HomeA la uneCONSENSUS SUR LA MISE EN PLACE D’AUTORITES INTERIMAIRES AU NORD-MALI : La paix des braves aura-t-elle lieu ?  

CONSENSUS SUR LA MISE EN PLACE D’AUTORITES INTERIMAIRES AU NORD-MALI : La paix des braves aura-t-elle lieu ?  


 

 

La paix des braves aura-t-elle lieu ? C’est la question qui est sur toutes les lèvres depuis que, le 15 juin dernier, les protagonistes de la crise malienne ont trouvé un consensus sur la mise en place d’autorités intérimaires qui devraient administrer les cinq régions du Nord-Mali. En d’autres termes, groupes armés et agents de l’Etat seront désormais appelés à cohabiter pour assurer la sécurité et surtout le retour des services sociaux de base tels que l’éducation et la justice. Comment ne pas se réjouir d’une telle avancée remarquable quand on sait  que depuis plus d’un an après sa signature en grande pompe, l’accord d’Alger qui avait pourtant suscité beaucoup d’espoirs, a du mal à prendre corps ? Osons seulement espérer que cette fois-ci sera la bonne. Car, rien n’est encore gagné d’avance. Une chose est de se mettre d’accord pour gérer les régions du Nord, une autre est de s’entendre sur le choix des hommes dont on dit qu’ils seront « désignés de manière consensuelle ». Sans jouer les oiseaux de mauvais augure, des couacs pourraient être enregistrés à ce niveau. De fait, on imagine difficilement le MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad) qui n’a jamais renoncé à son projet indépendantiste, laisser la gestion de Kidal à Bamako ou à d’autres groupes armés, fussent-ils signataires de l’accord d’Alger. C’est pourquoi il faudra, pour l’instant, se garder de tout angélisme puisqu’au Mali, un consensus arraché le matin peut voler en éclats le soir venu, tant et si bien que parfois, on ne  sait plus à quel accord se fier. Car, avec des acteurs coutumiers des  revirements et des pantalonnades, il n’est pas exclu que dans les jours à venir, on assiste à des blocages dans la mise en œuvre des engagements pris à Bamako. Quand on ne fomente pas un attentat par groupe djihadiste interposé, on crée une nouvelle situation de belligérance en s’attaquant aux positions d’autres groupes armés, rendant ainsi difficile toute sortie de crise.

On est face à une véritable équation qui ne peut être résolue par des coups de bazooka

En clair, au Nord-Mali, tout se passe comme si certains acteurs, en témoigne leur attitude caméléonesque, ne veulent pas d’un retour de la paix. Et Dieu seul sait s’ils sont nombreux, ces pêcheurs en eaux troubles, qui tirent abondamment profit des trafics et autres contrebandes de tout genre, dans le septentrion malien. Pendant ce temps, les terroristes, jadis traqués  jusque dans leurs derniers retranchements,  refont peu à peu surface, allant jusqu’à s’attaquer aux forces internationales en présence. La dernière  embuscade en date avait fait cinq morts dans les rangs du contingent togolais. En tout cas, il urge que les protagonistes de la crise malienne se rencontrent et se parlent régulièrement, mais encore faut-il que les uns et les autres fassent preuve de sincérité et de bonne foi. A défaut, on passera le temps à tourner en rond avec le risque très élevé d’un retour à la case-départ. Car, faut-il le  rappeler, le problème du Nord-Mali n’est pas seulement politique, il est aussi sociologique. En effet, les Touaregs qui constituent une minorité, quoi que agissante, revendiquent la légitimité historique de la zone, devant d’autres groupes ethniques qui se considèrent comme autochtones. On est donc face à une véritable équation qui ne peut être résolue par des coups de bazooka. Pour être durable, toute solution doit nécessairement passer par un dialogue incluant toutes les communautés vivant dans le Nord-Mali. C’est à ce prix seulement que l’on pourra reconstruire un Mali uni et indivisible que d’aucuns appelaient affectueusement le Maliba (entendez le grand Mali).

Boundi OUOBA


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