HomeA la uneSORTIE DE BLAISE COMPAORE DANS JEUNE AFRIQUE:Sentiment de frustration d’accord, mais dépassement de soi d’abord

SORTIE DE BLAISE COMPAORE DANS JEUNE AFRIQUE:Sentiment de frustration d’accord, mais dépassement de soi d’abord


« Non, je n’ai encore rien décidé. Je suis toujours dans ma réflexion, j’écoute les uns et les autres. Sur la question du référendum pour supprimer la limitation du nombre de mandats, comme sur celle de ma candidature, si ce dernier la rendait possible. Il n’est d’ailleurs pas exclu, même si l’article 37 de notre Constitution venait à être modifié, que je m’arrête en décembre 2015, comme c’est pour l’instant prévu ». Ainsi, répondait le président du Faso, Blaise Compaoré, à un journaliste étranger qui lui posait la question sur les intentions qu’on lui prête de vouloir modifier la Constitution afin de briguer un nouveau mandat. J’ai lu cela dans Jeune Afrique, le lundi 15 juillet dernier, lorsque je me suis introduit dans le salon de mon oncle Omar qui dormait à poings fermés.

 

Le Blaiso fait fausse route

Le journal était déposé sur la table et j’ai vu en gros plan la photo du Blaiso. Curiosité aidant, j’ai pris le canard et j’ai commencé à le feuilleter. Et c’est là que je suis tombé sur la grande interview que le Blaiso a accordée à Jeune Afrique. Tout de suite, j’ai eu un gros pincement au cœur parce qu’une fois de plus, c’est à un médium étranger que le président fait la part belle. Ce qui, j’en suis sûr, n’a pas été sans susciter la jalousie de mes amis journalistes burkinabè qui ont rarement droit à ce genre de moments privilégiés avec le chef de l’Etat. Mais, quelque part, je me suis dit qu’en décidant de parler dans les médias internationaux, le président du Faso a voulu que ses propos aient un large écho. Et ça, je peux le comprendre. Cela dit, pour revenir aux propos même du Blaiso dans les colonnes de Jeune Afrique, j’avoue que je me perds en conjectures. Certes, je peux comprendre ses frustrations liées au départ de certains de ses compagnons qui tirent aujourd’hui à boulets rouges sur lui. C’est humain. Mais de là à tenir au référendum dans l’unique but de leur clouer le bec, de s’attaquer à eux, je pense que le Blaiso fait fausse route. Sentiment de frustration d’accord. Mais intérêt de la patrie d’abord ! Autrement, on dirait alors que tout se passe comme si l’on faisait face à une querelle d’individus qui affecte toute la nation. Non ! Je suis contre cela.

L’Afrique doit appliquer la démocratie en toute franchise

Par ailleurs, pourquoi dépenser autant d’argent pour organiser un référendum juste pour se lancer un défi sur fond de vengeance ?

Comme le dit l’adage : « Qui peut le plus peut le moins ». Le plus dur ici pour Blaise Compaoré, c’est de réussir à sauter le verrou de la limitation du nombre de mandats présidentiels, son projet tant contesté. Une fois cette étape passée, le moins difficile sera de se présenter comme candidat en 2015, puisque rien, constitutionnellement, ne l’en empêcherait alors.

Le chef de l’Etat a évoqué la possibilité de ne pas se représenter, dans l’interview livrée à Jeune Afrique. Si, in petto, il sait qu’il ne se relancera pas dans la course, alors, pourquoi dresser les Burkinabè les uns contre les autres ? A moins que tout cela ne soit que charme du serpent; notamment quand il dit au journal qu’il n’est pas exclu qu’il remette le naam en fin décembre 2015 !

Peut-être veut-il « blaguer tuer » pour reprendre l’expression de mes amis fous au pays d’Alassane Dramane Ouattara.

Pour ma part, je me pose la question suivante : si Blaise Compaoré peut organiser le référendum et s’en aller, autant laisser intacte la Constitution, puisque je ne suis pas sûr que ce soit le meilleur héritage, en termes d’avancées démocratiques, qu’il puisse laisser aux Burkinabè, une modification de la loi fondamentale pour dynamiter l’article 37.

Ma vérité, fût-elle sortie de la bouche d’un fou, est qu’une alternance pacifique est toujours préférable à des réformes qui, en elles-mêmes, constituent des germes de contestations futures, dangereuses pour la Nation.

Et puis, quand Blaise Compaoré dit qu’on a tendance à « appliquer à l’Afrique les concepts occidentaux de gouvernance », j’ai beau triturer mes méninges de fou, je n’arrive pas à le suivre.

La démocratie est universelle. Ses principes aussi. Si l’Afrique s’est engagée a appliquer la démocratie comme mode de gouvernance, elle se doit de l’appliquer en toute franchise. Mais comme je le sais, beaucoup de dirigeants sur le continent n’éprouvent pas trop de difficultés à s’octroyer une démocratie “tropicalisée” taillée sur mesure qui leur ouvre la voie au pouvoir à vie. Moi aussi, avant de péter les plombs, j’ai été à l’école ! Que croyez-vous ? Et sur les bancs, l’on m’a enseigné qu’une démocratie sans alternance, c’est comme une tortue sans carapace. Et l’alternance suppose un changement d’hommes au sommet de l’Etat. Même fou, je sais cela. Mes études de Sciences politiques à l’université de Yoalimbu dans la commune de Logobou, ne me permettent pas de douter de cette impérieuse nécessité.

« Le Fou »


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