HomeA la uneVIOLATION DE DROITS DE L’HOMME AU CAMEROUN ANGLOPHONE

VIOLATION DE DROITS DE L’HOMME AU CAMEROUN ANGLOPHONE


Une vingtaine de civils dont 13 enfants et deux femmes enceintes envoyés ad patres par les « forces gouvernementales » aidées d’une milice armée. Ce jour, 14 février 2020, qui célébrait l’amour, plutôt que d’avoir le cœur à la tendresse ou, à tout le moins, le cœur attendri, ces hommes armés se sont signalés par l’horreur. Théâtre de leur sale besogne : le quartier Ngarbuh du village de Ntumbo, dans la région du Nord-Ouest au Cameroun anglophone. Ces accusations d’une gravité extrême, portées contre l’armée camerounaise, sont celles de l’ONG Human Rights Watch, consignées dans son dernier rapport sur la situation des droits de l’Homme au Cameroun. Sa version des faits vient, pour le moins, contredire celle du ministère camerounais de la Défense qui assurait quelques jours avant, qu’il s’agissait de conséquences d’un « malheureux accident », c’est-à-dire l’explosion de conteneurs de carburant, consécutive à des échanges de tirs entre soldats et rebelles séparatistes. Le ministère également évoquait la mort de cinq personnes. Citant des témoignages, l’ONG précise que les crimes ont été commis par une quinzaine de militaires du Bataillon d’intervention rapide (BIR), unité d’élite de l’armée camerounaise, flanqués d’une trentaine de civils armés. Deux versions contradictoires donc, face auxquelles on peut aisément deviner de quel côté l’on est le plus proche de la vérité. Très attachée à son image, soucieuse de sa crédibilité, l’ONG n’a certainement pas porté ces graves accusations avec légèreté. Elle dispose sans aucun doute par-devers elle, de preuves tangibles de nature à gêner aux entournures Paul Biya qui semble vouloir cacher le soleil avec son doigt.

Il urge qu’une solution pacifique et définitive soit trouvée à cette épineuse question de l’Ambazonie

« Tueries délibérées » comme le souligne Human Rights Watch, ou pas, l’amère et triste réalité est que de pauvres innocents, en l’occurrence des enfants et des femmes, ont perdu la vie dans cette expédition punitive, toute chose qui ne fait pas honneur au Cameroun dont l’image continue de se dégrader en matière de respect des droits humains. Par ailleurs, sur la base des témoignages rapportés par l’ONG, l’on peut regretter que le commando ait recouru à une milice armée pour mâter des séparatistes. Yaoundé a-t-elle mesuré les conséquences d’une telle complicité qui ne manquera certainement pas de raviver les tensions communautaires ? Car, de vengeances en représailles, le risque est grand qu’on s’installe dans un cycle de violences sans fin. Et c’est le régime camerounais qui en porterait la plus grande responsabilité; certains témoignages laissant entendre, du reste, que les militaires commis à l’odieuse tâche, une fois les tueries terminées, auraient averti les habitants de Ntumbo, que leur village serait détruit s’ils continuaient à abriter des séparatistes. Pour autant qu’il n’éprouve aucun cas de conscience et qu’il soit sincère, le régime devrait travailler à la mise en place rapide d’une enquête indépendante à l’issue de laquelle il veillerait à traduire les responsables du massacre, devant les tribunaux. En tous les cas, la pacification de la zone anglophone du Cameroun, devrait constituer la plus grande priorité, voire le dernier combat du président Paul Biya aujourd’hui au soir de sa vie. Si jusque-là, la crise n’a pas connu son épilogue, elle n’a peut-être pas jusque-là été prise par le bon bout. Il urge pourtant qu’une solution pacifique et définitive soit trouvée à cette épineuse question de l’Ambazonie. A un activiste camerounais qui l’avait interpellé à Paris, en marge de la visite au Salon de l’agriculture, le président français avait promis de mettre le maximum de pression sur Paul Biya pour que cessent les violences au Cameroun. La preuve que la question embarrasse à l’Elysée.  Très mal accueillie au sein d’une frange de l’opinion camerounaise, cette sortie de Emmanuel Macron, aura au moins eu le mérite de mettre le doigt sur une plaie purulente que continue de traîner la gouvernance Biya.

« Le Pays »


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