HomeA la uneCELEBRATION DES DEUX DECENNIES DU POUVOIR JAMMEH :Vingt ans d’obscurantisme et de pratiques liberticides

CELEBRATION DES DEUX DECENNIES DU POUVOIR JAMMEH :Vingt ans d’obscurantisme et de pratiques liberticides


 

On usera de tous les qualificatifs pour le singulariser ; mais jamais l’homme n’a voulu, et ne voudra changer. A l’instar de feu le dictateur bouffon Amine Dada de l’Ouganda, le président Yahya Jammeh de la Gambie n’a aucun état d’âme. Ses hauts faits : une liste de détenus et d’exilés qui s’allonge, des tortures à n’en plus finir !

 

La Gambie est comme abandonnée entre les mains d’un tyran moyenâgeux

 

L’on se demande jusque-là, pourquoi la communauté internationale s’est si peu intéressée à ce qui se passe en Gambie, cepetit pays magnifique, très touristique. Naguère, on avait plaisir à le visiter, à l’occasion d’un séjour au Sénégal voisin. Malheureusement, aux clapotis des vagues qui viennent s’échouer sur sa façade maritime, répondent présentement les sanglots de très nombreuses familles endeuillées ou désespérées. Ce pays est comme abandonné entre les mains d’un tyran moyenâgeux, surpris dans son sommeil par les soubresauts du troisième millénaire ! Boubou blanc, chapelet et sceptre en main, celui qu’on surnomme en Gambie, « le fou de Kanilaï », prétend pouvoir guérir le Sida, la stérilité ou l’épilepsie à l’aide de plantes traditionnelles et d’incantations mystiques.

Le lieutenant Yahya Jammeh n’avait pourtant que 29 ans lorsque, le 22 juillet 1994, il renversait Dawda Kairaba Jawara, qui dirigeait le pays depuis son indépendance. Un vent d’espoir souffla alors sur la Gambie, surtout que l’auteur du coup d’Etat promettait la fin de la corruption, du népotisme, de la pauvreté. Du déjà-vu et du déjà-entendu sur le continent. Après avoir incarné l’espoir et le changement dans tout ce qu’il a de positif pour un peuple longtemps floué, le jeune lieutenant de l’armée gambienne, a vite été gagné par la boulimie du pouvoir.Longtemps, d’anciens collaborateurs se souviendront des abus de cet homme qui aura déçu plus d’un : « Yahya Jammeh est délirant, imprévisible et brutal », soutient un de ses anciens ministres, aujourd’hui contraint à l’exil.

Les opposants, les journalistes et les défenseurs des droits humains constituent des cibles de choix : ils disparaissent, croupissent dans les prisons, ou prennent le dur chemin de l’exil. Ce, en dépit des protestations des organisations internationales de défense des droits de l’Homme. Yahya Jammehn’est ni le premier, ni le seul dirigeant africain à s’illustrer négativement. Mais il sait s’illustrer à sa façon. Personnage atypique, il a mis en place un régime qui fonctionne avec dans le viseur, la régression de l’espèce humaine. Trouble et foncièrement rétrograde, il se fait passer pour un prophète. Il aspire, de ce fait, et sans doute plus que les autres, à mourir au pouvoir. Dans ce pays, la machine de la fraude verrouille tout au plan du combat politique. La corruption, le partisanisme étroit et la répression systématique bouchent les horizons. Aucune possibilité d’alternance n’est donc envisageable actuellement en Gambie.

C’est une vraie audace que de fêter 20 ans de sinistre dictature ! Mais, que ne voit-on pas sur ce continent où les peuples sont rapidement esclaves de leurs dirigeants ! Si Yahya Jammeh ose ainsi pavoiser, c’est qu’il a vu faire ailleurs. Certains dirigeants africains célèbrent leur long règne. Pourquoi donc l’actuel chef de l’Etat gambien devrait-il se priver de fêter ?

 

L’on est fondé à croire que le peuple vit résigné

 

Ils sont nombreux en effet, ces chefs d’Etat africains qui ont oublié maintes et maintes promesses faites à leur peuple. Pour la plupart, ils ont choisi de tourner le dos à leur peuple. Beaucoup de régimes dictatoriaux hibernent car, en général, l’Occident traîne à s’occuper d’eux. Plus soucieux de ses intérêts, il ne les effraie plus. Si chaque peuple mérite son dirigeant, celui de la Gambie lui, fait vraiment pitié !

En Gambie, il y a une telle passivité, et l’information circule si peu que l’on est fondé à croire que ce peuple vit résigné, recroquevillé sur lui-même. Pourtant, la résistance au pouvoir de Jammeh ne laisse guère de doute. A preuve, la répression qui s’intensifie, de même que les multiples départs en exil. Sans doute, les opposants au régime gambien devront-ils s’organiser mieux et lutter davantage ! Des exemples vécus ailleurs pourraient inspirer. En particulier, la société civile et les médias devront apprendre à conjuguer leurs efforts pour plus de résultats. En la matière, la diaspora devrait en particulier s’investir davantage dans ce combat juste. Yahya Jammeh qui nargue régulièrement l’opinion internationale, fait vraiment la honte du continent. Face à cette brute épaisse et immonde, il faut œuvrer de concert. D’autant que les événements qui surviennent chaque jour en Afrique et dans le monde, montrent que la peur change de camp. Il suffit d’y croire et de travailler dans le bon sens.

Certes, jamais le pouvoir gambien ne se laissera faire. Mais, «tout a une fin », dit l’adage. Dans cette optique, il faut non seulement redoubler d’effort, mais aussi agir en synergie afin que ce dictateur soit cerné de toutes parts.

 

« Le Pays »

 

 


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