HomeA la uneSUSPENSION DE LA FORMATION MILITAIRE AMERICAINE AU NIGERIA : Quand Goodluck Jonathan se tire une balle dans le pied

SUSPENSION DE LA FORMATION MILITAIRE AMERICAINE AU NIGERIA : Quand Goodluck Jonathan se tire une balle dans le pied


Le Nigeria a demandé  aux Etats-Unis de mettre un terme  à la  formation militaire dispensée par l’armée  américaine  aux troupes nigérianes, a indiqué, le 1er décembre dernier,  l’ambassade des Etats-Unis à Abuja, la capitale fédérale du Nigeria. Si, pour l’instant, le gouvernement  nigérian  n’a fait aucune déclaration  sur les raisons qui ont motivé une telle décision, on peut interpréter  cette attitude  des autorités nigérianes comme la conséquence d’un accroissement  des tensions entre les deux pays, survenues depuis  l’affaire de l’enlèvement  des deux cents jeunes lycéennes,  pour la libération desquelles le président Goodluck Jonathan accuse les Etats-Unis de n’avoir rien fait. Si tel est le cas, on pourrait  regretter cette attitude qui  serait, quelque part, révélatrice  de l’incurie  des autorités  nigérianes. Ce serait, en effet, un aveu d’impuissance  qui pourrait  les affaiblir davantage dans la lutte contre  Boko Haram   qui gagne d’ailleurs du terrain. De fait, la présence militaire  américaine, à défaut  d’accroître la puissance de feu des troupes nigérianes, comme le souhaitent probablement les autorités d’Abuja, sert certainement à quelque chose,  en termes notamment de renseignements et de formation. Et cela n’est pas rien. A l’annonce de la décision de Goodluck Jonathan de suspendre la formation militaire américaine, la bande  de Aboubacar Shekau a certainement ri sous cape.

Goodluck Jonathan risque de s’isoler encore plus

On pourrait  aussi voir en l’attitude des autorités nigérianes,  la manifestation d’un certain dépit, en ce sens qu’elles pourraient avoir cru    que cette coopération militaire ne devrait pas seulement  s’arrêter  au stade  de  la formation militaire et du renseignement, mais qu’elle devait aller au-delà  en termes d’engagement militaire des Américains sur le terrain. S’il s’avère que  c’est  la véritable raison qui a provoqué ce coup de sang de Goodluck  Jonathan, on peut dire qu’il a tout faux, car jamais les Américains n’ont indiqué qu’ils s’engageraient militairement sur le terrain,  aux côtés des troupes de son pays. Au demeurant, au nom de quelle logique peut-on compter sur quelqu’un  pour assurer sa propre sécurité ?

Le président nigérian  qui ne pèse plus lourd sur l’échiquier politique nigérian, même au sein de sa propre formation politique, doit comprendre que le Nigeria doit d’abord et avant tout compter sur lui-même.

La lutte contre Boko Haram doit d’abord être l’affaire des Nigérians.

Du reste, on peut se demander s’il était vraiment opportun  de mettre fin  à une telle coopération, au motif  que les Etats-Unis auraient opposé une fin de non de recevoir à une demande d’achats d’armes du Nigeria auprès de l’Oncle Sam.  Les Etats-Unis, dans  ce combat contre la nébuleuse islamiste,  ne sont-ils pas utiles à bien d’autres égards ? Car, faut-il le souligner, les autres volets de la coopération militaire entre les deux pays, sont maintenus.

En tous les cas, Goodluck Jonathan risque de s’isoler encore plus, lui qui n’est déjà pas en odeur de sainteté avec  ses concitoyens,  à quelques mois seulement  de la prochaine  présidentielle pour laquelle il a décidé de se porter candidat.

Seydou TRAORE


Comments
  • je suis d’accord avec lui. En effet tant que les USA seront dans ce pays ces terroristes seront de plus en plus fort.

    3 décembre 2014

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