HomeA la uneTOURNEE OUEST-AFRICAINE DE MINISTRES FRANÇAIS SUR FOND D’ATTAQUE TERRORISTE AU TOGO : Abidjan et Niamey valent bien un détour  

TOURNEE OUEST-AFRICAINE DE MINISTRES FRANÇAIS SUR FOND D’ATTAQUE TERRORISTE AU TOGO : Abidjan et Niamey valent bien un détour  


Les ministres français des Affaires étrangères et des Armées étaient le 15 juillet dernier à Niamey. En effet, Catherine Colonna et Sébastien Lecornu, puisque c’est d’eux qu’il s’agit, ont fait le déplacement du Niger pour échanger avec les autorités sur le partenariat entre les deux pays, sur les plans militaire et économique. Après une entrevue avec le président Mohamed Bazoum, la cheffe de la diplomatie française, Catherine Colonna, a précisé l’objectif de leur visite en ces termes : « Nous sommes ici, de façon à répondre le mieux possible aux besoins que vous exprimez ». De manière explicite, ces besoins ont été déclinés : il s’agit de l’aide au développement et de la lutte contre le terrorisme. Il n’est pas superflu de préciser que cette rencontre s’effectue dans un contexte marqué d’une part par le retrait du dispositif  Barkhane du territoire malien, à la demande de la junte au pouvoir à Bamako depuis 2020 et d’autre part, par la volonté de « nos ancêtres, les Gaulois », de se trouver un nouveau point d’ancrage au Sahel dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.

 

 

La lutte contre le terrorisme se fait concomitamment avec le combat contre la pauvreté

 

Le nouveau partenaire-clé de Paris au Sahel est connu et cela depuis que les autorités maliennes ont indiqué leur volonté de convoler en justes noces avec leurs « amis » russes du groupe paramilitaire Wagner. Et comme les Français ne veulent pas de cette coépouse, peu recommandable à leurs yeux, ils ont préféré aller voir ailleurs, c’est-à-dire au Niger. Et à ce nouveau partenaire privilégié, la France propose deux offres. Premièrement, elle s’engage à fournir « un appui feu » et du renseignement aux armées nigériennes, à l’effet de sécuriser la zone frontalière avec le Mali. La seconde offre est en lien avec le développement. En effet, Paris a signé avec Niamey, un prêt de 50 millions d’euros pour le renforcement du réseau électrique du Niger et fait un don de 20 millions d’euros. La France va également augmenter de 66%, son aide alimentaire au profit du Niger en 2022, à 8 millions d’euros. Visiblement, cette option de l’Hexagone, d’associer le développement à la lutte contre le terrorisme, a été bien appréciée par la partie nigérienne. Et le chef de la diplomatie du Niger l’a traduit en ces termes : « Si nous ne gagnons pas la guerre du développement, nous perdrons à terme la guerre contre le terrorisme ». Cette thèse est difficilement contestable. Car, les régions aujourd’hui en proie le plus au terrorisme au Niger, au Mali, au Burkina, en Côte d’Ivoire ou encore au Togo, sont des régions abandonnées à elles-mêmes en termes de développement. Et ces régions délaissées sont généralement situées au Nord des pays qui font face au terrorisme. Ce constat impose que la lutte contre le terrorisme se fasse concomitamment avec le combat contre la pauvreté. Car, celle-ci est un terreau favorable au terrorisme. Après le Niger, le ministre français des Armées et sa collègue ont déposé leurs valises en Côte d’Ivoire pour y rencontrer le président Alassane Ouattara et rendre visite aux Forces françaises en Côte d’Ivoire (FFCI).

 

 

Cette énième attaque terroriste meurtrière est la rançon du manque d’anticipation du régime togolais

 

C’était le samedi 16 juillet dernier. L’occasion a été bonne pour échanger avec la partie ivoirienne sur le nouveau partenariat que la France entend mettre en place dans les pays avec lesquels elle coopère, notamment au plan militaire. Et la Côte d’Ivoire a toujours été la tête de proue de la coopération militaire de la France en Afrique. Cette posture n’a jamais été remise en question même sous Laurent Gbagbo qui, avant d’accéder au pouvoir, avait pourtant exigé, dans son programme, le départ de la base militaire française d’Eburnie. Une fois aux affaires de la Côte d’Ivoire, l’homme s’est dégonflé comme un ballon de baudruche. Ce nouveau redéploiement militaire de la France, avec Niamey et peut-on dire, avec Abidjan comme point d’ancrage, répond d’abord à une logique d’intérêt. En effet, la Côte d’Ivoire et le Niger ne sont pas n’importe quels pays pour la France. En Côte d’Ivoire, vit une importante diaspora française. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle y réalise des affaires juteuses à la tête d’entreprises florissantes. Ne demandez donc pas à nos ancêtres les Gaulois d’exposer cette poule aux œufs d’or aux terroristes, en pliant bagage. C’est la même logique qui l’a certainement poussée à jeter son dévolu sur le Niger. Ce pays en effet, évoque l’uranium. Et tout le monde sait que c’est la France, via Areva, qui a la haute main sur cette ressource dont l’importance stratégique n’est plus à démontrer. De ce point de vue, on peut dire que Abidjan et Niamey valent bien un détour pour Catherine Colonna et Sébastien Lecornu, respectivement ministre français des Affaires étrangères et ministre des Armées. Et alors que ces derniers parlent de « partenariat de combat » à Niamey et à Abidjan, voilà que les terroristes se signalent, de la pire des façons, au Togo voisin. Pour un véritable pied de nez fait à Faure Gnassingbé, c’en est un. Car, le drame a non seulement fauché la vie à une vingtaine de personnes et cela malgré l’état d’urgence en vigueur, mais aussi, il s’est produit à Kara, son village natal. Cette énième attaque terroriste meurtrière est, peut-on dire, la rançon du manque d’anticipation du régime togolais. Et le Bénin voisin souffre de la même pathologie. Pourtant, tous avaient été prévenus par les services de renseignement français, sur les risques d’expansion du péril vers les pays du littoral. Maintenant que le fantôme est en train de s’installer confortablement dans la maison, on peut se demander comment le Togo va faire pour l’en déloger. En tout cas, tout laisse croire que l’état d’urgence que les autorités ont décrété dans la région des Savanes, non loin de la frontière avec le Burkina, n’a pas dissuadé les fous de Dieu. Il revient donc aux autorités togolaises d’explorer d’autres pistes. Elles pourraient, par exemple, voir avec les voisins immédiats, comment, ensemble, ils pourraient faire barrage au péril avec plus d’efficacité.

 

« Le Pays »

 

 

 

 


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