HomeA la uneALGERIE : Vers l’impasse ?

ALGERIE : Vers l’impasse ?


 

Après le chef d’état-major, c’est au tour de l’ex-Premier ministre Ahmed Ouhiayia et l’Union générale des travailleurs de l’Algérie (UGTA), de monter au créneau pour demander la démission du président Abdelaziz Bouteflika. C’est dire que chaque jour qui passe, la majorité présidentielle ne fait que se fissurer davantage. Cela dit, se dirige-t-on vers une impasse en Algérie ? C’est l’une des questions que l’on pourrait se poser, au regard de l’évolution de la situation dans ce pays. En effet, poussé par la rue à renoncer à un cinquième mandat, le président Abdelaziz Bouteflika, croyant pouvoir jouer les prolongations à la tête de l’Etat, s’est proposé lui-même pour conduire la transition devant aboutir à l’élection de son successeur.  Mais c’était sans compter avec la détermination des manifestants à tourner définitivement sa page et celle de son régime, qui ont affiché leur désaccord avec cette décision du président.

On se demande bien où va l’Algérie

Un niet catégorique qui a eu pour effet de freiner le pouvoir dans sa volonté de mettre en place un gouvernement de transition pour aller aux réformes annoncées dans le cadre d’une conférence nationale où seraient fortement représentés les jeunes et les femmes. C’est dire si le retrait de la candidature de Boutef n’a pas réussi à calmer la colère de la rue qui n’a pas desserré son étreinte autour de la gorge du pouvoir, et qui aspire désormais à un changement total. Exit Boutef et compagnie, telles sont les exigences de la rue dont le mouvement, après plus d’un mois de manifestations, a gagné en intensité au point de pousser des soutiens et pas des moindres du président à faire défection. C’est dans ce contexte de tension et de bras de fer entre Bouteflika et son peuple, que le patron de la Grande muette a fait une sortie, le 26 mars dernier, demandant l’application de l’article 102 qui décrète la vacance du pouvoir en cas d’empêchement du président de la République et qui retentit aux oreilles de plus d’un comme un lâchage en règle du vieux président malade qui passe aussi pour être le mouton du sacrifice d’un régime aux abois. Seulement, le peuple ne semble pas l’entendre de cette oreille car ils sont nombreux les Algériens à voir derrière cette sortie du patron de l’armée, une entourloupe visant à conserver le pouvoir et à donner du répit au système pour organiser la succession du président Bouteflika.  C’est pourquoi, entre un Bouteflika qui ne montre aucun empressement à jeter l’éponge, un Conseil constitutionnel qui attend on ne sait quoi pour prendre ses responsabilités, une armée qui veut faire bouger les lignes mais qui est, d’ores et déjà, récusée et une rue qui continue de gronder et qui veut la rupture, l’on se demande bien où va l’Algérie. C’est dire donc qu’on n’est pas encore sorti de l’auberge. En tout cas, après l’accueil peu enthousiaste réservé à la sortie du général Ahmed Gaïd Salah, l’on se demande quelle position va à présent adopter l’armée. Va-t-elle céder à la pression populaire ou voudra-t-elle, malgré tout, jouer le rôle d’arbitre, avec le risque d’être elle-même débordée ? Le moins que l’on puisse dire, c’est que pour une armée qui est habituée à faire et à défaire les régimes, elle est aujourd’hui dans une situation inconfortable, face à cette réaction inattendue de la rue. Quoi qu’il en soit, l’Algérie semble aujourd’hui plus que jamais à la croisée des chemins, ou du moins, à la recherche de l’homme providentiel, consensuel, pour diriger la transition devant conduire à des élections libres et crédibles.

Le pays ne peut pas continuer à voguer dans l’incertitude et il faut à tout prix éviter de tomber dans l’anarchie

Qui donc, pour sortir le pays de l’ornière ? Telle est l’équation qui semble se poser aujourd’hui aux Algériens. C’est pourquoi, au-delà de la contestation et des manifestations de rue, il va bien falloir, à un moment donné, s’asseoir autour d’une table pour dresser une feuille de route crédible de sortie de crise. Car, tout porte à croire que le débat est en train de glisser dans une zone de non droit, surtout si tous les dauphins constitutionnels du président doivent subir la fatwa des contestataires pour avoir flirté ou été au cœur du système Bouteflika aujourd’hui vomi par le peuple. Au demeurant, constitutionnalité pour constitutionnalité, ils sont nombreux les Algériens à voir dans la décision unilatérale de report de la présidentielle par Bouteflika après son renoncement, une décision anticonstitutionnelle.
En tout état de cause, « à situation exceptionnelle, dit-on, mesures exceptionnelles ». Car, le pays ne peut pas continuer à voguer dans l’incertitude et il faut à tout prix éviter de tomber dans l’anarchie. Il appartient donc aux Algériens de trouver les ressorts nécessaires pour se fixer une feuille de route consensuelle, avec un chronogramme clair à même de répondre à leurs aspirations. Car, brûler l’Algérie aujourd’hui ne servirait à rien.

« Le Pays »


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