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VERS L’ADOPTION D’UNE NOUVELLE CONSTITUTION AU TCHAD PAR VOIE PARLEMENTAIRE


 La démocratie mise en bière

C’est,hier 30 avril, que le projet de révision constitutionnelle a été voté à l’Assemblée nationale, au Tchad. L’objectif est de permettre le passage du pays à un régime qui va renforcer les pouvoirs du président. Sauf cataclysme, l’on peut mettre sa main au feu que le texte passera comme une lettre à la poste. En effet, sous nos tropiques, l’Assemblée nationale, tout comme toutes les autres institutions de la République, traîne la triste réputation d’être des chambres d’enregistrement des desiderata du pouvoir exécutif. Dans le cas d’espèce, l’Assemblée est outrageusement dominée par les députés qui ont lié leur sort à celui de l’homme fort de Ndjamena. En effet, sur les 170 députés que compte l’institution, l’opposition n’en a que 33, soit la portion congrue.

C’est la démocratie qui est mise en bière

Avant même le début du vote, Idriss Deby Itno peut déjà sauter le champagne car sa volonté de régner à vie sur le Tchad par voie parlementaire, sera sûrement exaucée par les députés de la mouvance présidentielle. Il n’est donc pas permis un seul instant de douter sur l’issue du vote. Le moins que l’on puisse dire est que c’est la démocratie qui est mise en bière. Dès lors, l’on peut comprendre que la plate-forme des organisations des jeunes et les artistes tchadiens soient vent debout pour dire non à l’assassinat de la  démocratie au Tchad. L’on peut d’ores et déjà saluer cette posture de courage tout en se demandant s’ils ont véritablement les moyens de se faire entendre. Cette question est d’autant plus pertinente que l’homme fort de Ndjamena semble convaincu qu’il est l’Alpha et l’Omega du Tchad. De ce fait, il croit dur comme fer, qu’en dehors de lui, tout est dépeuplé au Tchad. Et cette religion, dont le messie est Idriss Deby Itno, a malheureusement des adeptes au Tchad. Les députés qui vont adopter par leur  vote la nouvelle Constitution, taillée conformément aux mesures de leur mentor de demi-dieu, en font partie. Et pour ces hommes et ces femmes qui ont choisi en toute conscience d’accompagner Idriss Deby Itno dans sa volonté affichée d’assassiner la démocratie, seuls comptent leurs intérêts égoïstes. Et tant que Idriss Deby sera aux commandes du navire Tchad, ils auront de quoi beurrer leurs épinards. L’histoire et le  qu’en-dira-t-on leur importent peu. Et ce n’est pas pour rien que la juridiction suprême du pays avait décidé de prolonger le mandat des députés, qui, dans les normes, devrait prendre fin en 2016. C’est pour leur permettre de profiter des largesses et de la générosité de la République. Et c’est Idriss Deby Itno qui était à la manœuvre, histoire de s’assurer du soutien inconditionnel et indéfectible de l’Assemblée nationale dans sa  volonté de tripatouiller la Constitution par voie parlementaire pour s’accrocher pour au moins  10 ans encore, à son trône. Car, tout indique que les 28 ans déjà passés à la tête du Tchad, n’ont pas suffi à étancher sa soif du pouvoir. Toute la comédie qu’il est en train d’organiser à l’Assemblée nationale, cache mal cette réalité. Mais tous les complices connus ou camouflées du dictateur, doivent intégrer le fait que l’Histoire, de leur vivant ou à titre posthume, leur demandera des comptes un jour. Ils doivent aussi intégrer le fait suivant : depuis l’indépendance du Tchad en 1960, tous les présidents qui se sont succédé à la tête du pays, ont quitté le pouvoir par la fenêtre. François Tombalbaye y a même laissé la vie. Et Hissène Habré croupit actuellement dans les geôles du Sénégal pour l’ensemble de ses basses œuvres à la tête du Tchad.

Le peuple tchadien risque de porter pendant longtemps encore sa croix

Tout ce passé politique peu glorieux  du Tchad, devrait conduire Idriss Deby Itno à revoir sa copie quant à sa volonté de tordre le cou à la démocratie pour se maintenir au pouvoir. Mais les dictateurs sont ainsi faits qu’ils croient qu’ils peuvent éternellement ruser avec la démocratie. Mais que ce soit au Tchad ou ailleurs, le ciel finit toujours par leur tomber sur la tête. Cette loi est implacable. En attendant qu’Idriss Deby Itno ne l’apprenne un jour à ses dépens, le peuple tchadien risque de porter pendant longtemps encore sa croix. En effet, pour le moment, le vent semble favorable au dictateur. Au plan domestique, il a réussi le tour de force de dompter quasiment les forces vives et politiques qui ont mis un point d’honneur à le contrarier. En outre, il a mis en place une armée   composée essentiellement d’éléments de son ethnie pour ne pas dire de sa famille. L’on ne peut donc pas compter sur cette institution pour lui indiquer la voie de sortie. A l’extérieur du Tchad, Idriss Deby compte des alliés et pas des moindres, compte tenu  du rôle capital qu’il joue dans la lutte contre le péril terroriste. Les Tchadiens seront donc mal inspirés de jeter leur dévolu sur la fameuse communauté internationale pour qu’elle les aide à se débarrasser de leur dictateur. En un mot comme en mille, l’on peut affirmer que les Tchadiens sont orphelins. Et quand les évêques du Tchad préconisent, en lieu et place de la voie parlementaire, le référendum pour arbitrer les choses, l’on peut se permettre de leur dire, ceci : un dictateur n’organise pas un référendum pour le perdre. La solution est à chercher ailleurs. Et sans chercher à blesser la susceptibilité des pélats, l’on peut prendre le risque de dire qu’elle pourrait ne pas être dans les prières. La solution est entre les mains du peuple tchadien ; ce peuple qui, depuis l’indépendance du pays, a souffert respectivement sous François Tombalbaye, Félix Maloum, Goukouni Oueddei, Hissène Habré et qui est en train de souffrir sous le presque monarque Idriss Deby Itno 1er, pardon Idriss Deby Itno.

« Le Pays »


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