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SOMMET DE BRAZZAVILLE SUR LA RDC


 Que peuvent encore la SADC et CIRGL ?

Initialement prévue pour se tenir le 23 décembre dernier, l’élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC) a été repoussé d’une semaine, pour, officiellement, des raisons de logistique. A en croire la Commission électorale nationale indépendante (CENI) qui en a fait l’annonce à quelque 48 heures de la date du scrutin, ce report est surtout lié à l’incendie d’un de ses entrepôts à Kinshasa, qui a vu une partie du matériel électoral partir en fumée. Une situation qui a de quoi inquiéter d’autant plus qu’elle vient en rajouter à la situation de tension qui prévaut dans le pays, relativement à ces élections qui se font attendre depuis 2016.

Tout ou presque divise les Congolais

C’est dans ce contexte de méfiance entre les différents protagonistes sur fond de violences, que se tient, ce 26 décembre à Brazzaville, un sommet conjoint des chefs d’Etat de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) et de la Conférence internationale sur la région des grands lacs (CIRGL) pour se pencher sur la situation en RDC.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que les voisins du Kabilaland sont aussi inquiets que les observateurs de la scène politique congolaise, par rapport à ces élections qui doivent désigner le successeur de Joseph Kabila au Palais de marbre de Kinshasa. Quand on sait que ce n’est pas de gaieté de cœur que ce dernier est appelé à passer le témoin, l’on comprend toutes les difficultés que les Congolais rencontrent dans l’organisation de ces élections qui ont déjà été reportées par trois fois. Et rien ne dit que la date du 30 décembre prochain sera tenue, tant le pouvoir de Joseph Kabila a suffisamment fait montre de mauvaise foi en multipliant les entraves pour retarder le plus possible le scrutin à l’effet de tracer un chemin royal pour le candidat du parti au pouvoir, Emmanuel Ramazani Shadary. Et tout porte à croire que c’est l’homme fort de Kinshasa qui dicte le tempo de cette course à l’échalote qu’il ne veut voir personne d’autre remporter que son poulain, dans un pays qui se dit pourtant démocratique. Et comme tout ou presque est fait pour que le saint graal n’échappe pas au dauphin désigné de Kabila, l’on se demande ce que peuvent encore la SADC et la CIRGL dans une élection qui remplit tous les ingrédients d’une déflagration. Car, du fichier électoral aux machines à voter, tout ou presque divise les Congolais dont les couteaux sont visiblement déjà tirés, dans l’attente d’un scrutin qui suscite inquiétudes et interrogations, tant nul ne saurait dire avec certitude de quoi demain sera fait.

Cela dit, si l’on peut saluer l’initiative de ces deux organismes sous-régionaux, l’on peut tout de même se poser des questions sur l’opportunité de la tenue d’un tel sommet, à quelque quatre jours seulement du scrutin, au moment où le fossé de la méfiance s’est davantage creusé entre les frères ennemis congolais. Si ce n’est pas le médecin après la mort, cela y ressemble fort. En tout cas, on se demande si ce sommet n’arrive pas un peu trop tard pour une crise qui dure depuis maintenant deux ans. D’autant plus que l’on ne voit pas comment ils pourraient, en si peu de temps, faire entendre raison aux différents protagonistes qui sont visiblement dans la logique du « ça passe ou ça casse ».

Le sommet de Brazzaville a peu de chances de changer fondamentalement la donne en RDC

En tout cas, la SADC et la CIRGL auraient pu mieux accompagner les Congolais en prenant de l’avance sur le problème, au moment où se dessinaient les prémices du chaos.  Encore que bien de ces têtes couronnées de cette sous-région, à l’image de l’hôte même de ce sommet conjoint, Denis Sassou Nguesso, pour ne pas le nommer, sont mal placés pour donner des leçons de démocratie à un Joseph Kabila qui, quoi qu’on dise, est en train d’être poussé à lâcher prise pour faire place au jeu de  l’alternance. C’est dire si ce sommet de Brazzaville a peu de chances de changer fondamentalement la donne en RDC où le pouvoir est dans la logique du pis-aller pour créer les conditions de succès de son candidat. Brazzaville ne changera donc rien à Kinshasa.

 A moins que toute cette agitation de ces organisations sous-régionales, ne vise finalement qu’à se donner bonne conscience en donnant l’impression de ne pas abandonner la RDC à elle-même.

En tout état de cause, là où l’Organisation des nations unies et l’Union africaine  n’ont pas pu raisonner Kabila, l’on se demande si la SADC et CIRGL réussiront à lui faire entendre raison. C’est tout le mal qu’on puisse leur souhaite.

En attendant, on croise les doigts pour que ces élections qui tiennent le peuple congolais en haleine depuis plus de deux ans, se tiennent avec le moins de casses possibles pour ouvrir enfin la succession de celui-là qui tient les rênes du pays depuis près de 17 ans.

 « Le Pays » 


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