RECURRENCE DES ATTENTATS TERRORISTES  DANS LA REGION DU LAC TCHAD : Une équation insoluble ?

 

Le triple attentat-suicide du 5 décembre dernier sur l’île du lac Tchad a été plus meurtrier que le précédent perpétré le mois dernier à Ngouboua dans la même zone. La psychose généralisée qui s’est emparée des populations nourrit beaucoup de commentaires et de réflexions sur les voies et moyens à utiliser pour prévenir ou empêcher pareilles tragédies. En effet, la récurrence des attentats dans la localité, serait-elle la réplique des terroristes aux déclarations quasi péremptoires du président tchadien Idriss Déby Itno qui, naguère,  avait annoncé la fin du terrorisme dans cette zone géographique ? La preuve est faite que l’on ne saurait décréter la fin du terrorisme djihadiste, et que la recherche de solutions à  ce phénomène dépasse largement le cadre d’un seul pays. Le président Idriss Déby semble impuissant face à ces «guerriers d’un autre genre» dont le mode opératoire atypique et ultraviolent subjugue les consciences. Autant dire que les Tchadiennes et les Tchadiens vivront désormais dans la peur grandissante. Et au-delà du Tchad, c’est toute l’Afrique qui est saisie d’une peur bleue et même le monde entier, dans la mesure où depuis les mémorables attentats terroristes du 11 septembre 2001 aux Etats- Unis, l’humanité tout entière ne fait qu’assister à des épisodes d’attentats terroristes aussi violents les uns que les autres, portant la marque d’organisations terroristes aussi vieilles les unes que les autres, et des modes opératoires aussi diversifiés. Toute chose qui donne une dimension planétaire au terrorisme. La pieuvre terroriste reste-elle invincible ? Quelles sont les solutions possibles pour faire face à ce terrorisme devenu rampant ? Doit-on céder au pessimisme face à des terroristes désireux d’installer un califat dans la sous-région ? Ou doit-on prendre langue avec ces endiablés, et de quelle façon, pour les amener à renoncer à la violence gratuite dirigée contre des citoyens innocents ?

Les actes terroristes survenus au Tchad, au Mali, au Nigeria … visent à tuer l’Afrique dans son âme

Il faudrait sans doute mieux chercher à connaître les motivations réelles des terroristes au-delà de leur volonté affichée de créer des califats. Cela permettrait peut-être une meilleure identification des terroristes et de leurs complices parmi les populations afin de mieux les traiter. L’autre solution consisterait à encadrer les maîtres coraniques formateurs qui pourraient opérer des lavages de cerveau au sein de leurs disciples potentiels. Mais, une question : faut-il interdire la formation des talibés autour d’un feu dans les villages ou la mendicité dans les rues ? En tout cas, en attendant d’y répondre, tout porte à croire que la solution au terrorisme n’est pas dans les armes. Il faut plutôt tarir les sources de ravitaillement de ces chacals. En tout état de cause, les actes terroristes survenus au Tchad, au Mali, au Nigeria … visent à tuer l’Afrique dans son âme en désorganisant entre autres, les cadres habituels de regroupements humains, notamment, les marchés qui constituent des lieux de rencontre par excellence.

Assina SANOGO