HomeA la uneVISITE DE OMAR GUELLEH A PARIS : Tapis rouge pour un satrape

VISITE DE OMAR GUELLEH A PARIS : Tapis rouge pour un satrape


Sa réélection à la magistrature suprême de son pays, l’an dernier, aura été loin d’être clean. Et ce n’est pas tout : après avoir annoncé, il y a quelques années de cela, qu’il se retirerait sur l’Aventin, il prend de court son peuple en se portant, une nouvelle fois candidat à sa propre succession. Pas besoin d’un diagnostic pour réaliser à quel point ce monsieur souffre d’addiction ; celle du pouvoir. Et le mal n’en est que plus visible puisque propulsé à la tête de l’Etat, un certain 19 avril 1999, il ne semble toujours nourrir aucune intention de faire valoir ses droits à la retraite. Et bien c’est à monsieur, Ismael Omar Guelleh pour ne pas le nommer, que François Hollande a déroulé le tapis rouge, hier 1er mars 2017, à l’Elysée, à l’occasion d’une visite officielle. Une rencontre assez discrète, car il n’y a eu ni point de presse, ni discours officiel. Contre quoi ont-ils décidé de se prémunir ? De quoi a peur « Président Fondateur », Guelleh ? Que les porteurs de caméras, de micros et autres scribouillards en viennent à étaler sur la place publique, le linge sale de sa gouvernance politique sur fond de déni d’alternance ? Qu’ils l’amènent à se prononcer sur l’affaire Borrel qui n’a pas encore connu d’élucidation, plus de 20 ans après la disparition du juge français ?  Plusieurs années à la tête de l’Etat sans se rassasier de pouvoir et sans penser à passer la main ; il faut avouer que la démocratie dans ce pays est mal en point ! Elle fait piètre figure. Mais bien sûr, de cela, l’Elysée n’aura pas fait cas ; il faut bien que les intérêts de la France passent d’abord. Même si, dans le cas d’espèce, la date de la rencontre entre les deux hommes, ne semble pas avoir été choisie au hasard. Cette visite tardive que l’Elysée explique par des « incompatibilités d’agendas », intervient en effet à quelque deux mois du départ de François Hollande.

La France et Djibouti se savent liés par une relation d’interdépendance qui transcende les questions de droits de l’Homme

Visiblement, son homologue français s’est pressé lentement. A quelques semaines de son retrait de la politique, François Hollande peut bien se permettre quelques risques ; il n’est plus question, pour lui, d’avenir politique qui pourrait être compromis en s’affichant avec un satrape qui traîne un lourd contentieux de sang avec la France (affaire Borrel). Mais à vrai dire, en quoi la France y laissera-t-elle des plumes ? Bien au contraire, elle a tout à y gagner, Djibouti n’étant pas n’importe pays, son président fût-il un prédateur de la démocratie et de la liberté d’expression. De par sa position géographique, Djibouti est un allié indispensable dans la lutte contre la piraterie et contre les shebabs de Somalie. Elle abrite la plus grande base militaire française à l’étranger. Et last but not least, elle a une position stratégique en ce sens qu’elle est, aux yeux de l’Occident, un « pivot » dans le déploiement au Moyen-Orient. Une position stratégique qui vaut à ce pays d’être courtisé par plusieurs puissances occidentales. Comme quoi, la France n’aurait aucun intérêt à se laisser damer le pion dans son ancienne colonie. Et si l’ancienne puissance coloniale veut, à présent, se rattraper, après avoir donné le sentiment qu’elle avait quelque peu détourné son regard de Djibouti, ce n’est pas Guelleh qui refuserait cette main tendue. Les deux pays se savent liés par une relation d’interdépendance qui transcende les questions de droits de l’Homme et autres considérations secondaires aux yeux de Paris.

« Le Pays »


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