HomeA la uneTOTALE APPROBATION DE LA PETITION POUR UN TROISIEME MANDAT DE KAGAME : Même Dieu ne ferait pas une telle unanimité !

TOTALE APPROBATION DE LA PETITION POUR UN TROISIEME MANDAT DE KAGAME : Même Dieu ne ferait pas une telle unanimité !


 

Au Rwanda, plus populaire que Paul Kagamé, tu meurs. En effet, alors qu’il étrenne son deuxième et dernier septennat constitutionnel qui finit en 2017, le président rwandais vient de se voir octroyer l’opportunité de pouvoir briguer un autre mandat, à l’issue du présent, par le Parlement qui a donné, le mardi 11 août dernier, son feu vert pour une réforme de la Constitution dans ce sens. Ce, après des « consultations populaires » à travers le pays, qui ont révélé que sur les 6 millions d’électeurs que compte le pays, seuls une dizaine de personnes y seraient opposées.  Oui, vous avez bien lu, une dizaine sur six millions. Un pourcentage à donner le vertige au plus talentueux des funambules. Car, dans ce Rwanda de chrétiens, musulmans, animistes et autres féticheurs, même Dieu ne ferait pas  une telle unanimité !

Aussi aurait-il été plus simple de pousser l’audace jusqu’à dire que 100% des Rwandais sont favorables à cette réforme. Cela aurait été moins ridicule. Car, avec ces chiffres, Kagamé et ses courtisans insultent tout simplement l’intelligence des Rwandais. En effet, si l’on part du principe que les opposants font partie des six millions d’électeurs, il est difficile de croire que dans tout ce lot, l’opposition rwandaise, si minime soit-elle, ne représente qu’une dizaine de personnes. Soit moins d’éléments que les membres du bureau politique d’un bon parti.  Même si c’était le cas, cela n’honorerait pas le pouvoir rwandais, et Kagamé ne devrait pas en être fier. Car,  il y a bien longtemps que la pensée unique a fait la preuve de ses limites comme mode de gouvernance. Du reste, on se rappelle que le « Parti démocratique vert », un parti d’opposition rwandais, avait récemment donné de la voix pour tenter d’empêcher par voie judiciaire cette réforme constitutionnelle devant permettre au président Kagamé de briguer un troisième mandat, même si pour cela, il n’a pu se trouver dans tout le Rwanda, un seul avocat pour défendre sa cause. C’est tout dire.

Plus qu’un plébiscite, c’est une véritable clameur de supplications d’un peuple à son « messie »

En tout état de cause, de cette situation, l’on n’a même pas besoin de se demander s’il faut en rire ou en pleurer, tant il est clair qu’il faut en pleurer. C’est tout simplement malheureux. Car, même à supposer que Kagamé est pétri des meilleures qualités possibles, il n’en demeure pas moins un simple mortel qui peut tirer sa révérence du jour au lendemain. Si une telle éventualité arrivait, que feraient les Rwandais ? Vont-ils le ressusciter parce qu’en dehors de lui, personne d’autre ne peut diriger le pays ?  De plus, avec ce boulevard qui lui est désormais ouvert pour un règne ad vitam aeternam, il faut craindre que l’alternance, dans cet autre pays de la région des Grands Lacs, ne soit renvoyée aux calendes grecques. Confirmant, une fois de plus, que ces pays sont en passe d’être les véritables cancres de la démocratie sur le continent. Car, rien ne dit qu’après ce troisième mandat,  d’autres réformes constitutionnelles ne seront pas prises au gré des situations, pour permettre à Paul Kagamé de rester aussi longtemps qu’il le voudra au pouvoir. Et comme les dictateurs n’aiment pas prendre de risques, on voit mal l’homme mince de Kigali se donner du répit, le temps qu’un autre de ses compatriotes s’exerce au pouvoir, quitte à revenir après. Dans ces conditions, comment ne pas penser que tant que Kagamé vivra, aucun Hutu ne pourra accéder au pouvoir dans ce pays qui se remet à peine d’un triste génocide ethnique. L’on a d’ailleurs quelquefois le sentiment qu’à l’image du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, Paul Kagamé tient la communauté internationale par cette page noire de l’histoire de son pays. Lui qui se livre pourtant à une traque  sans merci de ses opposants jusque dans leurs exils les plus reculés.

En deux décennies, Paul Kagamé a certainement réalisé des prouesses pour son pays, par la stabilité et les performances économiques qu’il lui a assurées. Mais en matière de respect des droits de l’Homme et de liberté d’opinion et d’expression, l’homme traîne une réputation moins flatteuse, qui pourrait expliquer la quasi-inexistence de toute opposition dans son pays qu’il tient d’une main de fer depuis son accession au pouvoir. Au demeurant, « une hirondelle ne fait pas le printemps », comme dit l’adage. Et, l’histoire a révélé que les longs règnes sont souvent source de plusieurs dérives allant, entre autres, des crimes économiques et de sang, à la restriction des libertés individuelles et collectives. En outre, la nature elle-même a horreur de ce qui est figé. Elle a besoin de se renouveler régulièrement, d’où la succession des saisons. C’est pourquoi la théorie de l’indispensabilité des dictateurs que l’on veut en réalité faire croire, pour justifier ces innombrables modifications constitutionnelles en Afrique,  ne saurait prospérer. Cet argument est d’ailleurs régulièrement battu en brèche par les Occidentaux qui respectent scrupuleusement l’alternance et dont les pays ne se portent pas plus mal que les pays africains où les présidents se sont érigés en hommes forts. Bien au contraire ! C’est finalement Barack Obama qui a raison, quand il dit que refuser l’alternance est un aveu d’échec pour les présidents qui cherchent à se maintenir de façon indue au pouvoir. C’est pourquoi il faut féliciter les pays comme le Ghana, la Tanzanie, ou encore le Bénin, qui restent de rares exemples de démocratie sur le continent, où l’alternance est respectée. Dans le même ordre d’idées, l’Afrique regrettera encore pour longtemps un Alpha Omar Konaré qui aura su admirablement passer la main au Mali.

Pour en revenir au Rwanda, le message est clair. Paul Kagamé est indispensable au « pays des milles collines », et plus qu’un plébiscite, c’est une véritable clameur de supplications d’un peuple à son « messie ». Pathétique ! Si le ridicule tuait, il y a longtemps qu’une certaine race de politiciens auraient rendu l’âme, après un tel cirque qui n’honore personne, pas même ses auteurs.

En attendant, avec de tels chiffres, l’on se demande si le Rwanda a encore besoin d’aller à des élections. Car, comme le dit un proverbe  africain, « l’abondance de la moisson se sent dès les semailles». Visiblement, la messe est dite avant d’avoir même commencé.  Finalement, dans son pays, Kagamé est même plus que Dieu.

Outélé KEITA


Comments
  • C’est à croire que Kagamé, Sassou et Kabila font des réunions secrètes pour un tripatouillage en rang groupé.

    13 août 2015
  • Il est fort “Fil de Fer”! On ne peut être plus précis dans un plébiscite:6millions pour le tripatouillage et 10 personnes contre.Même Lucifer en révolte contre Dieu a entrainé avec lui quelques légions d’anges, or une légion compte 3mille fantassins et 3 cents cavaliers. Oh “Fil de Fer”, mets un peu de la manière!

    13 août 2015
  • “C’est pourquoi la théorie de l’indispensabilité des dictateurs que l’on veut en réalité faire croire, pour justifier ces innombrables modifications constitutionnelles en Afrique, ne saurait prospérer.”

    Kagamé traité de dictateur y compris dans des media africains ?! Comment démentir ce leitmotiv du Kagame bashing?
    Aux lecteurs et/ou auditeurs de bonne volonté, il suffit de rappeler que le contraire de la “démocratie”, c’est “l’autocratie”, c’est-à-dire le pouvoir d’un seul à son profit, ou l’oligarchie ou pouvoir de quelques-uns à leur (seul) profit. Et ce n’est pas le cas du Rwanda sous Kagamé.
    Sans rappeler ici les réalisations et les progrès socio-économiques que le pays connaît sous sa houlette, parlons de ce soi-disant manque de démocratie au Rwanda aujourd’hui.
    Démocratie : pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple. Le principe une fois rappelé, il importe de réaffirmer fermement que des formes autres que la démocratie libérale à l’occidentale dite bourgeoise existent :
    – La démocratie “populaire”(vs “démocratie bourgeoise”), qui n’est pas à jeter dans les oubliettes de l’Histoire avec le soviétisme stalinien;
    -La “démocratie participative ou « l’ensemble des dispositifs et des procédures qui permettent d’augmenter l’implication des citoyens _TOUS ET TOUTES _ dans la vie politique et d’accroître leur rôle dans les prises de décision ».
    -…
    Et les succès socio-économiques du Pays des Mille Collines reconnus par tous s’expliquent par le charisme d’un leader visionnaire et charismatique _ un homme qui sait où il doit mener son peuple et qui sait le mobiliser derrière lui_ mais aussi par le choix du modèle participatif. Et celui-ci est d’autant plus adapté au Rwanda qu’il renoue avec la tradition d’un des rares Etats multiséculaires en Afrique. L’Agacaca, l’Umuganda (“travaux communautaires”) et l’Ubudehe (travaux collectifs entre voisins), les “Imihigo”(les politiques sont tenus responsables de leurs promesses et obligés de déclarer publiquement leurs objectifs et de faire face publiquement au déshonneur si ces objectifs ne sont pas atteints) à tous les échelons de la vie publique etc. en sont des exemples patents.
    Ainsi donc si “la démocratie est le pire des régimes à l’exception de tous les autres”, cessons de croire ou de prétendre que la démocratie “libérale” est l’unique qui vaille ; en effet, elle n’est ni pire ni meilleure : elle est AUTRE. C’est cela la tolérance c’est-à-dire le respect de la différence. Et l’Agaciro, c’est aussi le respect de l’autre. Qui qu’il soit. Où qu’il soit. Nous n’avons à nous comparer qu’à nous mêmes, afin de pouvoir être meilleurs encore.
    Laissons à chaque peuple le droit de choisir le modèle de démocratie et de développement qui lui soit propre et de le faire évoluer en respectant le contexte (culturel, social, historique) qui lui est propre.

    13 août 2015
  • “Kagamé est un dictateur”. Le pire de tous les temps osent dire certains de ces détracteurs attitrés!
    Le contraire de la “démocratie”, c’est “l’autocratie”, c’est-à-dire le pouvoir d’un seul à son profit, ou l’oligarchie ou pouvoir de quelques-uns à leur (seul) profit. Et ce n’est pas le cas du Rwanda sous Kagamé.
    Sans rappeler ici les réalisations et les progrès socio-économiques que le pays connaît sous sa houlette, parlons de ce soi-disant manque de démocratie au Rwanda aujourd’hui.
    Démocratie : pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple. Le principe une fois rappelé, il importe de réaffirmer fermement que des formes autres que la démocratie libérale à l’occidentale dite bourgeoise existent :
    – La démocratie “populaire”(vs « bourgeoise »), qui n’est pas à jeter dans les oubliettes de l’Histoire avec le soviétisme stalinien;
    -La “démocratie participative ou « l’ensemble des dispositifs et des procédures qui permettent d’augmenter l’implication des citoyens _TOUS ET TOUTES _ dans la vie politique et d’accroître leur rôle dans les prises de décision ».
    -…
    Et les succès socio-économiques du Pays des Mille Collines reconnus par tous s’expliquent par le charisme d’un leader visionnaire et charismatique _ un homme qui sait où il doit mener son peuple et qui sait le mobiliser derrière lui_ mais aussi par le choix du modèle participatif. Et celui-ci est d’autant plus adapté au Rwanda qu’il renoue avec la tradition d’un des rares Etats multiséculaires en Afrique. L’Agacaca, l’Umuganda (“travaux communautaires”) et l’Ubudehe (travaux collectifs entre particuliers voisins), les “Imihigo”(les politiques sont tenus responsables de leurs promesses et obligés de déclarer publiquement leurs objectifs et de faire face publiquement au déshonneur si ces objectifs ne sont pas atteints) à tous les échelons de la vie publique etc. en sont des exemples patents.
    Quelques observations encore:
    – Le Grecs n’ont pas inventé la démocratie (“pouvoir du peuple par…”) : ils ont “inventé” le mot et ont été sans doute (parmi) les premiers à conceptualiser la notion. Dans l’aire culturelle occidentale, en tous cas. Mais la démocratie sous différentes formes et à travers diverses pratiques (“démocratiques”) a toujours existé. Partout et toujours. Nihil novi sub sole. Le “progrès” n’est qu’une incessante et nécessaire modernisation (étymologiquement une mise à la mode) et donc une adaptation au contexte “spatio-temporel”.
    – La “démocratie” à la rwandaise n’est pas LE modèle. Mais si “la démocratie est le pire des régimes à l’exception de tous les autres”, cessons de croire ou de prétendre que la démocratie “libérale” est l’unique qui vaille ; en effet, elle n’est ni pire ni meilleure : elle est AUTRE. C’est cela la tolérance c’est-à-dire le respect de la différence. Nous n’avons à nous comparer qu’à nous mêmes, afin de pouvoir être meilleurs encore.
    Laissons à chaque peuple le droit de choisir le modèle de démocratie et de développement qui lui soit propre et de le faire évoluer en respectant le contexte (culturel, social, historique) qui lui est propre.

    Dans le Pays des Mille collines, AGACIRO (“estime de soi”) est inséparable de l’UBUPFURA (souci d’exceller en toutes choses, à l’exemple de l’impfura ou” l’enfant aîné”, qui se doit d’être exemplaire), une des vertus cardinales. Avec sans doute UBUGABO (le courage qui pousse à assumer toutes ses responsabilités) et UBUNTU (plus que de la simple générosité : l’altruisme, condition du bonheur individuel qui passe immanquablement par le bonheur de tous).
    Rarissimes sont les humains qui réunissent en eux et au plus haut degré ses trois grandes vertus cardinales. C’est le cas de KAGAME.
    – Enfin, dans des circonstances exceptionnelles, le tandem “institutions fortes -homme fort” est plus que souhaitable: il est in-dis-pen-sa-ble! L’exemple “US” d’un F. Roosevelt après la déflagration de 1929 est sans doute un des plus mondialement connu *. Rappelons celui de Gandhi des années 1940 à sa mort, celui de de Gaulle et de son retour de la « traversée du désert » en 1958 ou, plus près de nous, Madiba. Des visionnaires charismatiques c’est-à-dire des Grands Hommes qui ont bouleversé l’histoire de leur nation parce qu’ils avaient une vision claire de la direction à suivre et des capacités exceptionnelles de mobiliser tout un peuple dans cette direction.
    Et un proverbe rwandais le rappelle : Nta wivana amata mu ka nwa!! (« l‘on ne crache pas le lait que l’on a dans la bouche »).

    * A rappeler : le 22ème amendement limitant le nombre de mandats présidentiels aux US a été adopté en 1947_ deux ans après la mort de F. Roosevelt, qui en était à son quatrième mandat_ et ratifié en 1951.

    13 août 2015

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