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SOMMET D’ACCRA SUR LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME : Aller au-delà des belles résolutions


Il s’est ouvert, le 22 novembre 2022, à Accra au Ghana, un sommet rassemblant les chefs d’Etat de l’Initiative d’Accra. Y prennent part les pays membres, notamment le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Togo. Le Niger et le Mali y assistent en qualité d’observateurs. Dans la perspective de ce sommet, depuis le 17 novembre dernier, les experts des différents pays ont cogité sur les moyens d’accroître la coopération en matière de sécurité et de renseignement et les résultats de leurs travaux ont alimenté le menu des échanges de la réunion ministérielle qui a précédé la rencontre des chefs d’Etat. En attendant les conclusions de ce sommet, l’on peut déjà saluer la création même de ce cadre destiné à fédérer les énergies des pays de la sous-région ouest-africaine, pour stopper les violences terroristes qui, progressivement, s’étendent du Sahel vers les côtes du Golfe de Guinée. En effet, malgré les efforts déployés par les différents Etats, à titre individuel ou dans le cadre de la coopération bilatérale ou multilatérale, la réponse jusque-là apportée aux incursions meurtrières des groupes armés, reste largement en deçà des attentes sécuritaires des populations qui, quand elles échappent aux raids meurtriers des hommes armés, n’ont d’autre choix que de prendre le chemin de l’errance ou de l’exil.

 

Il était tout indiqué que les Etats expérimentent de nouveaux cadres de coopération

 

Si les pays côtiers n’en sont qu’aux débuts de la tragédie, les pays de l’intérieur, eux, se retrouvent installés dans l’œil du cyclone. Le Burkina Faso est classé 4e sur la liste des pays les plus affectés par les violences terroristes. Il était donc tout indiqué que les Etats expérimentent de nouveaux cadres de coopération pour trouver les voies les plus efficaces pour stopper la métastase du cancer terroriste qui menace la stabilité de tous les Etats de l’Afrique de l’Ouest. Cette initiative d’Accra est d’autant plus à saluer qu’elle apparait comme une initiative endogène qui traduit la prise de conscience des Etats africains quant à la nécessité d’assumer leur souveraineté dans un contexte où les discours souverainistes foisonnent sur le continent. Face à la désintégration du G5 Sahel accusé d’être tenu en sous-main par la France, l’Initiative d’Accra parait comme une excellente alternative pour combler le vide laissé par cette organisation qui est très vite apparue comme un géant aux pieds d’argile.  Cela dit, si l’on peut se féliciter de l’Initiative d’Accra portée sur les fonts baptismaux en 2017, l’on ne doit pas perdre de vue que la problématique actuelle de la lutte contre l’insécurité, n’est pas l’existence ou l’absence de cadres de coopération, mais plutôt l’absence de résultats. A titre illustratif, la MINUSMA et le G5 Sahel opèrent dans l’espace sous-régional depuis quelques années déjà, sans que leurs actions ne portent un coup d’arrêt à l’expansion des forces du mal.

 

Il faut envisager des solutions structurelles

 

C’est pourquoi il importe que dans le cadre de l’Initiative d’Accra, les bonnes questions soient posées afin de trouver les bonnes réponses. Et cela n’est certainement pas la mer à boire dans la mesure où le mode opératoire et les activités qui constitueront la feuille de route de l’organisation, ne seront pas dictés par des agendas étrangers. Cela dit, les gages de succès de l’Initiative dépendront essentiellement de trois principales conditions à satisfaire. La première condition est la claire définition des balises qui encadrent le fonctionnement de l’organisation. Au-delà de la question de la répartition des responsabilités, c’est la maniabilité de l’organisation pour lui garantir le plus d’efficacité, qui est, ici, en jeu. En effet, il ne servira à rien de prendre de belles résolutions lors des rencontres et sommets de l’organisation, si celles-ci sont destinées à une mort certaine dans les couloirs de l’administration du fait de la complexité des procédures. La seconde condition, c’est la claire perception des moyens de lutte contre le terrorisme. Il est connu que la réponse militaire jusque-là opposée au développement des idéologies violentes, n’est pas la panacée. C’est pourquoi, au-delà de la coopération militaire qui focalise toutes les attentions de l’Initiative d’Accra, il faut envisager des solutions structurelles qui permettent de tarir les sources de financement du terrorisme dans les Etats membres. A titre illustratif, l’on sait que les activités de fraude transfrontalière, sont l’un des moyens les plus efficaces pour financer ou approvisionner les bandes armées. Les lignes de la coopération doivent donc nécessairement mettre fin à ces activités qui renforcent la puissance de feu des groupes armés. Enfin, la troisième et dernière condition, c’est une claire définition des priorités. L’on sait, par exemple, que le G5 Sahel a voulu tellement embrasser large qu’il s’est trouvé plombé dans son envol. De ce fait, il a fini par ressembler à l’albatros tel que défini par le poète Charles Baudelaire. Cela dit, s’il est vrai que tout est urgent, il y a des priorités dans les urgences qu’il faut savoir identifier. Cela est d’autant plus vrai que très souvent, les Etats se trouvent engagés sur de nombreux fronts avec l’incapacité même de satisfaire aux obligations de leurs engagements.

 

« Le Pays »    

          


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