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SORTIE DE ROCH SUR LA SITUATION SECURITAIRE A L’EST ET AU SUD-OUEST


 Parler moins et agir plus

L’armée burkinabè bientôt en mode « rouleau compresseur » contre les terroristes à l’Est et au Sud-Ouest de notre pays, si l’on en croit la déclaration faite par Roch Marc Christian Kaboré à l’issue du Conseil national de la défense tenu en urgence  le 8 août dernier. Entouré de ses officiers généraux, de la hiérarchie militaire et des ministres en charge des questions sécuritaires, le président du Faso et ci-devant chef suprême des armées, a martelé que le Burkina Faso allait, à très court terme, se doter de moyens conséquents afin de faire efficacement face aux « déstabilisateurs » qui troublent la quiétude des populations des régions de l’Est et du Sud-ouest, et s’attaquent à nos forces de défense et de sécurité à coups de canonnades et d’explosions d’engins improvisés. Même si le discours du président du Faso a des relents ou des en-dessous politiciens comme le susurrent bon nombre de nos compatriotes, il faut reconnaître qu’il était très attendu, ne serait-ce que pour rassurer ceux qui en doutent encore, que les autorités du pays ne dorment pas sur leurs lauriers face au spectacle écœurant de véhicules militaires pulvérisés avec leurs passagers sur les routes de l’Est, et des postes de police, de gendarmerie et de douanes criblés de balles ou réduits en cendres au Sud-ouest et au Sahel par des assaillants presque jamais identifiés. On veut bien croire à la fermeté affichée du chef de l’Etat, mais on conseillerait plutôt à nos sécurocrates de parler moins et d’agir plus, car l’ennemi, lui, ne s’embarrasse pas de formules fleuries quand il décide de passer à l’offensive ou de commettre des atrocités. Mais le problème, c’est que pour agir efficacement dans le sens du retour au calme dans ces zones frontalières du Burkina, il faut connaître l’identité et les revendications des assaillants. S’agit-il de musulmans intégristes ? Ou de simples citoyens en rupture de ban avec la République ? De quelles complicités disposent-ils au niveau local pour pouvoir mener aussi « facilement » leurs opérations et disparaître sans enregistrer la moindre perte ?

Il faudra la collaboration de tous

Même si le président du Faso a évoqué la déstabilisation des institutions en parlant du mobile principal de ces attaques, les Burkinabè  ne savent pas encore exactement qui sont les civils qui « torchent » la cible et qui sont les assaillants qui ouvrent le feu. Ce qu’on sait en revanche, c’est que ceux qui s’en prennent à nos FDS, agissent par petits groupes et ne paradent pas sur des véhicules blindés ou surmontés d’armes lourdes, comme on en voit dans d’autres pays. Et pour neutraliser ces ennemis non identifiés et insaisissables, le déploiement massif de forces militaires à l’Est ou au Sud-ouest comme certains le suggèrent, pourrait non seulement être difficile à soutenir financièrement, mais la hiérarchie militaire pourrait émettre des réserves par rapport à cette stratégie qui consiste à essayer de tuer un moustique avec un marteau. C’est peut-être même dans ce piège que l’ennemi veut nous entraîner en ouvrant simultanément plusieurs fronts, c’est-à-dire disperser nos ressources (matérielles, financières, humaines) avec le risque de dégarnir des sites hautement sensibles et nous rendre de ce fait encore plus vulnérables. De toute façon, aucune nation n’a gagné la guerre contre le terrorisme en misant uniquement sur sa puissance militaire, et l’exemple de l’échec, en Afghanistan, des deux plus grands au monde en la matière que sont les Etats-Unis et l’ex-Union Soviétique, est suffisamment illustratif. Il faudra donc, comme l’a dit à juste titre le président du Faso, la collaboration de tous et surtout des populations des zones concernées pour localiser ces groupes, les isoler et les neutraliser. On pourrait ainsi mettre à contribution les très controversés Koglwéogo qui ont déjà abattu, quoi qu’on dise, un travail remarquable dans le domaine de la lutte contre le grand banditisme dans la même zone de l’Est du Burkina ; on pourrait même créer d’autres groupes d’auto-défense strictement encadrés par la loi et qui n’ont pour seule mission que d’aider à la traque des terroristes-déstabilisateurs. Et pendant que nous y sommes, pourquoi ne pas prendre langue avec le Bénin et le Niger voisins qui font frontières avec les présumés refuges des assaillants, pour prendre ces derniers en étau, le moment venu ? Ce serait moins coûteux en terme de vies humaines et de matériels, et nous pourrions ainsi stabiliser ces nouveaux foyers de tension, après avoir fait autant sur le front du Sahel où le terrorisme est devenu aujourd’hui résiduel, grâce à l’action conjuguée des civils patriotes de la région et de nos intraitables forces de défense et de sécurité. On aura ainsi sauvé l’intégrité territoriale du Burkina en attendant de poursuivre les derniers rétifs « jusque dans les chiottes s’il le faut », avec le matériel militaire attendu de la Chine continentale et peut-être, de la Russie de Vladimir Poutine.

Hamadou GADIAGA


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