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CONDAMNATION D’IGNACE SOSSOU EN APPEL


La Cour d’appel du Bénin a condamné hier, 19 mai 2020, le journaliste d’investigation Ignace Sossou à 12 mois de prison dont 6 mois ferme et une amende de 500 000 F CFA. Faut-il le rappeler, ce journaliste avait été condamné en première instance en 2019, à 18 mois de prison pour cyberharcèlement. Ce qui laisse penser que les juges ont voulu diviser la poire en deux. Mais même là, les mouvements de défense des droits de l’Homme estiment que les juges ont eu la main lourde. Et l’on pourrait dire qu’ils n’ont pas tort, car, 12 mois de prison, ce n’est pas 12 heures ni 12 jours. Ce verdict est la preuve qu’il ne fait pas bon être journaliste au pays de Patrice Talon. Certes, pour le pouvoir béninois, le journaliste a été condamné pour un délit de droit commun. Mais personne n’est dupe. Tout porte à croire qu’il pourrait avoir payé pour ses prises de position tranchées vis-à-vis du pouvoir de Patrice Talon qui, il faut le dire, se montre de plus en plus hostile à la critique. En tout cas, il est difficile de convaincre les Béninois qu’Ignace Sossou mérite sa condamnation d’autant plus que les juges n’ont pas pu prouver de façon irréfutable sa culpabilité. On se demande jusqu’où pourra se dérouler le rouleau compresseur du pouvoir qui semble déterminé à faire taire toutes les voix qui dérangent. En tout cas, on a envie de se demander si le Bénin n’est pas en train de se « gondwaniser ». Et à l’allure où vont les choses, le Bénin risque de se retrouver en tête de la lugubre liste des pays prédateurs de la liberté de presse.

Un Etat qui s’attaque à la liberté de la presse n’est ni plus ni moins qu’une dictature

Et c’est peu dire, car le journalisme semble devenu un métier à risque au Bénin. On se croirait dans un Etat policier. En tout cas, pour autant qu’il veuille préserver son image de démocrate, le pouvoir béninois a tout intérêt à se ressaisir, car un Etat qui s’attaque à la liberté de la presse n’est ni plus ni moins qu’une dictature. Pourquoi ne pas prendre l’exemple sur d’autres pays comme le Burkina Faso ou le Sénégal par exemple, qui sont allés plus loin en dépénalisant les délits de presse ? Car, en démocratie, pour quelque raison que ce soit, on ne doit pas se réjouir de l’emprisonnement d’un journaliste. Cela est d’autant plus vrai que la vitalité de la démocratie se mesure à l’aune de la liberté de la presse. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette condamnation d’Ignace Sossou est une mauvaise publicité pour le régime de Patrice Talon. Ce, d’autant plus qu’il vient d’organiser des municipales sans l’opposition. Il ne fait pas l’ombre de doute que cette condamnation du journaliste d’investigation apporte de l’eau au moulin de tous ceux qui accusent le président Talon de vouloir tuer la démocratie béninoise qui, pourtant, constituait une vitrine sur le continent en matière de démocratie. Cela dit, faut-il croire que tout est perdu pour le journaliste Ignace ? Certainement pas. Car, l’histoire nous enseigne qu’il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Les avocats de journalistes ont, dès l’annonce du verdict, illico presto, promis de saisir la Cour de cassation. Et il faut espérer que ces grands juges qui incarnent la sagesse, puissent rectifier le tir.

DZ


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