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SECOND TOUR DE LA PRESIDENTIELLE EN GUINEE BISSAU : Tout faire pour que l’histoire ne se répète plus


Le second tour de la présidentielle en Guinée Bissau a eu lieu hier, 18 mai 2014. Elle a opposé José Mario Vaz, candidat du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC) à Nuno Nabiam, candidat sans étiquette qui bénéficie du soutien du parti de feu Kumba Yala, l’ancien président de la République. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’à l’instar du premier tour du 13 avril dernier, le second tour s’est déroulé dans le calme et l’entre-deux-tours n’a enregistré aucune tension. C’est tout à l’honneur de la classe politique bissau-guinéenne, mais aussi et surtout de l’armée qui souffle le chaud et le froid dans ce pays.

Le risque d’une intrusion de l’armée dans le processus électoral n’est pas à exclure

C’est elle d’ailleurs qui avait fait capoter la présidentielle de 2012, lorsque contre toute attente, elle s’était, dans l’entre-deux-tours, immiscée dans le jeu politique, allant jusqu’à attenter à la vie d’un candidat, le contraignant ainsi à l’exil. Cette fois-ci, on semble loin de ce scénario, même si le risque d’une intrusion de l’armée dans le processus électoral n’est pas à exclure. Surtout que l’un des candidats en lice, Nuno Nabiam, est de plus en plus présenté comme étant le « pion du général Antonio Indjai », le chef d’Etat-major de l’armée bissau-guinéenne qui a dirigé le putsch, en avril 2012.
Comment donc ne pas redouter dans ce cas une contestation post-électorale ? Quand dans un pays l’armée, qui devrait maintenir l’équilibre et l’harmonie, joue les trouble-fêtes, il est difficile de parler de démocratie.
Et dans un pays en proie  à la violence  comme la Guinée Bissau, il y a lieu  de s’en inquiéter sérieusement. Le tout n’est pas d’organiser une élection, mais de faire accepter les résultats. Cela dit, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), qui a longtemps soutenu à bout de bras le pays d’Amilcar Cabral, doit mettre un point d’honneur à aplanir toutes les difficultés en faisant en sorte que la proclamation des résultats attendue dans les tous prochains jours, ne plonge pas le pays dans la violence.
Pour ce faire, elle doit aider le futur président à réformer l’armée bissau-guinéenne qui, on le sait, est pleine d’affairistes et de contrebandiers de tout poil.

On croise les doigts en espérant que ce second tour permettra à la Guinée Bissau de tourner définitivement la page de deux années de transition

La CEDEAO doit achever le boulot qu’elle a entamé depuis belle lurette, si elle ne veut pas que ce qu’elle a construit hier seulement soit déconstruit par des chevaliers de la violence, qui ne jurent que par leurs intérêts. Il faut tout faire pour que l’histoire ne se répète plus en Guinée Bissau, ce petit pays qui, en dépit de ses richesses écologiques, apparaît comme une honte pour la sous-région ouest-africaine, pour ne pas dire du continent tout entier. Elle ressemble à bien des égards à la Colombie ou à la Birmanie où, forte de son pouvoir, l’armée fait la pluie et le beau temps ; toute chose qui plombe sérieusement son développement socio-économique.
Car, c’est une lapalissade de dire qu’aucun bailleur de fonds ne prendra le risque d’investir dans un pays comme la Guinée Bissau, où l’instabilité le dispute à la violence parfois digne d’un autre âge. En tout cas, pour l’heure, on croise les doigts en espérant que ce second tour permettra à la Guinée Bissau de tourner définitivement la page de deux années de transition. C’est tout le mal que l’on souhaite au peuple bissau-guinéen.

Boundi OUOBA


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