HomeOmbre et lumièreLA NOUVELLE DU VENDREDI : Une scène incroyable

LA NOUVELLE DU VENDREDI : Une scène incroyable


 

 

Tonton Adou  est un homme heureux. Puisqu’il  était satisfait de son existence et heureux de vivre, il ne pouvait tolérer la moindre violence. Et surtout si cette violence s’applique à des femmes ou à des  enfants. A 46 ans, heureux dans son célibat et son choix de vie, tonton Adou  a accueilli tous les trois enfants de sa sœur défunte et s’en occupe admirablement.

Par la pratique assidue du sport, tonton Adou  conserve un corps d’athlète de jeune adolescent.  J’ai entendu dire un jour dans le quartier que jeune lycéen, il pratiqua pendant un temps  le judo avant de déposer son kimono. Son cœur  ne supportait pas la moindre violence. Il s’orienta enfin vers  le vélo. Et depuis, c’est un sport qu’il pratique quotidiennement avec bonheur.

Ingénieur de profession dans la capitale du pays des hommes intègres, tonton Adou est un heureux homme qui se laisse tranquillement dorloter par l’existence. Justement, ce samedi, en cette belle matinée  de juillet,  il était 6h, tonton Adou arrosait avec bonheur ses plantes devant sa concession. Les deux neveux et la nièce  en voyage, le cher homme en solitaire se la coulait  douce dans l’admiration de la nature. Un bon viveur et un original, tonton Adou.

Bercé par l’eau de robinet qui coulait sur ses plantes, tonton Adou entendit dans la concession  voisine, des voix s’élever.

Encore mon cher Hector qui règle ses comptes avec madame ou un enfant  comme d’habitude.  Pensa tonton Adou.

Un cri, puis une sorte de râle plaintive  fit comprendre à tonton Adou que quelque chose de  grave se passait  chez   monsieur Hector. Le temps de décider de  ce qu’il fallait  faire dans pareil cas et madame Hector sortit de la concession en ténue légère,  poursuivie par monsieur Hector  en furie avec une ceinture dans la main.

Vite, tonton Adou comprit qu’une bagarre de couple dégénérait  à l’intérieur des murs chez le voisin. Il jeta son tube d’arrosage, fit quelques pas et se précipita au secours de la victime. Tonton Adou  s’interposa entre madame la voisine  et  son  mari.  Tonton Adou tenta de calmer son voisin :

Ecoutez monsieur Hector, je vous en supplie …

*********

Tonton Adou ne termina pas sa phrase,  tentant  de frapper sa femme malgré son intervention, il reçut une première fois la ceinture du voisin  Hector sur son épaule.

Voisin Hector, ne faites pas cela…

Et une deuxième fois, la ceinture siffla de justesse sur la tête de tonton Adou qui  comprit que monsieur Hector était vraiment incontrôlable ce matin.

Cette fois,  bien sur ses gardes, il tenta de calmer le mari en colère.

Monsieur Hector, je vous demande…

Cette fois,  c’est en plein visage que tonton Adou  reçut la ceinture du voisin malgré sa vigilance.

Aux grands maux, les grands remèdes ! jura tonton Adou.

Du coup, retrouvant ses réflexes d’antan, tonton Adou fit un pas en avant. Avec une acrobatie digne d’un film d’action, tonton Adou saisit la ceinture d’une main et par un numéro de classe exceptionnelle, envoya le voisin en furie dans les airs.  Monsieur Hector  plana un moment dans le ciel et comme une tomate retomba sur les plantes en poussant un affreux hurlement.

Les autres voisins alertés par le bruit, se précipitèrent. Par ce tableau de monsieur Hector au prise avec les plantes de  tonton Adou, tous crurent à une bagarre entre les deux voisins.

Et madame  la victime qui criait à fendre l’âme

 Il a tué mon mari. Il a tué mon mari…

Monsieur Hector, vous nous entendez ?

Pendant qu’on tentait de ranimer le sieur Hector en piteux état,  Tonton Adou tentait d’expliquer ce qui s’est passé.  C’est à cet instant qu’une sorte de foudre s’abattit sur tonton Adou par le cou. Il s’effondra et tout s’obscurcit pour lui.

Deux heures plus tard, tonton Adou se réveilla à l’hôpital.  Monsieur Hector,   mal en point, occupait le lit voisin.  Le voisin Hector aux petits  soins  de sa femme lui tenant la main. Celle que tonton Adou a tenté de sauver, il y a quelques heures.

Que m’est-il arrivé ? Demanda tonton Adou à l’infirmière.

Avec une brique, vous avez été assommé par la femme du voisin… pour ce que vous avez fait à son tendre époux.  Vous voyez tout ce pansement  par vos soins. Vous avez eu beaucoup de chance. La brique était creuse et fissurée par le temps. Encore un petit massage et vous rentrerez chez vous dans la soirée.  Quant à votre voisin, il lui faut une semaine pour se remettre de son vol plané et retrouver un visage normal.

Tonton Adou ferma les yeux. Jamais, jamais au grand jamais dans sa vie d’homme,  il n’a compris et ne  comprendra aucune femme. Même pas celle du voisin venue chercher secours.   Un vrai mystère, la femme.

Tenant la main de son homme, la femme du voisin regardait tonton Adou en souriant.

Ousseni Nikiéma, 70-13-25-96

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