SORTIES DE L’EX-MAJORITE SUR LA VALIDATION DES CANDIDATURES: Le Balai citoyen met en garde les responsables du CDP et leurs alliés
Suite aux déclarations des partis de l’ex-majorité contre l’exclusion appelant à « la mise en œuvre ouverte et immédiate de l’arrêt de la Cour de Justice de la CEDEAO », le Balai citoyen, à travers cette réponse, qualifie ces déclarations de « pression inadmissible sur le Conseil constitutionnel », met le groupe en garde et interpelle le gouvernement.
Depuis l’ouverture du contentieux des candidatures devant le Conseil constitutionnel le 13 août dernier, le mouvement le Balai citoyen constate une multiplication de sorties malheureuses de certains dirigeants politiques, notamment ceux de l’ex-majorité chassés du pouvoir par l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014.
Leur dernière sortie, en date du 23 août, n’est ni plus ni moins qu’une pression inadmissible sur le Conseil constitutionnel, la plus haute juridiction en matière électorale dans notre pays. Ils promettent de rendre le pays ingouvernable si certaines candidatures sont frappées d’inéligibilité par les juges constitutionnels conformément à la loi.
Le président du CDP et ses alliés vont jusqu’à proclamer que sans leurs candidatures, il n’y aura pas d’élections le 11 octobre prochain. Ils tentent de discréditer le Conseil constitutionnel par des insinuations malveillantes simplement parce qu’il a accepté de réceptionner des recours contre leurs candidatures.
Face à ces dérives langagières, le Balai citoyen interpelle le gouvernement face à ses responsabilités de garant de l’ordre public. Par ailleurs, nous mettons en garde les responsables du CDP et leurs acolytes : ils doivent cesser de provoquer la colère du peuple en remuant le couteau dans la plaie.
Jusque-là, le peuple burkinabè, respectueux de ses idéaux de dialogue et de paix a été magnanime envers ses bourreaux d’hier, mais sa sollicitude a des limites. En tout état de cause, les dirigeants de l’ex-majorité seront les seuls responsables d’une éventuelle dégradation de la situation s’ils poussent le peuple à bout.
Pour sa part, le Balai citoyen rappelle que dès lors que le Conseil constitutionnel est saisi, il lui appartient de dire le droit. Notre mouvement soutient les recours introduits auprès du Conseil constitutionnel contre tous les “candidats-dirigeants” qui ont soutenu activement le malheureux projet de révision de la Constitution ayant entraîné la mort d’une trentaine de burkinabè en fin octobre 2014.
Ces personnes sont inéligibles conformément à l’article 135 du Code électoral et à l’article 5 de la Charte africaine des élections et de la démocratie ratifiée par le Burkina Faso. C’est d’ailleurs le sens du verdict de la Cour de justice de la CEDEAO. Nous sommes convaincus avec l’Union africaine et la CEDEAO que la responsabilité des dirigeants dans une démocratie est essentielle.
Aucune Nation forte et respectable ne peut être construite sur l’impunité et l’irresponsabilité de ses élites dirigeantes. Cette Nation court le risque de la décadence, voire du chaos parce que l’impunité inocule dans l’esprit des citoyens l’incivisme et le goût des privilèges indus. C’est pourquoi le Balai citoyen exhorte les juges constitutionnels à l’application du droit, dans toute sa plénitude.
Déclarer inéligibles les tripatouilleurs de la Constitution, c’est le Burkina Faso et l’Afrique qui gagnent parce qu’on aurait indiqué la voie de la responsabilité à tout prétendant au pouvoir;
déclarer inéligibles les tripatouilleurs de constitutions c’est rendre service aux peuples africains en proie aux velléités de tripatouillages constitutionnels de certains potentats, source de conflits et de drames sur le continent ; déclarer inéligibles les tripatouilleurs de Constitutions, c’est respecter aussi la mémoire des martyrs de l’insurrection populaire d’octobre 2014.
Par conséquent, nous attendons du Conseil constitutionnel qu’il réhabilite le droit et le constitutionnalisme dans notre pays, longtemps bafoués par des interprétations et des arrangements loin des aspirations du peuple. C’est le seul gage pour une réelle stabilité du pays.
Mais, en tant que républicains, on devrait tous s’engager dès à présent à respecter la décision du Conseil constitutionnel quelle qu’elle soit.
Enfin, nous appelons tous les démocrates, patriotes, progressistes, à rester vigilants pour la sauvegarde des acquis de l’insurrection populaire.
Le peuple burkinabè est prêt à relever le défi.
Notre nombre est notre force !
Ensemble, on n’est jamais seul !
Ouagadougou, le 24 août 2015
Pour la coordination nationale du Balai Citoyen
Le porte-parole