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SORTIE DE LA CENCO EN RDC


L’Eglise veut-elle sauver le soldat Tshisekedi ?

En RDC, la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) suit la marche du pays comme du lait sur le feu. En effet, en invitant, au cours d’une conférence de presse tenue le 4 mars 2019, « les nouveaux gouvernants à rompre radicalement avec les anti valeurs des anciens régimes et à donner des assurances concrètes d’une meilleure gouvernance », elle démontre, à souhait, qu’elle reste fidèle à sa mission de contribuer à l’édification d’une société démocratique, plus juste et pour la préservation du bien commun. Droite dans ses bottes, la CENCO a, à l’occasion, réaffirmé que le verdict des urnes lors de la présidentielle du 30 décembre dernier, selon les compilations de sa mission d’observation, ne donnait pas Félix Tshisekedi vainqueur. Ce qui ne l’empêche pas, tout de même, de prendre acte de son élection, tout en exhortant le nouveau président à gouverner autrement en luttant contre la corruption. « Rompre radicalement avec les anti valeurs des anciens régimes », tel est donc le vœu de l’Eglise congolaise.

Cela dit, si cette sortie de la CENCO ne manque pas de donner de l’urticaire aux acteurs de cette mascarade électorale et aux partisans de Félix Tshisekedi considéré comme mal élu, elle vient, à bien des égards, comme une bouffée d’oxygène pour le nouveau dirigeant de la RDC. En effet, depuis son avènement au trône, Tshisekedi s’est vêtu de tous les oripeaux de président mais la réalité du pouvoir semble lui échapper. Jusque-là, il n’a pas encore réussi à démentir, à travers des mesures fortes, qu’il est l’homme lige de Joseph Kabila encore moins à montrer qu’il a non seulement le profil de l’emploi, mais aussi qu’il a véritablement toutes les cartes en main. Faute de majorité parlementaire, et du fait que le président sortant, selon des observateurs, a verrouillé tous les leviers économiques et militaires, son successeur désigné est, pour le moment, contraint à une gouvernance téléguidée.

Pendant combien de temps Félix Tshisekedi va-t-il continuer à payer le prix de la compromission qui l’a fait roi sans diadème ?

L’Eglise catholique connaissant bien cette réalité des choses veut-elle sauver le soldat Tshisekedi en l’invitant solennellement à nettoyer vigoureusement les écuries d’Augias qu’il est venu trouver ? En tout cas, cette sortie de la CENCO fait moralement et politiquement du bien à Félix Tshisekedi qui, pour l’heure, exerce un pouvoir qui s’apparente à une coquille vide. Cela dit, on est tenté de croire que le fils du Sphinx de Limeté est en train de payer pour sa posture de Judas, pour s’être désolidarisé de ses camarades de l’opposition en crachant sur l’accord de Genève. Et pendant combien de temps va-t-il donc continuer à payer le prix de cette compromission qui l’a fait roi sans diadème ? Il faut à présent espérer que le cri du cœur de la CENCO lui donne suffisamment de tripes qui lui permettent de pouvoir s’affranchir de la tutelle de Joseph Kabila. En tout cas, il aura comme alliée l’Eglise, pour peu qu’il affiche une réelle volonté de marquer la rupture avec la précédente gouvernance, comme le clergé l’a souhaité et conformément à la soif d’alternance exprimée par le peuple congolais. Ne parvenant toujours pas à se donner un gouvernement, toute chose qui ne lui permet pas de mettre en œuvre sereinement son programme de développement, la sortie de la CENCO devrait donner à Félix Tshisekedi le courage d’aller vite et bien dans la nomination prochaine d’un Premier ministre à la tête d’un gouvernement qui ne doit pas échapper à son contrôle. A condition que lui-même se mette résolument dans la posture du refus de jouer les faire-valoir de Joseph Kabila.

 

Drissa TRAORE


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