HomeA la uneSORTIE DE YAHYA JAMMEH CONTRE BAN KI-MOON ET AMNESTY INTERNATIONAL : Un pas supplémentaire dans le fantasque  

SORTIE DE YAHYA JAMMEH CONTRE BAN KI-MOON ET AMNESTY INTERNATIONAL : Un pas supplémentaire dans le fantasque  


On peut l’aimer ou ne pas l’aimer, mais cela ne va pas changer le personnage. Yahya Jammeh, puisque c’est de lui qu’il s’agit, ne finira pas de surprendre. En effet,  répondant récemment à une question de Jeune Afrique, relative à la mort en détention d’un opposant politique pour laquelle Amnesty International et  le secrétaire général de l’ONU réclament l’ouverture d’une enquête, l’excentrique président gambien n’est pas passé par quatre chemins pour envoyer au diable l’institution internationale de défense des droits de l’Homme et le secrétaire général de l’organisation onusienne. Morceau choisi : « Ban Ki-Moon et Amnesty peuvent aller en enfer ». Çà, comme dirait quelqu’un, c’est du Jammeh tout craché ! Pour s’en prendre aussi vertement à ces deux institutions, le maître de Banjul doit en avoir vraiment gros sur le cœur. Mais quelles qu’en soient les raisons, de sa part c’est un peu trop osé. Car, dans les relations internationales, il y a certaines lignes rouges à ne pas franchir. En tout cas, le bon sens et la bienséance auraient voulu que par respect pour son peuple et pour son rang, il s’abstienne de telles déclarations indignes d’un chef d’Etat. C’est un pas supplémentaire dans le fantasque. Si fait que quelquefois, l’on se demande si Yahya Jammeh ne se prend pas simplement pour le nombril de la terre ; lui qui en fait toujours à sa tête.  Il ne se fixe aucune limite. Et pourtant, ses récentes bisbilles avec son grand voisin sénégalais, auraient dû lui inspirer un peu plus de modestie et de mesure dans certaines de ses prises de position et autres décisions. En effet, Yahya Jammeh a dû revenir, pratiquement la queue entre les pattes, sur sa décision unilatérale d’augmenter, du jour au lendemain, la taxe sur les camions gros porteurs sénégalais qui transitent par la Gambie, de 4 000 à 400 000 F CFA. Mais mal lui en a pris, puisqu’il a subi un blocus sans précédent de la part du Sénégal, qui a vu son pays frôler l’asphyxie économique.

On sait que Jammeh ne porte pas de gants pour exprimer ses idées

Il a dû revenir dare-dare à la table des négociations pour chercher un consensus avec son voisin. Mais, cela ne semble pas l’avoir suffisamment instruit. Et quand il dit « être fier » d’être traité de dictateur, l’on se demande simplement s’il a encore le sens de l’histoire ou s’il n’a pas oublié son passé ; lui qui a traité son prédécesseur d’autocrate pour le renverser et justifier son accession au pouvoir par le canon et la baïonnette. Mais Yahya Jammeh est ce qu’il est. Et l’on sait qu’il ne porte pas de gants pour exprimer ses idées. C’est peut-être cela qui fait son trait de caractère, mais c’est aussi cette façon quelque peu désinvolte de dire ses vérités sans tenir compte des convenances diplomatiques, qui a tendance à le faire passer pour un clown, un personnage loufoque et à la limite ridicule. Comme quand il soutient sans en apporter la moindre preuve, qu’il peut guérir des malades du SIDA ou quand il se dit investi d’un pouvoir divin…Comment peut-on prendre un tel personnage au sérieux ? On a de la peine à croire que c’est un chef d’Etat. A moins que tout cela ne soit fait à dessein dans le but de se construire la triste réputation qu’on lui connaît. Car, comme le dit un proverbe africain, « seul le ver de terre est capable de déféquer dans le champ du chef ». Mais tout cela ne doit pas être un prétexte pour lui, pour opprimer son peuple, en embastillant à tour de bras ses opposants et en essayant de banaliser la mort, après les sévices infligés à certains de ses compatriotes, comme c’est le cas pour l’opposant Solo Sandeng pour lequel Amnesty International et le SG de l’ONU demandent l’ouverture d’une enquête.

Outélé KEITA


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