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VALIDATION DE LA VICTOIRE DE NDAYISHIMIYE PAR LA COUR CONSTITUTIONNELLE


La Cour constitutionnelle burundaise a validé hier, 4 juin 2020, la victoire d’Evariste Ndayishimiye, à la présidentielle du 20 mai dernier avec 68% des voix et ce, en rejetant les recours de l’opposant Agathon Rwasa qui s’en tire finalement avec 22,42,% des voix. A dire vrai, la validation de cette victoire du candidat du parti au pouvoir, est tout sauf une surprise. Pouvait-il en être autrement quand on sait que tout avait été mis en œuvre pour garantir la victoire du candidat de Nkurunziza ? Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’avec ce triple scrutin censé refermer la parenthèse Nkurunziza, le CNDD-FDD s’ouvre une nouvelle ère de gouvernance au Burundi, sous la direction d’un nouveau président. Pour autant, peut-on parier que le Burundi est parti pour vivre une nouvelle expérience démocratique loin des maltraitances infligées par le pasteur-président ? Rien n’est moins sûr. Le Burundi a manqué l’occasion de se réconcilier avec lui-même. Car, tout porte à croire que Pierre Nkurunziza qui se retire sur le lourd contentieux de son troisième mandat controversé qui aura occasionné plus d’un millier de morts et poussé près d’un demi-million de ses compatriotes à l’exil, est parti du pouvoir sans être vraiment parti. On est d’autant plus fondé à croire que le président sortant ne pouvait pas prendre le risque de se retirer sans couvrir ses arrières, que c’est lui qui aura travaillé à imposer la candidature de son dauphin au sein de son parti, ouvrant ainsi la voie à sa propre succession. Autant dire que Pierre (Nkurunziza) s’est volontairement déshabillé pour habiller Evariste (Ndayishimiye) dont il a dû s’assurer de la loyauté avant de lui ouvrir la voie de son accession au pouvoir. Avec des institutions à la solde du pouvoir, comment pouvait-il en être autrement, pour une élection qui s’est déroulée pratiquement à huis clos, sans observateurs étrangers et sur fond d’intimidations et même d’arrestations dénoncées comme telles, de militants de l’opposition ? C’est dire si la validation de cette victoire du candidat du pouvoir n’est pas véritablement une surprise. Car, on voyait les choses venir. La question est maintenant de savoir si Evariste Ndayishimie saura s’affranchir de la tutelle de son mentor, comme on l’a vu, par exemple, avec Joao Lourenço en Angola, ou s’il s’inscrira dans la logique de la perpétuation des graves manquements en tous genres de son prédécesseur et obligé, auquel cas il risquerait de se retrouver à faire du Nkurunziza sans Nkurunziza. Quoi qu’il en soit, avec cette élection censée refermer la douloureuse parenthèse des quinze ans de pouvoir du pasteur-président érigé entre-temps en Guide spirituel éternel, mais qui a toutes les allures d’une mascarade, on peut dire que le Burundi a manqué l’occasion de se réconcilier avec lui-même. Car, le pays avait une occasion inespérée d’aplanir tous les différends et opérer une véritable catharsis pour repartir sur de bonnes bases, à travers une élection libre et transparente, qui respecte le véritable choix du peuple burundais. Mais mille fois hélas, on semble loin du compte ! Car, depuis que Pierre Nkurunziza a décidé de ne pas se représenter pour un énième mandat, la victoire de son candidat était actée d’avance.

Tout est désormais accompli pour le pasteur-président

C’est pourquoi l’opposant historique et candidat malheureux Aghaton Rwasa a beau crier à la fraude et à la « manipulation » des résultats, il n’a pas été entendu ; lui qui réclamait ni plus ni moins que la victoire dès l’annonce des résultats partiels. Tout porte donc à croire que tout est désormais accompli pour le pasteur-président qui s’était déjà préparé le terrain d’une retraite dorée aux frais de la princesse. C’est donc peu de dire que c’est une démocratie en trompe-œil que vient de connaître le Burundi. Mais avec le départ du pouvoir de Nkurunziza qui avait érigé la terreur en mode de gouvernance en s’accommodant de l’existence de milices armées comme les Imbonerakure, c’est déjà ça de gagné pour le Burundi. Et dans l’intérêt de la démocratie, on espère que son successeur saura s’affranchir de la tutelle de son mentor pour écrire l’histoire du pays autrement qu’en lettres de larmes et de sang. C’est à ce prix que ces élections qui étaient jouées d’avance, serviront au moins à quelque chose dans ce pays longtemps tenu d’une main de fer par un illuminé qui se croyait investi d’une mission messianique et où les djinns de la violence politique peinent toujours à rentrer dans leur bouteille. 
 


« Le Pays »


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