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SORTIE DE LA CONFERENCE EPISCOPALE SUR LES ELECTIONS AU TOGO


Une semaine après l’annonce de la victoire de Faure Gnassingbé, la Conférence des Evêques du Togo vient de jeter un pavé dans… le bénitier. C’est le moins que l’on puisse dire. En effet, alors que l’un des candidats malheureux en la personne d’Agbéyomé Kodjo crie à la fraude électorale, les prélats exhortent « les différents protagonistes à œuvrer pacifiquement au rétablissement de la vérité des urnes ». Et ce n’est pas tout. Car, tout en notant que le scrutin s’est déroulé globalement dans un climat relativement apaisé, la Conférence des Evêques dit qu’elle « ne peut pas en dire autant, la main sur la conscience, en ce qui concerne la transparence et l’équité » du scrutin. Même s’il est vrai que la sortie des Hommes de Dieu  ressemble à de l’eau versée sur les plumes d’un canard dans la mesure où Faure a déjà empoigné sa chose, elle peut cependant apporter du réconfort moral au candidat déclaré perdant, qui n’a d’ailleurs de cesse de ruer dans les brancards. On se rappelle encore la marche, à l’appel de l’archevêque émérite de Lomé, Mgr Kpodzro, qui a été interdite et empêchée par les autorités, le 28 février dernier. A ce propos, la Conférence épiscopale reconnaît qu’au regard des risques d’escalade, elle ne pouvait pas, en tant qu’institution, appeler ses ouailles à descendre dans la rue.

Il faut rendre hommage à l’Eglise catholique qui a toujours pris le parti du peuple

Mais, prévient-elle, cette prise de position de principe ne signifie nullement un désaveu de « la démarche courageuse de Mgr Kpodzro ». C’est donc clair comme l’eau de roche. Le clergé togolais ne croit pas en la sincérité des résultats de la présidentielle du 22 février dernier. Et elle ne s’embarrasse pas de fioritures pour le dire haut et fort, convaincue que le mensonge a beau courir, la vérité finit toujours par le rattraper. En tout cas, avec ce message au vitriol de la Conférence épiscopale, on en vient à douter du résultat des observateurs de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de l’Union africaine (UA) qui, 48 heures seulement après le scrutin, donnaient un blanc-seing à tout le processus électoral et ce, au moment même où s’élevaient des voix au sein de l’opposition et la de société civile pour dénoncer des irrégularités. Quel crédit alors accorder à ces observateurs, pour la plupart étrangers, qui ont de gros yeux mais qui ne voient rien ? N’est-il pas temps de mettre fin à ce qui ressemble de plus en plus à du tourisme électoral plutôt qu’une opération de « certification ou de crédibilisation » des élections ? Le débat est lancé. Mais en attendant, il faut rendre hommage à l’Eglise catholique qui, au Togo comme ailleurs, a toujours pris le parti du peuple, se refusant à toute compromission avec les régimes en place. C’est tout à son honneur.

B.O


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