormal à part quelques groupuscules de jeunes qui ont décidé de stationner à cet endroit. Certainement, un point de ralliement… A 23h 45, nous voilà devant l’un des plus grands maquis du quartier : le maquis « Hollywood ». Le hall du maquis est plein à telle enseigne qu’il était difficile de se frayer un chemin. Les tables sont coincées et les espaces qui servent de passage sont transformés en piste de danse.  Auprès des clients debout pour danser au rythme de l’un des tubes de l’artiste malien Sidiki Diabaté, nous nous frayons un chemin pour nous rendre au comptoir afin de voir le gérant. Celui-ci nous met en contact avec le propriétaire du maquis, Fayçal Compaoré, qui venait de stationner devant le maquis, accompagné d’un groupe de jeunes qui transportaient des chaises. « Tout se passe bien. Grâce à Dieu, on ne se plaint pas », a-t-il lancé, visiblement fatigué. Mais, il nous fait remarquer qu’il y a quand même une légère différence au niveau de l’ambiance et de l’affluence, comparativement aux années antérieures. Cela, selon lui, est à mettre au compte de la morosité de l’économie et des évènements qu’a connus le pays au cours de l’année 2016. « L’année dernière, à partir de 20h, on ne pouvait plus retenir les gens. Actuellement, il est presque 24h et il n’y a pas assez de monde », a-t-il relevé.  Pourtant, au parking du maquis, des centaines de motocyclettes étaient garées. « Ça, ce n’est rien », lance, stoïque, le gérant du parking, Abdoulaye Sawadogo, lorsque nous lui avons demandé l’appréciation qu’il faisait de l’affluence. Pour lui, les réveillons passés ont draîné plus de monde que celui-ci. « Mais, il n’est pas encore minuit et on attend toujours de voir », a-t-il souligné. Après le gérant du parking, nous interceptons Richard Saba, un des clients, venu fêter avec sa compagne. « Il n’y a pas d’argent, mais ce n’est pas l’argent seulement qui est source de joie. Le plus important, c’est d’avoir la santé », a-t-il dit. A ce moment précis, il était minuit. Nous interrompons l’interview et échangeons quelques accolades. Des cris de joie accompagnés des « Vive 2017 !» se laissaient entendre dans le maquis. Le ciel, lui, est illuminé par des feux d’artifice. Nous nous laissons, quelques secondes, emporter par l’ambiance avant de revenir à la tâche. Cette fois-ci, c’est à un vendeur de poisson braisé, Seydou Silga, que nous tendons notre micro. Il est tout joyeux, certainement parce que, tout comme les autres, il a passé la transition en bonne santé. « Tout va bien à notre niveau. L’essentiel pour nous, c’est la santé. Nous ne constatons pas beaucoup de pétards. Sinon, la clientèle n’est pas au rendez-vous, mais on ne se plaint pas », nous a laissé entendre Seydou Silga. Il était 00h 15 quand nous quittions le quartier Tampouy pour la Place de la mairie.

Ph.dr

« Il y aura beaucoup de magie pour 2017 »

Au croisement de l’avenue Yatenga et celle du Kadiogo, l’ambiance était tout autre. « Ouaga la belle », était-on tenté de dire, à la vue des jeux de lumières accrochés aux lampadaires et qui donnaient un décor particulier aux lieux. A la hauteur du bâtiment de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), pas question d’aller plus loin avec un engin. La sécurité déployée était encore plus impressionnante car, au niveau de la Place de la mairie, se tenait un concert géant. L’international Meiway, le concepteur du zoblazo, s’y produisait pour le grand bonheur des mélomanes. Le maire de la commune, Armand Béouindé, y était également. A 1h, de retour à Gounghin, nous fîmes escale dans la pâtisserie Sessika. La terrasse était bondée de monde et le gérant, Idrissa Fayama, malgré la pression qu’il subissait, accepta de nous accorder quelques minutes. « La transition 2016-2017 s’est passée dans une très bonne ambiance à notre niveau. Nous n’avons pas eu de soucis majeurs », a-t-il commenté, tout en jetant des coups d’œil furtifs sur sa clientèle. Après avoir pris congé de lui, nous débarquons chez son voisin, au niveau du maquis « Sport bar ».  A l’entrée, la sécurité est impressionnante. Tous les clients étaient fouillés et passés au détecteur des métaux avant d’accéder au bar. Nous nous présentons et l’on nous permis d’entrer facilement, après le contrôle, accompagnés du gérant. Les va-et-vient dans les toilettes et la démarche hésitante de certains en disaient long sur leur état d’ébriété. Dans le maquis, on jouait de la musique. Noélie Gnimien que nous avons rencontrée à la porte, nous raconte comment elle a vécu la transition 2016-2017.  « Tout s’est bien passé et on est en bonne santé. Pour cette nouvelle année, je souhaite la santé à tous les Burkinabè et que la paix règne au Burkina Faso », a-t-elle lancé. Visiblement fatiguée, elle prenait congé du « Sport bar », accompagnée de son époux. Ceux qui étaient restés avaient encore de l’énergie à revendre. En effet, sur la piste de danse du « Sport bar », on ne pouvait pas se permettre de faire des « roukaskas ». Il fallait danser serrés, tant la piste était pleine à craquer. L’orchestre n’a pas laissé de répit aux clients qui ont pu savourer le spectacle qui leur était offert. « Nous jouons de la variété burkinabè, africaine et internationale ; toutes générations confondues bien entendu », nous a confié, le visage en sueur, Michel Tiendrebéogo, artiste- musicien-compositeur, chef d’orchestre. Sylvain Gomez et ses amis y ont également trouvé leur compte. «  On s’amuse très bien les autres soirs ; alors on est revenu pour fêter le 31 décembre », a-t-il dit.  Mais, si certains Ouagalais ont choisi de sortir pour aller dans les lieux de divertissement, d’autres ont préféré rester à la maison et passer la transition en famille. C’est le cas de la star burkinabè Imilio le Chanceux que nous avons rencontré à la Patte d’Oie où nous avons décidé de repasser avant de regagner nos pénates. Nous décidons de le suivre et d’avoir ses premières réactions en ce début d’année. « 2016 a été une belle année pour moi. Aujourd’hui, 31 décembre 2016, c’est aussi l’anniversaire de mon manager. Je suis venu ici après être passé à l’église pour donner ma vie à Dieu. Je passe le réveillon donc avec mes amis et c’est mieux ainsi, car la nuit du 31 est beaucoup agitée d’habitude », a-t-il fait savoir, avant de poursuivre : « Mon souhait est que 2017 soit encore meilleur. Nous avons plein de projets. Il y aura beaucoup de magie en 2017 ». A cette fête familiale, ils étaient nombreux les satrs de l’écran qui y étaient. Entre autres, Chocho, Augusta Palenfo et l’inspectrice Mouna de la série « Commissariat de Tampy ». « Nous avons très bien vécu cette transition, du moment où nous sommes en bonne santé, en famille et accompagnés d’amis. Nous sommes toujours en pleine fête et tout va très bien. Pour 2017, nous avons beaucoup de projets. Je souhaite bonne et heureuse année à tout le monde », nous confie Mouna. Il était déjà 3h 30 lorsque nous décidâmes de retourner chez nous. La ville était toujours bouillonnante, les Ouagalais allaient et venaient comme si l’on était en plein jour.

Adama SIGUE


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