HomeA la uneLUTTE CONTRE L’INSECURITE AU G5 SAHEL : Les lignes commencent à bouger  

LUTTE CONTRE L’INSECURITE AU G5 SAHEL : Les lignes commencent à bouger  


 

Le 5 juin dernier, les ministres des Affaires étrangères des pays du G5 Sahel se sont réunis à Bamako à l’effet de se pencher sur le dossier de l’opérationnalisation de l’armée sous-régionale dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Y était aussi présente, la Haute représentante de l’Union européenne (UE), Federica Mogherini, dont l’institution est à fond derrière cette initiative des pays du G5 Sahel à laquelle elle est disposée à apporter son soutien financier pour lui donner des chances de succès, eu égard à l’indigence des pays concernés. De son côté, la France soutient à 100% cette initiative qui bénéficie du soutien de la force Barkhane à travers, entre autres, le renseignement. En outre, cette force française s’emploiera aussi, dans les mois à venir, à assurer la formation de nombreux officiers d’état-major.

Il faudrait encourager les pays concernés à hâter le pas

Le moins que l’on puisse dire, c’est que les lignes commencent à bouger et l’on commence à voir clair dans la composition de cette force dont l’effectif pourrait aller jusqu’à 10 000 Hommes, avec une composante militaire chargée de traquer les terroristes de tout poil et une composante policière qui fera de la lutte contre le trafic de drogue, de biens et d’êtres humains, son cheval de bataille. Quand on sait que ces trafics de tous ordres de produits prohibés constituent l’une des mamelles auxquelles se nourrissent les terroristes, l’opportunité de la création de la composante policière de cette force, qui sera spécialisée dans la traque des mauvais garçons du désert, n’est plus à démontrer. En attendant la mise en œuvre concrète de cette armée, l’on peut déjà se réjouir que le G5 ait pris le taureau de la lutte contre le terrorisme par les cornes, en essayant d’y apporter une réponse à la hauteur du défi. Et le constat en la matière, est que le G5 Sahel est en train de damer le pion aux autres entités sous-régionales, en termes d’organisation de la riposte contre ce fléau qui donne des insomnies aussi bien dans les palais présidentiels qu’au sein des populations. C’est un pas en avant, et il faudrait encourager les pays concernés à hâter, autant que faire se peut, le pas dans la mise en œuvre de cette armée, car il y a véritablement péril en la demeure. D’autant plus que le ver est déjà dans le fruit, et pas une semaine ne passe sans que l’on ne signale par endroits des attaques ou autres actes de violences ou d’intimidations perpétrés par ces apôtres de l’obscurantisme. L’objectif étant visiblement non seulement d’étendre leurs tentacules jusque dans les hameaux les plus reculés, mais aussi  de ne donner aucun répit aux forces de défense et de sécurité des différents pays, engagées dans un combat à mort. Et en choisissant la stratégie du harcèlement, l’on est porté à croire que les terroristes comptent jouer sur le mental des troupes dans le but de les avoir à l’usure. En tout état de cause, les pays du G5 Sahel ne devraient pas avoir de difficulté à s’inspirer de l’exemple de la coalition des pays du Bassin du lac Tchad dont l’unité d’action a permis de porter un coup dur à la secte islamiste Boko Haram qui y sévissait, en réduisant considérablement sa capacité de nuisance. En tout cas, depuis que les armées du Nigeria, du Niger, du Tchad et du Cameroun ont compris la nécessité de fédérer leurs forces et de coordonner leurs actions contre Abubakar Shekau et ses hommes, le monstre qui fanfaronnait jadis et prenait du plaisir à défier tout le monde dans cette partie du monde en semant la mort et la désolation au sein des populations, est désormais réduit presqu’à sa plus simple expression. En tout cas, sa voilure a été considérablement réduite.

L’espoir est permis

Il appartient donc aux pays du G5 Sahel de s’inspirer de cet exemple pour se donner les moyens de mettre au pas les Iyad Ag Ghaly, Amadou Kouffa, Ibrahim Malam Dicko et autres obscurs trafiquants de drogue qui veulent mettre la sous-région sous coupe réglée, dans le but de maintenir un commerce autrement florissant et lucratif, qui leur permet d’assurer la survie de leurs mouvements et de financer leurs actions diaboliques. Cela est d’autant plus nécessaire que des pays comme le Niger et le Tchad, qui ont vécu l’expérience contre Boko Haram avec les résultats probants  que l’on sait, font partie de ce G5 Sahel. Cela dit, au regard des efforts qui sont déployés sur le terrain pour porter la riposte, l’on peut dire que l’espoir est permis. D’autant que pas plus tard que la semaine dernière, une opération d’envergure des forces françaises, en collaboration avec les armées du Mali, du Burkina et du Niger, a permis de neutraliser une vingtaine de djihadistes dans la forêt de Serma à quelque 200 km au Sud-Ouest de Gao, après le nettoyage et la désinfection de la forêt de Foulsaré à la frontière avec le Burkina Faso en début mai dernier, à travers l’opération « Bayard » qui avait aussi permis de mettre hors d’état de nuire une autre vingtaine de terroristes. Les signaux sont donc bons. Reste maintenant à souhaiter que le processus ne prenne pas du plomb dans l’aile, car ce ne sont pas les difficultés qui manquent. A commencer par l’absence d’un pays comme l’Algérie que l’on peut regretter dans une rencontre d’une telle envergure, qui concerne la lutte contre le terrorisme au Sahel, quand on sait le rôle central, déterminant et pratiquement incontournable que joue le pays de Abdel Aziz Bouteflika, dans la guerre contre les fondamentalistes religieux dans le septentrion malien. Une autre difficulté et pas des moindres, pourrait être le nerf de la guerre, si l’UE devait se retrouver encore seule à cracher au bassinet. Enfin, tout en mettant l’accent sur  le volet militaire, il ne faudrait pas oublier de le faire accompagner du volet développement local, tant il est maintenant raisonnablement admis que la guerre contre le terrorisme ne saurait se gagner uniquement par les armes.

 « Le Pays »

 


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