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VENTE ET UTILISATION ANARCHIQUES DES PESTICIDES ET HERBICIDES : Attention, danger !


Le 4 juin dernier, la Télévision nationale du Burkina (TNB) a présenté un reportage sur l’installation de la saison des pluies. A cette occasion, la vente et l’utilisation des pesticides et autres herbicides ont été abordées. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les choses se passent dans l’anarchie totale. En effet, au marché de Léo, des commerçants proposent aux usagers une gamme impressionnante de produits chimiques censés combattre les insectes qui s’attaquent aux cultures et détruire les mauvaises herbes. Mieux, ils s’érigent en spécialistes des produits phytosanitaires ou encore en techniciens agricoles, en donnant des conseils et des indications quant à leurs modalités d’emploi. Pour un business juteux, l’activité en est un. Car, les paysans se bousculaient devant leurs étals pour se procurer lesdits produits. L’affluence était d’autant plus grande que nous sommes à l’entame de la saison pluvieuse. Il faut donc se hâter pour que les mauvaises herbes n’aient pas le temps de prendre possession des champs. Interrogé sur le phénomène, le directeur général des productions végétales, en des termes qui ne laissent place à aucune ambigüité, a relevé tout le mal lié à l’utilisation de ces produits. Il a notamment mis en exergue leurs conséquences dévastatrices sur l’environnement, la santé humaine et animale. Il y a donc danger. D’ailleurs, il n’a pas manqué de relever que l’Assemblée nationale a légiféré sur la question et que dans les jours à venir, ses services se mettront en branle pour traquer les contrevenants et, le cas échéant, les punir conformément à la loi. Tout le mal qu’on lui souhaite est qu’il fasse vite et bien. Car, il y a péril en la demeure. Les dégâts que ces produits causent, sont énormes. La flore en prend visiblement un grand coup. Pour ceux qui en doutent encore, l’on peut leur suggérer de faire un tour dans les champs où ces produits achetés comme de petits pains sur la place du marché sont utilisés, pour constater de visu quelques manifestations du phénomène. Les herbes en particulier et les végétaux en général sur lesquels les produits ont été appliqués, jaunissent et meurent comme par enchantement de manière instantanée. Pour le Directeur général des productions végétales, cela constitue un véritable crime contre l’environnement.

 

Il est impératif de réagir

 

Et dans le cas d’espèce, la situation est d’autant plus préoccupante que les origines des produits sont douteuses. En général, ils sont acheminés au Burkina par la fraude. Et ce qui choque davantage les consciences, c’est la désinvolture avec laquelle les commerçants, si l’on peut les appeler ainsi, les vendent sur le marché. En ce qui concerne leur dangerosité pour la santé humaine et animale, cela aussi est établi. En effet, l’on garde encore en mémoire cette image que la TNB avait présentée, il n’y a pas longtemps, de bœufs décimés après avoir consommé de l’herbe traitée. C’était une véritable hécatombe. Sans être un spécialiste de la question, l’on peut en déduire que ces herbicides peuvent occasionner chez l’homme, les mêmes effets. La question qui se pose dès lors est de savoir si ceux qui s’adonnent à cette activité en ont conscience. Si oui, ce sont des criminels déclarés, qui méritent d’être traités comme tels. Si non, ce sont des criminels qui s’ignorent. Dans les deux cas, l’on doit leur opposer la rigueur de la loi. Mais dans  un pays où les pratiques inciviques sont en passe de devenir la norme et où l’impunité, peut-on dire, n’est pas loin d’être institutionnalisée, l’on peut craindre que la vente et l’utilisation anarchiques des pesticides et herbicides aient de beaux jours devant elles. Et pourtant, les faits sont têtus et le danger rôde. Il est impératif de réagir. L’on pourrait, par exemple, en plus de la répression, souhaiter que l’Etat mette un point d’honneur à faire en sorte que dans toutes les localités du pays, il y ait des points de vente officiels des produits phytosanitaires de qualité. Cette formule est d’autant plus à expérimenter que la nature a horreur du vide. Par ailleurs, ce ne serait pas trop demander à l’Etat, que de lui suggérer aussi de subventionner ces produits de sorte à ce que le prix d’achat oblige ceux qui font dans l’illégalité et la fraude, à fermer boutique. Dans un pays dont l’économie repose essentiellement sur l’agriculture et l’élevage et où l’essentiel de la population pratique ces deux activités, il n’y a pas à pinailler. Car, compte tenu des enjeux, le jeu en vaut la chandelle.

 

SIDZABDA


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