HomeA la uneACQUITTEMENT DE SIMONE GBAGBO : Quel impact sur la réconciliation nationale ?  

ACQUITTEMENT DE SIMONE GBAGBO : Quel impact sur la réconciliation nationale ?  


Débuté depuis le mois de mai 2016, le procès de l’ex-Première dame de Côte d’Ivoire, Simone Gbagbo, poursuivie pour crimes contre l’humanité dans le cadre de la crise post-électorale, a connu son épilogue le 28 mars dernier. En effet, alors que le réquisitoire du procureur général, Aly Yéo, laissait présager une condamnation à la prison à perpétuité, le juge Kouadjo Boiqui a estimé que Simone Gbagbo n’a rien à voir ni avec le mitraillage de la marche pro-Ouattara de la RTI, ni avec le massacre des femmes d’Abobo à l’arme lourde. De ce fait, les six jurés, à l’issue de six heures de délibéré, ont prononcé son acquittement. Les éléments de preuves brandis par la partie civile n’ont donc pas suffi aux 6 jurés pour condamner Dame Gbagbo. Et en cela, l’on peut dire qu’ils sont allés non seulement dans le sens de bon nombre d’observateurs qui avaient jugé le dossier d’instruction trop faible, mais aussi dans celui de la principale concernée qui, dès l’enclenchement du procès, avait plaidé, on se rappelle, non coupable. L’on peut donc comprendre pourquoi l’acquittement de Simone Gbagbo a suscité la satisfaction du camp de l’Enfant terrible de Mama. Du côté de Yopougon, quartier populaire d’Abidjan où résident ceux qui ne se lassent jamais d’écouter l’Evangile selon Laurent Gbagbo, la probabilité est grande que l’on ait procédé à des libations pour fêter l’événement et que dans la foulée, l’on ait sériné de nouveau l’argument selon lequel tout ce que l’on reproche aux pro-Gbagbo dans le cadre de la crise post-électorale, relève de la mythomanie.

Dans le camp des victimes, la déception était grande

Cette ambiance est aux antipodes de celle affichée par le procureur général, Aly Yéo, et de celle de l’association des victimes de la crise. Le premier, Aly Yéo, visiblement déçu du dénouement des choses, a laissé entendre ceci : « Le jury a peut-être voulu envoyer un signal fort en faveur de la politique de réconciliation ». Et le procureur ne s’est pas arrêté là. Il a aussi relevé que le verdict est lié au fait que le jury qui l’a prononcé, est composé de personnes « qui ne sont pas spécialistes de droit » et qui, de ce fait, n’ont fait que prévaloir seulement leur sentiment et leur émotion. Dans le camp des victimes, la déception était plus grande. Leur porte-parole, Issiaka Deby, l’a martelé en ces termes : « Je ressens de la tristesse et de la désolation pour les victimes. » Et d’ajouter : « Je réclame l’exécution du mandat d’arrêt de Simone par la Cour pénale internationale. Aujourd’hui, seule la Justice internationale peut lutter contre l’impunité. On ne peut plus faire confiance à la Justice ivoirienne ». Et nul doute que du côté d’Abobo, quartier dont sont issues les femmes qui ont été massacrées, les dents étaient encore plus serrées et les gorges plus nouées de colère. Cela dit, et dans l’hypothèse où l’acquittement de Simone Gbagbo serait plus dicté par l’impératif de la réconciliation nationale que par la volonté de rendre justice, l’on peut se poser la question de savoir si les effets escomptés seront atteints. De manière générale, l’on peut s’interroger sur l’impact que cet acquittement polémique de Simone Gbagbo peut avoir sur la réconciliation tant prônée par le pouvoir d’Alassane Ouattara. Cette question, on peut  se la poser en se situant d’abord au plan domestique. Au niveau des pro-Gbagbo, cet acquittement peut être décrypté comme une main que la Justice leur tend. Sauront-ils la saisir ?

Les avocats de Laurent Gbagbo pourront demander l’acquittement de leur client

Les moins radicaux pourraient être tentés de le faire. Quant aux va-t-en-guerre qui ne veulent pas entendre parler de réconciliation tant que tous leurs camarades actuellement embastillés ne seront pas libérés, à commencer par le Christ de Mama, rien n’est moins sûr. Tout au plus, ils peuvent commencer à accorder un minimum de crédit à la Justice ivoirienne qu’ils ont toujours accusée d’être un instrument de vengeance aux mains de ceux d’en face, c’est-à-dire les partisans de l’Enfant de Kong, Alassane Ouattara pour ne pas le nommer. Pour les pro-Ouattara, notamment parmi ceux qui ont payé un lourd tribut à la crise post-électorale et qui sont convaincus à tort ou à raison que Simone Gbagbo a été pour quelque chose dans leur malheur, son acquittement pourrait être perçu comme de la provocation. De ce point de vue, il n’est pas exclu que certains, les plus irrités, soient tentés de se faire justice. Le gouvernement doit déjà prendre des mesures pour les en dissuader. Au plan domestique donc, certains verront la bouteille à moitié pleine et les autres à moitié vide. Et dans ces conditions, le risque est grand que la réconciliation que peut susciter l’acquittement de Simone Gbagbo n’ait pas beaucoup de chances de marcher sur les deux pieds. Ensuite, si l’on veut décrypter l’acquittement de Simone Gbagbo sous l’angle de ce qui se passe actuellement à la Haye et toujours en rapport avec la réconciliation nationale, on peut dire ceci : les juges de la CPI pourraient être embarrassés par le verdict prononcé par le juge Kouadjo Boiqui. En effet, Simone et Laurent sont tous les deux poursuivis pour crimes contre l’humanité. Si aujourd’hui, la Cour d’assises d’Abidjan a estimé que le dossier de l’épouse est vide alors que la partie civile a eu toute la latitude de parcourir le pays en long et en large pour réunir les éléments de la culpabilité de l’ex-Première dame, l’on peut imaginer la difficulté qu’aura la procureure de la CPI, à convaincre les juges de la Haye quant à l’implication de Laurent Gbagbo dans les crimes liés à la crise post-électorale et ce, d’autant plus que ses visites en RCI, dans le cadre des enquêtes préliminaires, ont été rarissimes. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, les avocats de Laurent Gbagbo pourront, dès lors, demander l’acquittement de leur client pour manque de preuves. Sans préjuger de l’issue du procès du mari, l’on peut prendre le risque de dire qu’il peut être influencé par le verdict de l’épouse. Car, les deux procès se ressemblent comme deux gouttes d’eau. C’est l’une des raisons pour lesquelles la CPI avait demandé à juger l’ex-Première dame. Abidjan y avait opposé un refus, invoquant que la RCI réunissait tous les ingrédients pour faire le boulot, dans les règles de l’art. Avec l’acquittement de Simone Gbagbo, désormais, chacun pourra apprécier cela et tirer les conclusions qui s’imposent. En tout cas, il y a de quoi être inquiet au cas où l’hypothèse selon laquelle Simone Gbagbo a été acquittée pour favoriser la réconciliation en Eburnie, se confirmerait. Car, la probabilité que cela soit contre-productif est très forte. Jamais, en effet, dans l’histoire des peuples, l’on a assisté à une véritable réconciliation sans le prérequis de la vérité et de la justice. De ce point de vue, l’on peut être tenté de partager avec l’ensemble des Ivoiriens, l’opinion suivante de Joseph Ki-Zerbo : « Avant de tourner une page, il faut d’abord la lire ». L’on peut avoir l’impression qu’à propos des 3 000 morts de la crise post-électorale ivoirienne, cette sagesse de l’historien burkinabè passe finalement pour un pet d’âne.

« Le Pays »


Comments
  • Commentaire…les avocats de Gbagbo peuvent bien le defendre sils le veulent vraiment. les blancs donc nous avons peurs de dire la verite sont aussi des creature de Dieu. reflechissons impeu nos parents africains sans nos richesses les blancs sont rien. nos parents meurent des maladies dites incurables par les blancs combien gagnent ils sur malades? nouriture c est encore grave? nos parents planteurs on n en parle pas. les biens terrestres sont encore dans leur main pourquoi le pouvoir politique ne serait il pas a leur portee? pour cela ils sont pret a tout, nous vivons avec les vrais assassins dans le pays et les innocents sont en prison parce que sans les richesses des africains les blancs tombent en ruine donc ils leur faut un president qui coopere avec eux c est alassance quatara qui pret a vendre tout et qui n a aucun soucis pour le peuple. ouvrez les yeux , vous pouvez le liberer si vous avez les yeux de Dieu

    30 mars 2017

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