HomeA la uneSORTIE DE L’AMBASSADEUR DES ETATS-UNIS AU GABON : Pain bénit pour Ali Bongo

SORTIE DE L’AMBASSADEUR DES ETATS-UNIS AU GABON : Pain bénit pour Ali Bongo


Les Etats-Unis ont appelé à respecter  « les voies démocratiques » pour toute prise de pouvoir au Gabon où la situation sociopolitique  demeure tendue. C’est du moins ce qui ressort des propos de Cynthia Akuetteh,  ambassadeur des Etats-Unis au Gabon, qui a prévenu que son pays condamnerait  toute tentative de changement de gouvernement par des moyens non-constitutionnels. Et d’ajouter  : « Les appels  à une insurrection ou à  la  violence sont répréhensibles  et inacceptables. Au contraire, toutes les parties devraient  œuvrer  à un dialogue ouvert et inclusif ». Certes, ces propos traduisent la volonté  des Américains  de marquer leur attachement à la démocratie au Gabon. Mais la sortie de la diplomate américaine s’avère pour le moins malheureuse, surtout dans le contexte actuel du Gabon. De fait, au moment où l’opposition se bat pour faire de la démocratie au Gabon une réalité, cette déclaration tombe mal. Quelle interprétation le Palais du Bord de mer pourrait-il en faire  ? On peut être sûr d’une chose :  Ali Bongo ne manquera pas de la récupérer politiquement. En tout cas, Ali Bongo pourrait faire valoir que la position des Etats-Unis épouse sa vision, quant au  traitement à  réserver à l’Opposition gabonaise qui a entrepris de monter à l’assaut de son pouvoir.

En tous les cas, les propos de Cynthia Akuetteh ne sont pas  de nature à aider l’opposition dans son combat pour l’alternance. Bien au contraire, ces propos sont de nature à la fragiliser davantage.

La sortie de Cynthia Akuetteh  sera sans doute perçue par l’opposition  comme un soutien à Ali Bongo

A ce sujet, l’on ne peut que regretter cette politique du deux poids deux mesures des Etats-Unis qui ne portent pas de gants pour dénoncer certaines attitudes de nos dirigeants comme ce fut le cas  avec Kabila. Pourquoi tentent-ils de ménager les susceptibilités d’Ali Bongo ? S’il est vrai que tous les peuples du monde aspirent au changement par des voies démocratiques, nul n’ignore que sous nos tropiques, les urnes n’ont jamais chassé un dictateur du pouvoir. La liberté de manifester qui est aussi  une forme d’expression de la démocratie, parce qu’inscrite dans la Constitution, est une alternative crédible pour les populations africaines, soucieuses de se faire entendre en dépit  des risques de débordement, comme ce  fut le cas au Gabon. Cette sortie de Cynthia Akuetteh qui sera sans doute perçue par l’opposition  comme un soutien à Ali Bongo, arrive à un moment où l’opposition est en proie à des dissensions internes. En effet, si la volonté d’en découdre avec Ali Bongo Ondimba a longtemps réuni l’Opposition gabonaise, les premières dissensions commencent aujourd’hui à voir le jour. Il y a d’un coté   le Front Uni de l’opposition  pour l’alternance (FUOPA), avec en tête d’affiche Jean Ping dont le domicile a été attaqué lundi dernier par une bande d’environ 200 jeunes, et de l’autre, l’Union des forces pour l’alternance (UFA) de Jules Aristide Ogouliguende, moins radicale et alliée à Séraphin Ndaot Rembogo. Aux inimitiés personnelles, (notamment entre ceux qui furent ministres d’Ali Bongo) et aux rivalités ethniques, s’ajoute le choc des ambitions. Tous entendent jouer un rôle lors du scrutin présidentiel de 2016, qui ne comportera qu’un tour. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ces dissensions pourraient profiter à Ali Bongo qui pourrait remobiliser ses troupes dans la perspective de la présidentielle de 2016.

Seydou TRAORE


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